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Brexit : Quel impact sur le commerce franco-britannique ?

Le Brexit a-t-il signé la fin du commerce florissant entre la France et le Royaume-Uni ? Une étude exclusive de la douane française lève le voile sur l'évolution des échanges depuis ce divorce historique. Les résultats sont...

Près de quatre ans après l’officialisation du Brexit, quel bilan peut-on tirer des échanges commerciaux entre la France et le Royaume-Uni ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre le service statistique ministériel de la douane française dans une étude publiée ce vendredi. Ses conclusions ne surprendront personne : le Brexit a bel et bien pesé sur les flux de marchandises entre les deux pays, en particulier depuis le retour des barrières douanières en 2021.

Le nombre d’importateurs français en chute libre

Premier constat alarmant : le nombre d’entreprises françaises important des biens depuis le Royaume-Uni a chuté de 34% entre 2018 et 2023. Un effondrement spectaculaire qui témoigne du coup de frein brutal porté aux échanges par les nouvelles formalités administratives post-Brexit. Côté exportations, la baisse est moins marquée mais tout de même significative, avec un recul de 6% sur la même période.

À l’échelle européenne, le diagnostic est similaire. La part du Royaume-Uni dans le commerce extérieur de l’UE n’a cessé de reculer, passant de 52% à 40% pour les importations et de 46% à 41% pour les exportations entre 2018 et 2023. Londres reste certes le deuxième client et le troisième fournisseur du bloc européen, mais son poids relatif s’est considérablement réduit.

Un report des échanges vers d’autres pays

Parallèlement à ce décrochage, les Britanniques semblent avoir en partie réorienté leur commerce extérieur vers des pays tiers, au premier rang desquels la Chine et les États-Unis. Leur part dans les importations du Royaume-Uni a progressé de 3 points sur la période, une hausse particulièrement marquée pour certains produits comme les équipements de télécommunications ou le matériel informatique.

Seule exception notable à ce tableau assez sombre : la France. Alors que la part des importations britanniques a reculé pour la plupart des pays européens, elle est restée stable à 3,7% pour l’Hexagone. Un phénomène que la douane attribue paradoxalement… au Brexit lui-même !

La France, une « zone de quasi-transit » post-Brexit

Avec le retour des formalités douanières, de nombreuses entreprises britanniques ont en effet choisi d’effectuer leurs déclarations d’importation en France, avant de réexpédier leurs marchandises vers d’autres pays de l’UE. Notre territoire s’est ainsi mué en « zone de quasi-transit », ce qui a eu pour effet de gonfler artificiellement les chiffres du commerce bilatéral.

Ce phénomène explique l’essentiel de la dégradation du solde commercial de la France avec le Royaume-Uni, qui s’est réduit de 2,5 milliards d’euros entre 2018 et 2023.

Service statistique de la douane française

Malgré tout, l’excédent commercial de la France vis-à-vis du Royaume-Uni reste conséquent, à 9,6 milliards d’euros en 2023. Il demeure même « le premier excédent commercial enregistré par la France », souligne l’étude.

Quel avenir pour le commerce franco-britannique ?

Si le Brexit a incontestablement porté un coup à la relation commerciale privilégiée qu’entretenaient la France et le Royaume-Uni, tout espoir n’est pas perdu. Le gouvernement britannique multiplie les initiatives pour faciliter les échanges, comme en témoigne la récente visite à Paris du secrétaire d’État aux Affaires étrangères David Lammy.

Certains secteurs stratégiques, comme l’énergie ou la défense, offrent par ailleurs des perspectives de coopération prometteuses. Mais il faudra sans doute encore plusieurs années pour que les entreprises s’adaptent pleinement au nouveau cadre des échanges post-Brexit et que le commerce franco-britannique retrouve sa superbe d’antan.

Une chose est sûre : malgré les obstacles, la proximité géographique et les liens historiques qui unissent les deux pays devraient permettre de maintenir des relations économiques étroites. Le défi, pour Paris comme pour Londres, sera de trouver un nouveau modèle de partenariat, à la fois pragmatique et ambitieux.

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