C’est une tragédie qui aurait pu virer à la catastrophe écologique. Dimanche dernier, un pont s’est effondré dans le nord du Brésil, précipitant plusieurs véhicules dans le fleuve Tocantins en contrebas. Selon le dernier bilan communiqué par les autorités, cet accident a coûté la vie à 8 personnes, tandis que 9 autres sont toujours portées disparues. Mais au-delà du drame humain, c’est un véritable désastre environnemental qui a été évité de justesse.
Des Citernes d’Acide Sulfurique Miraculeusement Intactes
Parmi les véhicules ayant chuté dans le fleuve au moment de l’effondrement se trouvaient trois camions, transportant à eux seuls pas moins de 22 000 litres de pesticides et 76 tonnes d’acide sulfurique, un produit chimique extrêmement corrosif et dangereux pour l’environnement. Une quantité qui, si elle s’était déversée dans l’eau, aurait provoqué une pollution dévastatrice de l’écosystème.
Mais par miracle, les citernes contenant ces substances sont restées intactes malgré la violence du choc. « Nous sommes en train d’élaborer des stratégies pour retirer ces matériaux », a déclaré un porte-parole des pompiers, ajoutant que la priorité restait pour l’instant de retrouver les personnes disparues.
Le Risque de Pollution Écarté
Si les premiers jours suivant l’accident, la crainte d’une contamination massive du fleuve Tocantins était sur toutes les lèvres, il semblerait que le pire ait été évité. D’après Caco Graça, superviseur du Secrétariat à l’Environnement de l’État de Maranhao, le risque d’un impact environnemental est désormais jugé faible :
Le pire scénario aurait été que le chargement (d’acide sulfurique) se répande dans le fleuve durant la chute. Mais cela n’a pas eu lieu. Les citernes sont intactes.
Les analyses de l’acidité de l’eau sont stables et sous contrôle.
La Recherche des Disparus se Poursuit
Maintenant que la menace écologique semble écartée, tous les efforts sont concentrés sur la recherche des neuf personnes toujours portées disparues. Mercredi, les plongeurs ont pu remonter deux corps à la surface. Et ce jeudi matin, deux autres ont été localisés à l’intérieur de l’épave d’une camionnette immergée.
Mais leur extraction s’annonce délicate, comme l’explique le lieutenant-colonel Rafael Menezes, l’un des plongeurs mobilisés sur place : « L’accès à ces corps est compliqué, ce sera difficile de les récupérer, mais nous analysons les images pour trouver un moyen ».
Un Pont Vieux de Plus de 50 Ans
Si les circonstances précises de l’effondrement ne sont pas encore connues, l’état du pont en question, construit dans les années 60, pourrait être en cause. Cet ouvrage d’art long de près de 500 mètres, baptisé Juscelino Kubitschek de Oliveira, constituait la principale voie de connexion entre les États de Maranhao et de Tocantins.
D’après les premiers éléments recueillis par le Département national des infrastructures de transport, c’est la poutre centrale du pont qui se serait effondrée, précipitant les véhicules dans le vide.
Une Enquête Pour Déterminer les Causes
Une enquête approfondie va maintenant être menée pour déterminer avec précision les causes de ce drame. La vétusté de l’ouvrage sera sans aucun doute au cœur des investigations, bien que la piste d’une surcharge ponctuelle ne soit pas exclue, huit véhicules se trouvant sur le pont au moment du drame.
En parallèle, un audit national de l’ensemble des ponts et infrastructures du pays pourrait être diligenté. L’objectif : identifier de potentielles faiblesses afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise.
Car si ce 30 avril 2023 un désastre environnemental a été évité de peu, le bilan humain, lui, est d’ores et déjà très lourd. Au-delà de la nécessaire transparence sur les causes de cet accident, c’est tout un pays qui est en deuil et devra panser cette nouvelle plaie.