La dégradation de la note de la dette française par l’agence de notation américaine Standard & Poor’s samedi dernier provoque des remous au sein de la classe politique hexagonale. À quelques jours du scrutin européen, ce revers pour les finances publiques a donné lieu à une passe d’armes musclée entre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et la présidente du groupe RN à l’Assemblée Marine Le Pen.
Samedi matin sur BFM TV, Bruno Le Maire a défendu bec et ongles la politique du “quoi qu’il en coûte” mise en place pendant la crise sanitaire, affirmant avoir “sauvé l’économie française” grâce à ce dispositif. Une déclaration qui a fait bondir Marine Le Pen. “Vous ne l’avez pas sauvée, vous l’avez ruinée“, a-t-elle rétorqué sur le réseau social X (ex-Twitter) dans l’après-midi.
Accusations croisées entre le gouvernement et l’opposition
La réplique de Bruno Le Maire n’a pas tardé : “Vous, vous l’auriez vendue à la Russie“, a-t-il lancé une heure plus tard, faisant référence aux accusations récurrentes de proximité entre le Rassemblement National et Moscou. Un tacle auquel Marine Le Pen n’a pas encore répondu, se contentant de rappeler une déclaration du ministre datant de 2017 :
Depuis 30 ans, la France est droguée à la dépense publique.
– Bruno Le Maire sur TF1 en juin 2017
La députée du Pas-de-Calais a ironisé : “Dixit le ministre qui a fait 900 milliards d’euros de dette en sept ans, autant que le total de la dette de la France en l’an 2000. Mieux vaut être sourd que d’entendre ça.“
Une opposition vent debout contre le gouvernement
De La France Insoumise aux Républicains en passant par le RN, les critiques sur la gestion budgétaire de l’exécutif fusent à l’approche des élections européennes du 9 juin. Ce lundi, le gouvernement devra affronter deux motions de censure déposées par les groupes RN et LFI à l’Assemblée.
Privée de majorité absolue au Parlement depuis les législatives de 2022, la macronie va devoir redoubler d’efforts pour trouver des compromis avec les oppositions sur les dossiers budgétaires et financiers. Un défi de taille souligné par les agences de notation.
Des répercussions sur les prochains débats budgétaires ?
- La dégradation de la note pourrait compliquer la tâche du gouvernement lors de l’examen des prochains textes financiers à l’automne.
- Les Républicains, qui détiennent la clé de la majorité, se montreront sans doute plus exigeants et intransigeants sur le rétablissement des comptes publics.
- À gauche, LFI et les écologistes réclameront probablement des contreparties sociales et environnementales en échange de leur soutien.
Alors que le premier quinquennat d’Emmanuel Macron avait été marqué par des réformes libérales controversées comme la flat tax ou la suppression de l’ISF, son second mandat s’annonce beaucoup plus contraint sur le plan budgétaire. La passe d’armes entre Bruno Le Maire et Marine Le Pen ce week-end n’est sans doute qu’un avant-goût des joutes politiques à venir autour des finances publiques et de la dette.