Alors que le débat sur le projet de loi de finances 2025 s’intensifie à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie Antoine Armand a défendu la politique budgétaire du gouvernement sur le plateau de TF1. Selon lui, si la France doit faire des efforts pour réduire son déficit et sa dette, le budget proposé n’est pas pour autant synonyme d’austérité.
Un Budget de “Responsabilité” mais pas d’Austérité
Face aux critiques de l’opposition qui dénonce un budget d’austérité, le ministre a tenu à clarifier la position de l’exécutif. Pour lui, le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, n’est “pas du tout inévitable”. Il en appelle à la responsabilité des parlementaires :
On l’a vu en commission des finances, ces derniers jours, les parlementaires dans notre pays ont le pouvoir. Le pouvoir de faire des propositions, de changer le budget, de taxer davantage ou de taxer moins. Mais ils ont aussi une responsabilité, celle de faire adopter un budget.
Tout en reconnaissant que la France “doit faire des efforts” au vu de son niveau de dette et de déficit, Antoine Armand rejette fermement l’étiquette de budget d’austérité :
L’austérité, c’est comme en Lettonie, de baisser les salaires des fonctionnaires de 25%. Ce que l’on fait, c’est le contraire. Ce qu’on fait, c’est un budget pour éviter l’austérité, éviter qu’un jour nos partenaires européens et les marchés nous disent ‘là, ce n’est plus possible, il faut couper’.
Des Choix Budgétaires Assumés
Le ministre a détaillé certains des principaux choix budgétaires du gouvernement pour 2025 :
- Pas de hausse d’impôts pour les Français qui travaillent, avec une indexation du barème de l’impôt sur le revenu.
- Pas de nouvelles taxes pour les TPE et PME qui embauchent.
- Nécessité de travailler et produire davantage en France pour redresser les comptes.
Il a par ailleurs écarté l’idée de céder des participations de l’État dans des entreprises cotées en bourse comme moyen de réduire le déficit, estimant que cela ne constituait pas une solution pérenne. Une réflexion sur la gestion stratégique du patrimoine de l’État reste cependant à l’ordre du jour.
Des Débats Tendus en Perspective
Malgré les arguments avancés par le ministre, le projet de budget 2025 s’annonce particulièrement disputé au Parlement. L’opposition de gauche comme de droite multiplie les critiques, dénonçant tour à tour un budget pas assez ambitieux sur le plan social ou trop timide en matière de réduction des dépenses publiques.
Parmi les points de crispation figurent notamment :
- La question de la taxation des hauts revenus et des grandes fortunes.
- Le financement de la transition énergétique.
- La réforme des retraites et son impact budgétaire.
- La maîtrise des dépenses de santé et des prestations sociales.
Autant de sujets explosifs sur lesquels l’exécutif devra batailler pour tenter de bâtir des compromis, sous peine de voir son budget rejeté et d’être contraint à un passage en force via le 49.3. Un scénario que le gouvernement espère encore éviter, mais qui semble de plus en plus probable au vu des positions tranchées des différents groupes parlementaires.
Le Spectre du “Mur de la Dette”
En toile de fond des débats, la situation préoccupante des finances publiques françaises avec une dette qui frôle les 3000 milliards d’euros et un déficit qui dépasse les 6% du PIB. Des chiffres vertigineux qui font craindre à certains économistes un “mur de la dette” et une perte de crédibilité de la France sur les marchés financiers.
Face à ces inquiétudes, le gouvernement se veut rassurant. Il mise sur une politique de sérieux budgétaire, combinant maîtrise des dépenses et réformes structurelles, pour restaurer progressivement la soutenabilité des finances publiques. Une ligne de crête étroite et périlleuse, qui implique de trouver le bon équilibre entre rigueur et maintien de la cohésion sociale.
C’est tout l’enjeu des semaines à venir pour l’exécutif : convaincre qu’il est possible de redresser les comptes sans sacrifier le modèle social français. Une équation complexe, sur fond de ralentissement économique et de tensions internationales, qui promet des joutes politiques acharnées dans l’hémicycle. L’issue de ce bras de fer budgétaire est encore incertaine, mais elle sera déterminante pour l’avenir du pays et la marge de manœuvre du gouvernement pour le reste du quinquennat.