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Budget du sport en France : Le gouvernement copieusement sifflé

Un amendement de dernière minute ampute 34 millions d'euros au budget du sport, seulement 6 mois après les JO de Paris. Les stars et institutions sportives montent au créneau, craignant que l'héritage olympique...

À peine six mois après la fin des Jeux Olympiques de Paris, le budget du sport fait à nouveau parler de lui, et pas en bien. Un amendement de dernière minute voté par le gouvernement Bayrou a en effet amputé 34 millions d’euros supplémentaires à une enveloppe déjà bien maigre. De quoi faire hurler les stars du sport français comme Teddy Riner ou Léon Marchand, mais aussi les différentes instances sportives qui craignent que le fameux « héritage olympique » promis ne parte en fumée.

Un budget du sport historiquement bas

Le sport n’a eu droit qu’à une trentaine de secondes lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre mardi dernier. Mais ces quelques mots ont suffi à faire l’effet d’une douche froide. Car dans la foulée, c’est un amendement réduisant le budget du sport de 34 millions d’euros qui a été voté, portant la baisse totale à plus de 100 millions par rapport au budget initial.

Un chiffre historiquement bas selon Régis Juanico, ex-député spécialiste des questions sportives. « J’ai refait les calculs, année par année, c’est du jamais vu ! Le sport ne représente plus que 0,13% du budget total », s’est-il alarmé. Des coupes budgétaires d’autant plus inquiétantes que les collectivités locales, premier financeur du sport en France, sont elles aussi soumises à un régime drastique.

Les acteurs du sport vent debout

Sans surprise, cet énième coup de rabot a fait bondir les acteurs du sport français. « Continuerons-nous la gueule de bois post-JO ? Privilégions les efficaces ciseaux à l’aveugle tronçonneuse ! », a tonné Vincent Saulnier, vice-président de l’Association nationale des élus du sport (Andes). Même son de cloche du côté des sénateurs spécialistes du sujet comme Jean-Jacques Lozach (PS), Michel Savin (LR) ou Laurent Lafon (centriste), pour qui « ce genre d’annonce discrédite la parole publique en matière de politique sportive ».

Les fédérations sportives ne sont pas en reste. Football, handball… Toutes ou presque ont fait part de leur incompréhension et de leur colère. « Avec un tel budget des sports pour 2025, il n’y aura ni clubs supplémentaires, ni équipements accessibles, ni renforcement des encadrants sportifs. Nous ne pourrons maintenir l’élan suscité par Paris-2024 », a averti le CNOSF, le comité olympique français.

Les stars montent au créneau

Devant l’ampleur de la fronde, plusieurs grandes figures du sport français ont décidé de monter au créneau. À commencer par le triple champion olympique de judo Teddy Riner. « Ne laissons pas cette flamme s’éteindre, elle est essentielle pour le futur ! », a-t-il exhorté. Son homologue de la natation Léon Marchand, révélation des derniers JO, a lui aussi fait part de son incompréhension, lui qui avait déjà dénoncé quelques jours plus tôt la suppression des deux heures d’EPS supplémentaires au collège.

Même l’ancienne ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a dégainé sur les réseaux sociaux, qualifiant la situation d’« inadmissible ».

Le Sénat se rebiffe, les députés attendus au tournant

Face au tollé général, le Sénat a rejeté l’amendement gouvernemental, préférant piocher 80 millions d’euros dans le très controversé Service National Universel pour abonder le budget du sport. « Le pire a été évité », a réagi Régis Juanico. Mais la bataille n’est pas terminée pour autant. Tous les regards sont désormais tournés vers les députés, qui auront le dernier mot.

L’objectif est de faire voter un amendement permettant de capter une partie des taxes liées aux paris sportifs, soit un peu plus de 100 millions d’euros. Déjà adoptée au Sénat sous le gouvernement Barnier, cette mesure semblait jusqu’ici recueillir un certain consensus politique. Et avec l’explosion des mises enregistrée l’an dernier, elle pourrait permettre de redonner un peu d’air au budget du sport.

Bercy, l’arbitre final

Reste à convaincre Bercy de lâcher du lest. Une mission qui s’annonce compliquée pour la nouvelle ministre des Sports Marie Barsacq, très peu expérimentée dans les arcanes politiques et sans réel soutien au sein de l’exécutif. « Si vous n’avez pas de solides arguments, Bercy vous renvoie dans vos 22 mètres. Cela n’enlève rien à sa bonne volonté », prévenait un spécialiste du sujet.

Car pour Bercy, le sport reste un « nain budgétaire » malgré son statut de « géant médiatique ». Un paradoxe qui pourrait coûter cher à « l’héritage » des Jeux Olympiques de Paris, six mois à peine après leur conclusion en apothéose.

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