Alors que le gouvernement est toujours en attente d’un nouveau Premier ministre depuis la démission de Gabriel Attal il y a plus d’un mois, ce dernier a pris une décision budgétaire majeure qui ne manque pas de soulever des interrogations. En effet, dans un contexte de finances publiques tendues, Gabriel Attal a choisi de reconduire à l’identique les crédits de l’État pour 2025, à hauteur de 492 milliards d’euros.
Un budget en pilotage automatique ?
Cette proposition, qualifiée de « budget réversible » par Matignon, vise à permettre au prochain gouvernement de préparer le projet de loi de finances 2025 dans les temps impartis, tout en lui laissant la possibilité de faire ses propres choix. Néanmoins, ce statu quo budgétaire inquiète certains observateurs :
On a l’impression d’un budget en pilotage automatique, sans ambition ni volonté de redresser les comptes publics. C’est une occasion manquée de réaliser des économies structurelles.
– Un expert en finances publiques
Des économies nécessaires pour respecter les engagements européens
Pour rappel, la France fait partie des sept pays européens visés par une procédure pour déficit excessif. Elle doit présenter d’ici le 20 septembre son plan de retour à l’équilibre budgétaire à moyen terme. Or, avec un déficit public attendu à 4,1% du PIB en 2025, l’Hexagone est encore loin du seuil des 3% exigé par Bruxelles.
Certes, Gabriel Attal assure que sa proposition s’inscrit « dans une trajectoire qui permet de respecter les 3% en 2027 ». Mais sans effort supplémentaire, cet objectif apparaît difficilement atteignable. Selon Matignon, des économies seront réalisées sur certains ministères comme celui du Travail, mais elles resteront limitées.
Bruno Le Maire prônait des baisses « significatives »
Cette approche prudente tranche avec les annonces faites fin juillet par Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie avait alors évoqué des baisses de crédits « significatives » de 5 milliards d’euros afin d’assurer le redressement des finances publiques. Une option écartée par Matignon.
Pourtant, avec une dette publique qui frôle les 3 000 milliards d’euros et des déficits chroniques depuis plus de 40 ans, la France ne peut plus se permettre d’attendre pour assainir ses comptes. D’autant que la remontée des taux d’intérêt alourdit considérablement la charge de la dette.
Un budget 2025 sous haute tension politique
Au-delà des enjeux financiers, l’élaboration du budget 2025 s’annonce particulièrement délicate sur le plan politique. Privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le gouvernement devra composer avec des oppositions remontées et peu enclines aux concessions.
Le projet de loi de finances devra être déposé au Parlement au plus tard le 1er octobre. D’ici là, Emmanuel Macron, qui reçoit les chefs de partis à partir de vendredi, va devoir clarifier sa ligne et nommer un nouveau Premier ministre capable de négocier des compromis.
En reconduisant le budget à l’identique, Gabriel Attal a choisi la voie de la facilité à court terme. Mais ce choix risque de compliquer la tâche de son successeur et de retarder un peu plus le nécessaire redressement des finances publiques françaises. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir budgétaire du pays.