Brigitte Bardot : Proximité Troublante Avec Extrême Droite

Une icône s’est éteinte. Brigitte Bardot, symbole éternel de la beauté et de la liberté à la française, nous a quittés à l’âge de 91 ans. Au-delà de ses rôles inoubliables au cinéma, son parcours post-star a souvent été marqué par des prises de position politiques qui ont suscité de vives controverses.

Son engagement le plus passionné restait la défense des animaux, mais il s’est parfois entremêlé avec des idées portées par l’extrême droite. Comment cette femme, qui incarna la Marianne républicaine, en est-elle venue à voir en Marine Le Pen une figure salvatrice ?

Une Vie Marquée Par Des Choix Politiques Audacieux

Dès les années 1990, Brigitte Bardot s’est retrouvée au cœur de débats enflammés. Une simple réponse à un questionnaire d’un journal aux orientations très marquées a suffi pour qu’on lui colle une étiquette qu’elle n’a ensuite jamais vraiment pu décoller.

Dans ses écrits ultérieurs, elle expliquait ne pas avoir mesuré les implications de cette participation. Elle assurait n’avoir jamais milité en politique et ignorer alors ce que représentait réellement l’extrême droite.

L’Étiquette Indélébile

Pourtant, cette image de sympathisante du Front national l’a poursuivie pendant des décennies. Elle se défendait vigoureusement, affirmant que ses interventions publiques découlaient uniquement de son combat pour les animaux.

Malgré ces dénégations, plusieurs condamnations judiciaires pour incitation à la haine raciale sont venues ternir son image. Des propos tenus contre certaines communautés, notamment musulmanes, ont valu à l’ancienne actrice des sanctions répétées.

Elle maintenait fermement ne nourrir aucune haine raciale et ne jamais avoir appelé quiconque au racisme. Ces affaires judiciaires ont cependant alimenté un débat permanent sur la frontière entre liberté d’expression et discours haineux.

Une Vision Conservatrice Et Patriotique

Brigitte Bardot se définissait elle-même comme conservatrice et profondément patriote. Elle considérait que seule la droite pouvait sauver la France d’un déclin qu’elle jugeait inéluctable.

Dans ses ouvrages récents, elle n’hésitait pas à exprimer cette conviction avec force. Pour elle, le pays traversait une agonie qui nécessitait des mesures radicales et urgentes.

Cette posture l’a naturellement rapprochée de figures politiques rejetant le multiculturalisme et prônant un retour aux valeurs traditionnelles françaises.

Je n’ai jamais demandé à personne d’être raciste et je ne pense pas nourrir de haine raciale.

Cette citation résume sa ligne de défense face aux accusations récurrentes. Elle insistait sur le fait que ses critiques visaient des pratiques spécifiques, jamais des personnes en raison de leur origine.

Rencontre Avec Jean-Marie Le Pen

Un tournant décisif dans son parcours politique fut sa rencontre avec Jean-Marie Le Pen. Dans ses mémoires, elle le décrivait comme un homme charmant, intelligent et révolté, à l’image de ses propres indignations.

Elle reconnaissait partager certaines de ses analyses, particulièrement sur ce qu’elle qualifiait de poussée terrifiante de l’immigration. C’est d’ailleurs chez le fondateur du Front national qu’elle rencontra Bernard d’Ormale, qui devint son quatrième époux.

Cette proximité personnelle a renforcé les liens entre l’actrice et le parti d’extrême droite. Elle n’a jamais caché avoir trouvé chez lui une écoute qu’elle recherchait pour ses combats.

Soutien Affiché À Marine Le Pen

L’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti a marqué un nouveau chapitre. Brigitte Bardot y voyait une femme admirable, capable de reprendre la France en main.

Elle la qualifiait même de Jeanne d’Arc du XXIe siècle, soulignant sa détermination à remettre des frontières et à redonner priorité aux Français. Ce parallèle historique en disait long sur l’admiration qu’elle lui portait.

À plusieurs reprises, elle a publiquement appelé à soutenir sa candidature. En 2012, elle invitait les maires à lui accorder leurs parrainages. En 2017, son appui restait intact.

