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Brigitte Bardot : Icône Rebelle et Combattante Inébranlable

De star planétaire incarnant la liberté absolue à militante acharnée pour les animaux, Brigitte Bardot a vécu une existence hors normes. Mais comment cette icône des années 60 en est-elle venue à embrasser des positions qui divisent tant ? Son parcours réserve bien des surprises...

Imaginez une jeune femme qui, par sa seule présence à l’écran, fait vaciller les conventions d’une société encore engoncée dans ses tabous. Une silhouette élancée, des cheveux blonds en cascade, un regard défiant les normes. Cette femme, c’est Brigitte Bardot, figure éternelle de la libération des mœurs dans les années 1960, avant de choisir une tout autre voie, celle d’un engagement radical pour les animaux.

Une Vie en Deux Actes Mémorables

Plus qu’une simple actrice, elle est devenue une icône mondiale, synonyme d’une féminité affranchie et décomplexée. Son influence a dépassé le cinéma pour imprégner la mode, les destinations touristiques et même les mentalités. Pourtant, à partir des années 1970, elle a tourné le dos à la gloire pour embrasser une cause qui lui tient à cœur depuis toujours : la protection animale.

À 90 ans, en 2024, elle confiait encore sa fierté pour cette première partie de vie éclatante qui lui offre aujourd’hui une visibilité précieuse pour ses combats. Une existence marquée par la rupture, la passion et, parfois, la controverse.

Des Origines Bourgeoises à la Rébellion Précoce

Née le 28 septembre 1934 dans une famille aisée parisienne, la jeune Brigitte grandit dans un environnement strict. Très tôt, elle se distingue par son goût pour la danse classique. Formée rigoureusement, elle rêve d’une carrière de ballerine avant que le mannequinat ne l’attire.

Dès 18 ans, elle pose pour des magazines et attire l’attention du milieu cinématographique. Rapidement, on ne l’appelle plus que par ses initiales : B.B. Un signe avant-coureur de la légende qui s’annonce.

Cette rupture avec les codes bourgeois de son éducation annonce déjà la femme libre qu’elle deviendra. Refusant les contraintes, elle impose peu à peu sa personnalité forte et indépendante.

L’Explosion avec « Et Dieu… créa la femme »

En 1956, à seulement 22 ans, elle tourne sous la direction de Roger Vadim, son premier mari. Le film, conçu expressément pour elle, s’intitule Et Dieu… créa la femme. La scène culte la montre pieds nus, cheveux au vent, dansant un mambo enflammé sur une table, sa jupe s’ouvrant généreusement.

En France, le film choque et divise. Mais aux États-Unis, il rencontre un succès phénoménal. Brigitte Bardot devient instantanément une star internationale. Un mythe naît, celui de la femme sensuelle et insoumise.

Les jeunes filles du monde entier veulent lui ressembler. Elle incarne une nouvelle forme de féminité : naturelle, spontanée, loin des artifices traditionnels.

Elle va pieds nus, elle tourne le dos aux toilettes élégantes, aux bijoux, aux parfums, au maquillage, à tous ses artifices. (…) Elle fait ce qui lui plaît et c’est cela qui est troublant.

Ces mots, écrits par une figure emblématique du féminisme, soulignent à quel point Bardot fascine même les intellectuelles de l’époque.

Un Style Qui Révolutionne la Mode

Au-delà du cinéma, Brigitte Bardot impose un look inimitable. Ballerines Repetto, imprimés vichy, marinières, coiffure décoiffée : tout devient tendance. Elle popularise une élégance décontractée, presque rebelle.

Ses choix vestimentaires traduisent sa philosophie : une femme n’a besoin de personne pour exister pleinement. Cette image de liberté séduit et inspire des générations.

Elle contribue également à transformer Saint-Tropez, modeste village de pêcheurs, en destination incontournable de la jet-set. Sa propriété, La Madrague, devient un symbole de ce glamour méditerranéen.

Même au Brésil, la plage de Búzios porte encore son empreinte, tant elle y a séjourné et attiré l’attention mondiale.

La Gloire et Ses Excès

La célébrité apporte son lot de contraintes. Poursuivie sans relâche par les paparazzis, elle perd toute intimité. Même l’accouchement de son fils unique, Nicolas, en 1960, se déroule sous l’œil des photographes.

Des reporters se déguisent en médecins, d’autres escaladent les fenêtres. Ce traumatisme marque profondément sa relation avec son enfant, élevé principalement par son père, l’acteur Jacques Charrier.

Les années passent, rythmées par quatre mariages : Roger Vadim, Jacques Charrier, le richissime Gunter Sachs, puis Bernard d’Ormale, son compagnon de longue date.

