En pleine effervescence à un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, le monde du sport français s’inquiète. La raison ? Une baisse significative des crédits alloués au ministère des Sports dans le projet de budget 2025, une pilule difficile à avaler pour de nombreux acteurs. Parmi eux, deux figures emblématiques du sport tricolore, le judoka Teddy Riner et le nageur Léon Marchand, qui n’ont pas mâché leurs mots pour exprimer leur désarroi face à cette décision.
Un budget en berne, des sportifs en colère
Déjà amputé de plus de 100 millions d’euros hors crédits exceptionnels liés aux JO, le budget du ministère des Sports devrait subir une cure d’amaigrissement supplémentaire selon un amendement gouvernemental. Une perspective qui a fait bondir le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), dénonçant « un budget qui devient marginal » et des coupes budgétaires « aggrav[ant] la situation ».
Un sentiment partagé par la Fédération Française de Football (FFF), qui parle d’une « diminution des crédits de la mission sport » atteignant « près de 400 millions » au total. Des chiffres alarmants qui ont poussé Teddy Riner à s’exprimer sur les réseaux sociaux :
Ne laissons pas cette flamme s’éteindre, elle est essentielle pour le futur !
Teddy Riner, quintuple champion olympique de judo
De son côté, le multiple médaillé olympique Léon Marchand a accueilli la nouvelle avec ironie, postant une émoticône applaudissant la décision sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Le Sénat se rebiffe, le gouvernement temporise
Face au tollé suscité par cet amendement de dernière minute, les sénateurs ont massivement rejeté la disposition, même au sein de la majorité de droite pourtant attachée à la rigueur budgétaire. Pour le rapporteur général LR Jean-François Husson, « le sport ne doit pas être le grand sacrifié des causes budgétaires et comptables ».
Présente au Sénat, la ministre des Sports Marie Barsacq a eu du mal à justifier cette proposition, reconnaissant son impact sur « l’équation » budgétaire de l’après-JO. Tout en attribuant ces coupes au « coût de la censure », elle a assuré qu’elle se « battrait pour que l’héritage [des Jeux] ne soit pas sacrifié ».
Un héritage olympique en péril ?
Au-delà de l’enjeu financier immédiat, c’est bien la question de la pérennisation des investissements consentis pour les JO 2024 qui cristallise les inquiétudes. Pour le CNOSF, diminuer les moyens du sport au lendemain des Jeux « fragilise[rait] notre capacité à relever ces défis » sur le long terme.
Si le comité olympique se dit « conscient de la situation budgétaire du pays », il n’en appelle pas moins à réinvestir dans le sport les recettes issues de la taxe sur les paris sportifs. Une piste soutenue par le Sénat mais qui devra encore être arbitrée par le nouveau gouvernement.
Le sport, un enjeu sociétal majeur
Au-delà des enjeux purement sportifs, la FFF insiste sur le « rôle éducatif et social indispensable » que joue le sport dans une société traversée par de nombreuses « tensions ». Un constat que partagent de nombreux acteurs, appelant à un soutien renforcé des pouvoirs publics.
Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du sport français, alors que se profile l’échéance olympique. Entre impératifs budgétaires et ambitions sportives, le gouvernement devra trouver le bon équilibre pour ne pas hypothéquer les chances de médailles tricolores à domicile en 2024, ni compromettre le développement du sport pour tous au quotidien. Un défi de taille qui promet encore de nombreux débats.