Elle se disait opposée au vivre-ensemble tel qu’il était promu et voyait en Marine Le Pen la seule capable d’imposer un changement radical.

La Cause Animale Au Cœur De Tout

Malgré ces engagements politiques marqués, Brigitte Bardot insistait toujours sur un point : ses choix étaient avant tout dictés par la protection animale. Elle jugeait les responsables politiques à cette unique aune.

Lorsque le Front national, puis le Rassemblement national, intégraient des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale, elle saluait ces avancées. Cela expliquait, selon elle, son rapprochement.

Elle affirmait être prête à soutenir n’importe quel parti, quelle que soit son orientation, s’il reprenait les idées de sa fondation. Elle avait même sollicité d’autres figures politiques de sensibilités différentes.

Cette explication revenait constamment dans ses interventions. Pour elle, la cause animale transcendait les clivages traditionnels gauche-droite.

Une Sémantique Particulière

Cependant, les observateurs notaient que son discours empruntait souvent un vocabulaire proche de celui de l’extrême droite. Ses critiques de l’immigration ou du multiculturalisme résonnaient avec les thèmes récurrents du parti.

La France compte parmi les pays européens avec le plus d’animaux de compagnie, rendant la question électoralement sensible. De nombreux programmes intégraient désormais des mesures en ce sens.

Mais le langage employé par Brigitte Bardot semblait trouver un écho particulier dans les propositions du Rassemblement national.

Réactions Du Rassemblement National

À l’annonce de son décès, les hommages n’ont pas tardé du côté du parti. Marine Le Pen exprimait un chagrin immense, tandis que Jordan Bardella saluait une ardente patriote.

Ces réactions montrent à quel point Brigitte Bardot comptait comme figure de référence. Le parti, souvent boudé par le milieu artistique, trouvait en elle une légitimité symbolique précieuse.

Marine Le Pen avait déjà mobilisé son image par le passé, notamment lors des débats sur le port du burkini. L’allusion aux plages françaises associées à Bardot servait une vision identitaire du pays.

Relations Contrastées Avec Les Présidents

Brigitte Bardot n’épargnait pas non plus les autres responsables politiques. Reçue plusieurs fois à l’Élysée, elle entretenait des relations variables avec les chefs d’État.

Certains souvenirs étaient amusants, comme cette anecdote avec Charles de Gaulle la voyant arriver en tenue militaire. D’autres beaucoup plus critiques.

Elle pouvait se montrer extrêmement dure, qualifiant certains de menteurs ou déplorant leur manque d’engagement pour les animaux. Emmanuel Macron en faisait les frais dans une lettre ouverte virulente.

François Mitterrand récoltait ses foudres les plus vives, accusé d’avoir initié tous les maux actuels. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy n’étaient pas mieux lotis.

Ces jugements tranchés illustraient sa liberté de ton. Rien ni personne ne trouvait grâce à ses yeux si la cause animale n’était pas défendue avec vigueur.

Un Héritage Complexe

Au final, Brigitte Bardot laisse derrière elle un héritage à plusieurs facettes. Icône du cinéma, pionnière de la libération féminine, militante acharnée pour les animaux.

Mais aussi une figure dont les positions politiques ont divisé. Son rapprochement avec l’extrême droite, même expliqué par sa passion unique, reste un sujet sensible.

Son parcours rappelle combien les engagements personnels peuvent parfois mener sur des terrains inattendus. Elle aura marqué son époque bien au-delà des écrans.

Son départ laisse un vide immense pour ceux qui partageaient ses combats. Il invite aussi à une réflexion sur la manière dont on juge les figures publiques au prisme de leurs convictions les plus profondes.

Brigitte Bardot restera à jamais cette femme libre, passionnée et controversée qui n’a jamais hésité à dire ce qu’elle pensait, quitte à choquer ou diviser.

Son influence sur le débat public, particulièrement autour de la condition animale, perdurera sans doute encore longtemps. Comme son image de rebelle élégante et déterminée.