Des liaisons passionnées jalonnent aussi son parcours, notamment avec Serge Gainsbourg. De leur histoire naît l’un des morceaux les plus osés de la chanson française : Je t’aime… moi non plus.

Apogée Artistique avec Godard

En 1963, elle tourne Le Mépris sous la direction de Jean-Luc Godard. Sur l’île de Capri, face à Michel Piccoli, elle prononce des répliques restées cultes, tout en incarnant une sensualité naturelle et détachée.

Le film consacre son statut d’icône du cinéma d’auteur tout en renforçant son image de femme qui assume pleinement son corps et ses désirs.

Roger Vadim la décrivait comme une fille de son temps, débarrassée de toute culpabilité, affranchie des tabous sociaux. Cette définition colle parfaitement à l’esprit qu’elle dégage à l’écran comme dans la vie.

Le Choix Radical de l’Abandon

En 1973, à 39 ans, elle décide brutalement d’arrêter le cinéma. La gloire, qu’elle qualifie de « formidable et invivable », l’a épuisée. Elle aspire à une existence plus calme, loin des projecteurs.

Elle se retire dans le sud de la France, entre La Madrague à Saint-Tropez et une autre propriété plus discrète, La Garrigue. Là, elle peut enfin se consacrer à sa passion de toujours : les animaux.

Cette deuxième vie se déroule à l’abri des regards. Elle recueille des bêtes en détresse, gère ses refuges et structure son engagement.

Un Engagement Total pour les Animaux

En 1986, elle crée sa fondation dédiée à la protection animale. Grâce à sa notoriété mondiale, elle parvient à sensibiliser l’opinion publique sur de nombreuses causes.

Parmi ses combats emblématiques figurent la défense des bébés phoques, la lutte contre l’abattage rituel sans étourdissement, la fermeture des abattoirs équins ou encore la protection des éléphants d’Afrique.

Ses actions, souvent médiatisées, permettent de faire avancer certaines législations et de changer les mentalités. Elle utilise pleinement le capital-sympathie acquis durant sa carrière d’actrice.

Principaux combats de la Fondation Brigitte Bardot :

  • Interdiction de la chasse aux bébés phoques
  • Opposition à l’abattage rituel
  • Fermeture des élevages et abattoirs de chevaux destinés à la consommation
  • Protection des espèces menacées en Afrique
  • Sauvetage et soins aux animaux abandonnés ou maltraités

Ces initiatives illustrent une détermination sans faille. Pour elle, cette cause représente une forme de rédemption et de sens après les excès de la célébrité.

Les Controverses Politiques

Avec l’âge, Brigitte Bardot exprime ouvertement des opinions tranchées sur la société. Elle se rapproche de thèses défendues par l’extrême droite et soutient publiquement Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2012.

Elle n’hésite pas à qualifier la dirigeante politique de « Jeanne d’Arc du XXIe siècle ». Ces prises de position choquent une partie de l’opinion publique.

Certaines déclarations sur l’immigration, l’islam ou l’homosexualité lui valent plusieurs condamnations judiciaires pour incitation à la haine raciale. Ces affaires judiciaires ternissent durablement l’image de l’ancienne icône progressiste.

Pour beaucoup, ce virage idéologique contraste violemment avec la figure libertaire des années 1960. Il divise ceux qui l’admirent encore et ceux qui la réprouvent.

Un Héritage Complexe et Fascinant

Au crépuscule de sa vie, Brigitte Bardot reste une personnalité clivante. D’un côté, l’image éternelle de la femme libre, sensuelle, qui a participé à l’émancipation sexuelle d’une époque.

De l’autre, une militante acharnée pour les animaux, prête à tout pour défendre les plus faibles, mais aussi une voix controversée sur les questions sociétales.

Son parcours illustre la complexité humaine : une femme qui a toujours suivi ses convictions, quitte à choquer ou à décevoir. Elle incarne à la fois la révolution des mœurs des Trente Glorieuses et les fractures idéologiques contemporaines.

Aujourd’hui retirée, elle continue discrètement ses combats depuis ses refuges du sud de la France. Son nom demeure synonyme de liberté, de passion et d’engagement sans compromis.

Brigitte Bardot a marqué l’histoire culturelle du XXe siècle de manière indélébile. Son histoire nous rappelle que les icônes, elles aussi, évoluent, se contredisent parfois, mais restent fidèles à leur vérité intérieure.

Une vie d’exception, entre éclats et ombres, qui continue de fasciner et d’interroger les générations suivantes.

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