Le nouveau gouvernement travailliste du Royaume-Uni, mené par Keir Starmer, s’apprête à dévoiler son premier projet de budget ce mercredi. Un évènement très attendu mais qui s’annonce d’ores et déjà “douloureux”, selon les propres mots du Premier ministre. Entre finances publiques dégradées, croissance économique vacillante et attentes élevées de la population, l’équation s’avère particulièrement complexe pour l’exécutif. Tour d’horizon des principaux défis qui attendent ce budget et des arbitrages délicats à venir.
Des finances publiques dans le rouge
Premier défi de taille pour la ministre des Finances Rachel Reeves : composer avec des finances publiques extrêmement tendues. La dette publique frôle en effet les 100% du produit intérieur brut (PIB), conséquence notamment des aides massives distribuées pendant la pandémie de Covid-19 et de la crise énergétique. Quant au déficit public, il continue de se creuser dangereusement.
Mme Reeves affirme par ailleurs avoir hérité des précédents gouvernements conservateurs un “trou noir” de 22 milliards de livres (environ 26 milliards d’euros) dans les caisses de l’État. Mais selon les estimations relayées par la presse britannique et les économistes, il faudrait en réalité trouver jusqu’à 40 milliards de livres supplémentaires chaque année d’ici à 2030 pour éviter un retour de l’austérité. Un véritable casse-tête budgétaire.
Une croissance économique à la peine
Autre source d’inquiétude pour le gouvernement : le manque de dynamisme de la croissance économique. Après une courte récession l’an dernier, le rebond de l’activité amorcé en début d’année marque déjà le pas. Une tendance préoccupante alors que les travaillistes ont fait de la relance de l’économie une priorité absolue.
Pour se donner les moyens de financer son ambitieux programme de “changement” sur lequel il a été élu, l’exécutif mise beaucoup sur les fruits de la croissance. Mais le ralentissement actuel compromet sérieusement cette stratégie et obligera sans doute à revoir les plans.
Des attentes élevées après les années Boris Johnson
Sur le plan politique aussi, la pression est maximale pour Keir Starmer et son équipe. Après 14 années de pouvoir conservateur marquées par de fortes instabilités et les soubresauts du Brexit, les attentes de la population sont immenses. Tant sur le front des services publics, dont certains sont à bout de souffle, que de l’amélioration du niveau de vie, les Britanniques espèrent un vrai changement de cap.
Problème : avec des marges de manoeuvre aussi réduites, répondre à ces attentes tout en tenant les promesses de campagne relève de la gageure. Le gouvernement a beau marteler qu’il n’y aura pas de retour à l’austérité, nombreux sont ceux qui en doutent et redoutent au contraire de nouvelles coupes budgétaires.
Des choix budgétaires cornéliens
Concrètement, quelles sont les options sur la table ? D’un côté, Rachel Reeves a annoncé qu’elle changerait le mode de calcul de la dette publique afin d’accroître ses marges de manoeuvre pour investir dans l’économie. Ce changement pourrait libérer jusqu’à 50 milliards de livres de financements supplémentaires, notamment pour des grands projets d’infrastructures.
Mais en parallèle, des coupes budgétaires et des hausses d’impôts semblent inévitables pour respecter l’engagement de Mme Reeves à ce que les dépenses courantes soient intégralement couvertes par les recettes. Plusieurs pistes sont évoquées :
- Suppression d’aides fiscales pour les écoles privées
- Augmentation de la taxe sur les bénéfices des géants pétroliers et gaziers
- Alourdissement des charges patronales
- Hausse de la fiscalité sur les plus-values, les successions ou encore les carburants
Des arbitrages difficiles et potentiellement explosifs politiquement. D’autant que certaines mesures, comme la suppression d’un chèque énergie pour de nombreux retraités, ont déjà provoqué la colère des syndicats et des ONG.
