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Breyten Breytenbach, une vie de rébellion pour la liberté

Un poète rebelle s'en est allé. Breyten Breytenbach, figure de la lutte anti-apartheid, est décédé à 85 ans. Retour sur un destin hors norme au service de la liberté.

Le monde de la littérature est en deuil. Breyten Breytenbach, l’un des plus grands écrivains sud-africains de langue afrikaans, s’est éteint paisiblement ce dimanche à Paris, à l’âge de 85 ans. Poète, peintre et ardent militant anti-apartheid, il laisse derrière lui une œuvre puissante et engagée, témoin d’une vie de combat pour la liberté et la justice.

Un destin façonné par la lutte contre l’apartheid

Né en 1939 dans la province du Cap, au sein d’une modeste famille afrikaner, Breyten Breytenbach a très tôt rejeté le système de ségrégation raciale qui gangrenait son pays. Refusant de se soumettre à un régime qu’il jugeait inique, il quitte l’Afrique du Sud à 20 ans pour s’établir à Paris. C’est là qu’il épouse en 1963 une Française d’origine vietnamienne, un mariage alors illégal sous les lois de l’apartheid.

Malgré l’exil, le poète n’a jamais cessé de dénoncer l’oppression dont était victime la population noire de son pays. À travers ses recueils incisifs, écrits dans sa langue maternelle, l’afrikaans, il fustige le conformisme et la brutalité du régime. Son talent est reconnu, y compris en Afrique du Sud, où il reçoit plusieurs prix littéraires prestigieux.

Sept ans dans les geôles de l’apartheid

Mais son engagement va plus loin que les mots. En 1975, Breyten Breytenbach décide de rentrer clandestinement en Afrique du Sud sous une fausse identité pour y établir un réseau de résistance au sein de la communauté blanche. Dénoncé, il est arrêté et condamné pour terrorisme. S’ensuivent sept longues années d’incarcération, dont deux à l’isolement, qui marqueront profondément l’homme et l’artiste.

En détention, il développe « une vie intérieure très riche » et « perd le sens de lui-même », confiera-t-il plus tard.

De cette épreuve naîtra son livre le plus célèbre, « Confession véridique d’un terroriste albinos », poignant témoignage de sa détention. Libéré en 1982 grâce notamment à l’intervention du président français François Mitterrand, Breytenbach revient à Paris où il obtient la nationalité française. Mais son combat est loin d’être terminé.

Un esprit libre et rebelle jusqu’au bout

Même après la chute de l’apartheid au début des années 1990, celui que l’on surnommait « le barde de la liberté » a continué à porter un regard critique sur la situation de son pays. Déçu par la nouvelle élite politique qu’il comparait à « une parade sans fin de clowns corrompus », il n’a jamais dévié de ses principes, gardant intacte sa capacité d’indignation.

Nous, les écrivains, ne devons jamais dévier de notre désobéissance envers les puissants et de notre identification avec les pauvres.

Breyten Breytenbach

Jusqu’à son dernier souffle, Breyten Breytenbach aura été cet esprit libre et rebelle, défenseur acharné des opprimés. À travers son oeuvre littéraire, ses peintures oniriques et son engagement sans faille, il laisse une empreinte indélébile, celle d’un homme qui a dédié sa vie à la lutte pour un monde plus juste. Un héritage précieux dont les mots continueront longtemps de résonner.

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