Un viol toutes les six minutes. C’est le triste record enregistré au Brésil en 2023 selon un rapport publié par l’ONG Forum brésilien de sécurité publique (FBSP). Au total, 83 988 viols ont été recensés l’an dernier dans le pays, soit une augmentation de 6,5% par rapport à 2022. Des chiffres alarmants qui placent le Brésil parmi les pays les plus dangereux pour les femmes et les enfants.
88% des victimes sont des femmes, 62% ont moins de 14 ans
Derrière ces statistiques se cachent des réalités inquiétantes. Près de 9 victimes sur 10 (88,2%) sont de sexe féminin. Et une large majorité (61,6%) sont âgées de moins de 14 ans. Dans 64% des cas concernant les mineurs, l’agresseur est un membre de la famille. Des données qui témoignent de la vulnérabilité des femmes et des enfants face à ces violences sexuelles.
Samira Bueno, directrice exécutive du FBSP, explique que ces chiffres, bien qu’en hausse, restent sous-évalués :
L’augmentation des cas recensés dans les commissariats montre une plus grande prise de conscience, les victimes étant davantage encouragées à porter plainte, mais on ne peut pas ignorer le fait que ce chiffre est très élevé.
– Samira Bueno, directrice exécutive du FBSP
Des violences répétées avant d’être identifiées
La majorité des victimes étant des enfants, ces agressions peuvent se reproduire pendant une longue période avant d’être détectées, comme le souligne Samira Bueno :
Comme la majorité des victimes sont des enfants, ce type de violence peut se reproduire pendant longtemps avant qu’elle soit identifiée par un responsable ou à l’école.
– Samira Bueno
L’impunité des agresseurs en question
Malgré une prise de conscience grandissante, beaucoup d’agressions ne sont pas signalées et les agresseurs restent trop souvent impunis. La honte, la peur des représailles ou le manque de confiance dans le système judiciaire sont autant de freins au dépôt de plainte.
De plus, lorsque des poursuites sont engagées, les procédures sont longues et éprouvantes pour les victimes. Les condamnations restent rares et les peines souvent légères au regard du traumatisme subi.
Renforcer les lois et changer les mentalités
Face à ce fléau, des associations militent pour un renforcement des lois et des sanctions contre les agresseurs sexuels. Elles plaident également pour un meilleur accompagnement des victimes, avec une prise en charge psychologique et un suivi sur le long terme.
Mais au-delà des mesures législatives, c’est un véritable changement des mentalités qui s’impose. Cela passe par l’éducation dès le plus jeune âge au respect, à l’égalité et au consentement. Les campagnes de sensibilisation doivent se multiplier pour briser les tabous et encourager la parole des victimes.
Une mobilisation à tous les niveaux de la société
Endiguer le fléau des violences sexuelles au Brésil nécessite une mobilisation de tous les acteurs de la société :
- Les pouvoirs publics, pour renforcer l’arsenal législatif et les moyens de la justice
- Les forces de l’ordre, pour mieux prendre en compte les plaintes et protéger les victimes
- Les professionnels de santé et de l’éducation, pour repérer et signaler les situations de violence
- Les associations, pour accompagner les victimes et sensibiliser le grand public
- Les médias, pour relayer les campagnes et briser l’omerta
- Chaque citoyen, en tant que parent, ami, collègue, voisin… pour être vigilant et solidaire
Car c’est bien l’affaire de tous de faire reculer ce fléau qui gangrène la société brésilienne et détruit des vies par milliers. Un viol toutes les six minutes, c’est tout simplement inacceptable. Il est temps d’agir, à tous les niveaux, pour que ces chiffres ne soient bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
