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Bulgarie : De nouvelles élections législatives sur fond d’instabilité politique

La Bulgarie retourne aux urnes dimanche pour tenter de sortir du marasme politique. Mais avec la montée de l'extrême droite, l'issue du scrutin est plus incertaine que jamais. Quels sont les enjeux et les scénarios possibles ?

Plongée dans un chaos politique sans précédent, la Bulgarie se rend aux urnes dimanche pour les septièmes élections législatives anticipées depuis 2021. Mais à l’issue de ce nouveau scrutin, rien ne garantit que le pays, le plus pauvre de l’Union européenne, parvienne à sortir de l’impasse et à former un gouvernement stable. Une instabilité chronique dont profite l’extrême droite nationaliste, en nette progression dans les sondages.

L’ancien Premier ministre en position de favori

Comme lors des précédentes élections de juin dernier, c’est l’ancien Premier ministre conservateur Boïko Borissov et son parti Gerb qui font figure de favoris, avec environ 26% des intentions de vote selon les derniers sondages. Après près d’une décennie au pouvoir, ce vétéran de la politique bulgare avait été contraint à la démission il y a trois ans et demi, sous la pression d’une vague de manifestations dénonçant la corruption endémique qui gangrène le pays.

L’élan réformateur retombé

Mais depuis son départ, aucun gouvernement n’a réussi à se maintenir plus de neuf mois, et le souffle du changement qui avait porté une coalition réformatrice semble être retombé. Scrutin après scrutin, la coalition Continuons le Changement / Bulgarie Démocratique (CC/BD) s’érode, ne recueillant plus que 14% des suffrages attendus. Elle se retrouve désormais talonnée par les nationalistes prorusses de Vazrajdane (Renaissance), qui montent en puissance.

Une loi anti-LGBT controversée

Ces derniers ont été très actifs durant la campagne électorale et peuvent se prévaloir auprès de leur électorat de l’adoption cet été par le Parlement, à leur initiative, d’une loi contre la “propagande” LGBT+. Un texte vivement critiqué, qui s’inspire des législations hongroise et russe, et qui interdit aux établissements scolaires d'”encourager” les orientations sexuelles non-traditionnelles et les identités de genre différentes de celles biologiques.

Deux scénarios envisagés

Malgré leur position de favoris, les conservateurs avaient échoué en juin à trouver des alliés pour former un gouvernement de coalition. Parviendront-ils cette fois-ci à convaincre ? Les analystes politiques bulgares envisagent deux scénarios possibles :

  • Un gouvernement d’union nationale rassemblant les conservateurs du Gerb et les réformateurs de CC/BD
  • Une alliance entre les conservateurs et l’ancien magnat des médias Delyan Peevski, visé par des sanctions américaines et britanniques

Des fraudes électorales redoutées

Mais dans un contexte de profonde lassitude des 6,5 millions de Bulgares, appelés sans cesse aux urnes, les sondages prédisent une très forte abstention, faisant craindre des fraudes électorales, en particulier des achats de vote au sein des minorités rom et turque. Lors du dernier scrutin de juin, seulement 34% des électeurs s’étaient déplacés, le taux de participation le plus faible enregistré depuis la chute du communisme en 1989.

Des réformes bloquées et des fonds européens en suspens

Cette instabilité politique à répétition a de lourdes conséquences pour la Bulgarie. Le marasme actuel a mis en suspens des réformes cruciales, notamment celles visant à lutter contre la corruption et à assurer la transition énergétique du pays. Cette situation bloque également le versement de précieux fonds européens, pourtant indispensables pour ce pays qui reste le plus pauvre des 27 membres de l’UE.

Elle a aussi provoqué le report de l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro initialement prévue pour 2024, ainsi que son accession pleine et entière à l’espace de libre circulation Schengen. Des projets phares pour ce pays des Balkans qui se retrouvent pour l’instant compromis, tant qu’aucune stabilité politique et qu’aucun gouvernement de long terme n’émergeront des urnes.

Les Bulgares parviendront-ils cette fois-ci à se doter d’une majorité stable et à sortir de l’ornière ? Réponse dimanche soir, avec des résultats qui s’annoncent plus que jamais incertains au vu du paysage politique éclaté et de la poussée des nationalistes. Une nouvelle impasse n’est pas à exclure et pourrait à nouveau précipiter le pays dans la spirale d’élections anticipées à répétition, avec le spectre d’une ingouvernabilité durable.

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