En terrain conquis, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a livré un discours offensif et ambitieux devant les Jeunes Républicains lundi soir. Invité sur une péniche au cœur de Paris, celui qui apparaît comme l’un des hommes forts de la droite a voulu galvaniser la nouvelle génération militante, esquissant au passage ses propres ambitions présidentielles.
Un parti en reconstruction
Soulignant le chemin parcouru par sa famille politique ces derniers mois, Bruno Retailleau a martelé : « En politique, rien n’est jamais écrit. Il n’y a pas de fatalité. » Celui qui était cantonné il y a peu aux travées du Sénat se réjouit désormais d’occuper Beauvau et de « faire l’actualité » au sein de la majorité. Une situation inédite rendue possible selon lui par l’entrée de la droite au gouvernement.
Deux lignes au sein des Républicains
Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité chez LR. Certains, à l’image de Laurent Wauquiez, craignent qu’une alliance trop poussée avec le camp présidentiel n’obère l’avenir du parti. Bruno Retailleau balaye ces réserves, convaincu que seule l’action permettra à la droite de « redevenir crédible ». Il assume le choix d’avoir rejoint le gouvernement Bayrou malgré l’opposition farouche à Emmanuel Macron.
Quand on est gaulliste, on ne fuit pas ses responsabilités, on les prend. On ne se planque pas quand la France est au bord du gouffre.
Bruno Retailleau
Une méthode Retailleau
Depuis son arrivée Place Beauvau, Bruno Retailleau met en avant sa méthode singulière, bousculant selon lui « le microcosme politico-médiatique parisien ». Revendiquant de « parler vrai » et d’« agir vite », le ministre de l’Intérieur assure s’appuyer sur « la majorité nationale » chère au Général de Gaulle, plutôt que sur une improbable majorité parlementaire.
La réforme des retraites en question
Conscient que son bilan ministériel conditionnera en partie son avenir politique, Bruno Retailleau a cependant mis en garde sur la réforme des retraites, alors que la gauche réclame sa suspension. « Si on veut sauver le régime par répartition, il faut travailler plus », a-t-il martelé, attendant de la déclaration de politique générale de François Bayrou qu’elle remette les choses en perspective.
Immigration et sécurité, marqueurs de droite
Sur ses dossiers régaliens, Bruno Retailleau veut incarner une droite décomplexée. Revendiquant d’avoir obtenu des « garanties » sur l’immigration, l’islamisme et le narcotrafic en entrant au gouvernement, il promet de ne jamais trahir ses convictions. Une manière de se démarquer de ses rivaux potentiels pour 2027 comme Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, jugés trop centristes.
Bientôt la présidence des Républicains ?
Surfant sur sa popularité grandissante, le ministre de l’Intérieur pourrait bien briguer dans un avenir proche la présidence des Républicains, vacante depuis le départ d’Éric Ciotti. Une étape indispensable pour s’imposer comme le chef de la droite et principal opposant à Emmanuel Macron. Mais gare au retour de Laurent Wauquiez, bien décidé lui aussi à reprendre le parti. La bataille pour 2027 ne fait que commencer.
En attendant, Bruno Retailleau peut savourer son succès auprès des jeunes militants LR. « Vous n’êtes pas des tièdes et j’aime cela. Les clefs pour demain, ce n’est pas la tiédeur mais au contraire, la ferveur », a-t-il conclu sous les vivats. Avant de leur lancer, tel un présidentiable en campagne : « à bientôt… pour d’autres combats ! »