Une opposition qui attend le gouvernement au tournant
Malgré ses promesses d’être “le parti des entreprises”, le Labour suscite aussi l’inquiétude des milieux d’affaires qui craignent d’être mis à contribution excessive. La croissance de l’activité du secteur privé a ainsi encore ralenti en octobre, signe de la frilosité des entreprises à l’approche du budget.
Les consommateurs sont découragés à l’approche du budget.
Indice GfK sur le moral des ménages
Quant aux ménages, leur moral est au plus bas. Selon l’indice de référence de l’institut GfK, ils sont même “découragés” par les perspectives budgétaires. De quoi placer le gouvernement Starmer sous haute surveillance, scruté par une opposition qui n’attend qu’un faux pas pour crier au reniement.
Un budget à haut risque, donc, pour le nouveau locataire du 10 Downing Street. Entre impératifs économiques, contraintes budgétaires et pression politique, l’équation est plus que jamais explosive. Rachel Reeves parviendra-t-elle à déjouer les pronostics et à poser les bases d’un redressement durable ? Réponse dans quelques jours, mais une chose est sûre : l’avenir du projet travailliste se jouera en grande partie sur ce premier rendez-vous budgétaire. Un “moment de vérité”, de l’aveu même de Keir Starmer.
Problème : avec des marges de manoeuvre aussi réduites, répondre à ces attentes tout en tenant les promesses de campagne relève de la gageure. Le gouvernement a beau marteler qu’il n’y aura pas de retour à l’austérité, nombreux sont ceux qui en doutent et redoutent au contraire de nouvelles coupes budgétaires.
Des choix budgétaires cornéliens
Concrètement, quelles sont les options sur la table ? D’un côté, Rachel Reeves a annoncé qu’elle changerait le mode de calcul de la dette publique afin d’accroître ses marges de manoeuvre pour investir dans l’économie. Ce changement pourrait libérer jusqu’à 50 milliards de livres de financements supplémentaires, notamment pour des grands projets d’infrastructures.
Mais en parallèle, des coupes budgétaires et des hausses d’impôts semblent inévitables pour respecter l’engagement de Mme Reeves à ce que les dépenses courantes soient intégralement couvertes par les recettes. Plusieurs pistes sont évoquées :
- Suppression d’aides fiscales pour les écoles privées
- Augmentation de la taxe sur les bénéfices des géants pétroliers et gaziers
- Alourdissement des charges patronales
- Hausse de la fiscalité sur les plus-values, les successions ou encore les carburants
Des arbitrages difficiles et potentiellement explosifs politiquement. D’autant que certaines mesures, comme la suppression d’un chèque énergie pour de nombreux retraités, ont déjà provoqué la colère des syndicats et des ONG.
Une opposition qui attend le gouvernement au tournant
Malgré ses promesses d’être “le parti des entreprises”, le Labour suscite aussi l’inquiétude des milieux d’affaires qui craignent d’être mis à contribution excessive. La croissance de l’activité du secteur privé a ainsi encore ralenti en octobre, signe de la frilosité des entreprises à l’approche du budget.
Les consommateurs sont découragés à l’approche du budget.
Indice GfK sur le moral des ménages
Quant aux ménages, leur moral est au plus bas. Selon l’indice de référence de l’institut GfK, ils sont même “découragés” par les perspectives budgétaires. De quoi placer le gouvernement Starmer sous haute surveillance, scruté par une opposition qui n’attend qu’un faux pas pour crier au reniement.
Un budget à haut risque, donc, pour le nouveau locataire du 10 Downing Street. Entre impératifs économiques, contraintes budgétaires et pression politique, l’équation est plus que jamais explosive. Rachel Reeves parviendra-t-elle à déjouer les pronostics et à poser les bases d’un redressement durable ? Réponse dans quelques jours, mais une chose est sûre : l’avenir du projet travailliste se jouera en grande partie sur ce premier rendez-vous budgétaire. Un “moment de vérité”, de l’aveu même de Keir Starmer.