Alors que la France vient d’être épinglée par Bruxelles pour déficit excessif, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a réaffirmé sa volonté de ramener les comptes publics dans les clous. Lors d’une réunion des ministres des Finances européens au Luxembourg ce vendredi, il s’est engagé à faire passer le déficit budgétaire sous la barre des 3% du PIB d’ici 2027, à condition que la majorité présidentielle l’emporte aux élections législatives.
La Commission européenne a en effet ouvert mercredi une procédure pour déficit public excessif contre sept pays de l’UE dont la France, dont le déficit a atteint 5,5% du PIB en 2022, bien au-delà de la limite autorisée. Paris devra donc prendre des mesures correctrices dans les prochaines années pour se conformer aux règles budgétaires européennes et éviter d’éventuelles sanctions financières.
Des dépenses exceptionnelles liées aux crises
Pour justifier ce dérapage, Bruno Le Maire a mis en avant les dépenses exceptionnelles consenties ces dernières années pour faire face à la crise sanitaire puis à la flambée de l’inflation dans le sillage de la guerre en Ukraine. Selon lui, ces efforts ont permis à la France d’être le premier pays de la zone euro à retrouver son niveau d’activité d’avant-Covid.
Évidemment, il a fallu payer le prix pour ça, c’est ce qui explique cette procédure pour déficit excessif. Maintenant nous sommes à un moment où il faut rétablir les comptes publics pour retrouver des marges de manœuvre.
Bruno Le Maire
L’opposition accusée d’affoler les marchés
Si le locataire de Bercy se veut rassurant sur la capacité du gouvernement à redresser la barre, il a en revanche vivement critiqué les programmes économiques des oppositions de gauche comme de droite. Selon lui, leurs promesses de dépenses publiques très importantes expliquent la réaction négative des marchés financiers ces derniers jours et la hausse des taux d’intérêt sur la dette française.
Bruno Le Maire a ainsi qualifié ces programmes d’insensés et irresponsables, y voyant une menace pour le redressement des finances publiques du pays. Il a appelé les électeurs à donner une majorité claire à Emmanuel Macron lors des législatives des 12 et 19 juin pour permettre la mise en œuvre du programme présidentiel.
Un objectif ambitieux mais nécessaire
Ramener le déficit sous les 3% en cinq ans représenterait un effort considérable pour les finances publiques françaises, après une décennie de dérapages quasi-continus. La France n’est repassée qu’une fois sous ce seuil depuis 2008, en 2017, avant de replonger avec la crise des Gilets jaunes puis la pandémie de Covid-19.
- Un déficit public de 9,1% du PIB en 2020 (crise Covid)
- Un déficit de 6,4% en 2021 (crise Covid)
- Un déficit estimé à 5,5% en 2022 (crise inflationniste)
Bruno Le Maire considère néanmoins que ce retour à l’équilibre est indispensable pour redonner des marges de manœuvre budgétaires à la France et préparer l’avenir. Cela passera par des réformes structurelles comme celle des retraites, mais aussi par une maîtrise stricte des dépenses publiques dans un contexte économique et géopolitique incertain.
Réduire le déficit à moins de 3% d’ici 2027 s’annonce comme un défi majeur pour le prochain gouvernement, qui devra trouver le bon équilibre entre rigueur budgétaire et soutien à la croissance et au pouvoir d’achat. Cet objectif sera scruté de près par Bruxelles comme par les marchés financiers, qui en ont fait un enjeu central pour la crédibilité économique de la France.