Imaginez un pays où l’argent devient plus cher à emprunter du jour au lendemain, où les prix grimpent sans cesse, et où le président lui-même s’oppose aux décisions de sa propre banque centrale. Bienvenue au Brésil en ce printemps 2025, où le taux directeur vient d’atteindre un sommet vertigineux de 14,25 %. Une décision qui fait trembler les marchés, divise les opinions et place la première économie d’Amérique latine sous une lumière crue. Mais pourquoi cette hausse brutale, et surtout, quelles en sont les répercussions ? Plongeons dans cette actualité brûlante.
Une Hausse Historique Face à une Inflation Galopante
Mercredi, la banque centrale du Brésil a frappé fort en augmentant son taux directeur d’un point de pourcentage, le propulsant à un niveau inédit depuis près d’une décennie. Ce n’est pas une première : il s’agit de la cinquième hausse consécutive. Derrière ce choix, une bataille acharnée contre une inflation qui refuse de plier, dépassant récemment les 5 % sur un an. Un chiffre qui donne des sueurs froides aux autorités, bien loin de leur objectif situé entre 1,5 % et 4,5 %.
Les membres du Comité de politique monétaire, réunis sous haute tension, ont justifié cette mesure par un cocktail explosif : un contexte international compliqué, notamment lié aux États-Unis, et des pressions internes qui ne faiblissent pas. Ils ont même laissé entendre qu’une nouvelle augmentation, plus modérée, pourrait suivre en mai si rien ne change. Une annonce qui sonne comme un avertissement.
Le Selic, un Taux sous les Projecteurs
Au Brésil, le taux directeur porte un nom : le Selic. Et ce dernier n’avait pas atteint un tel sommet depuis la période trouble de 2015-2016, marquée par une récession brutale. À l’époque, le pays traversait une crise économique majeure, aggravée par des scandales politiques. Aujourd’hui, bien que le contexte diffère, ce chiffre de 14,25 % ravive des souvenirs douloureux et place le gouvernement actuel dans une position délicate.
Nous faisons face à un environnement externe difficile et à une inflation qui ne montre aucun signe de faiblesse.
– Déclaration d’un porte-parole du Comité monétaire
Cette hausse n’est pas anodine : elle renchérit le coût du crédit, freinant les investissements et la consommation. Une stratégie classique, mais qui ne fait pas l’unanimité, surtout dans les hautes sphères du pouvoir.
Lula, un Président en Désaccord
De retour au pouvoir depuis 2023, le président brésilien, figure emblématique de la gauche, n’a pas caché son mécontentement. Pour lui, cette politique monétaire est une entrave à la croissance. “Pourquoi rendre le crédit plus cher alors que les entreprises ont besoin de respirer ?” aurait-il lancé lors d’une allocution récente, selon une source proche. Une critique qui résonne auprès de nombreux Brésiliens, déjà essoufflés par la hausse des prix.
Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En février, l’inflation a franchi un cap symbolique, atteignant 5,06 %, un niveau inédit depuis septembre 2023. Les experts, interrogés dans une enquête de la banque centrale, prédisent même un avenir plus sombre avec une inflation flirtant avec les 5,66 % d’ici la fin de l’année. Face à cela, le gouvernement a tenté de réagir, mais ses efforts semblent pour l’instant insuffisants.
Des Mesures pour Calmer les Prix
Conscient du mécontentement populaire, l’exécutif a dégainé une série de mesures visant à soulager les portefeuilles. Parmi elles, la suppression des taxes sur certains produits alimentaires importés comme la viande ou l’huile d’olive. Une initiative louable, mais qui peine à inverser la tendance. Pourquoi ? Parce que l’inflation ne se limite pas aux seuls aliments : elle touche tous les secteurs, de l’énergie aux transports.
- Suppression des taxes sur la viande et le sucre importés.
- Réduction des coûts pour les produits de base comme l’huile d’olive.
- Promesse de nouvelles actions si les prix continuent de grimper.
Malgré ces efforts, les résultats tardent à se faire sentir, et la grogne monte dans les rues comme dans les sondages.
Une Popularité en Chute Libre
Le président, qui avait remporté les élections avec l’espoir de redresser le pays, voit son étoile pâlir. Selon un récent sondage, son taux d’approbation a plongé à 24 %, un record pour ses trois mandats. La raison principale ? Cette inflation qui érode le pouvoir d’achat et ternit l’image d’un dirigeant autrefois adulé.
Un Brésilien sur trois déclare avoir réduit ses dépenses alimentaires ces derniers mois, signe d’une crise qui touche le quotidien.
Cette situation contraste avec certains indicateurs positifs. Le chômage, par exemple, reste à un niveau enviable de 6,5 %, et la croissance en 2024 a atteint 3,4 %. Mais ces chiffres, bien qu’encourageants, passent inaperçus face à la flambée des prix.
Un Équilibre Économique Fragile
Le Brésil se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. D’un côté, une banque centrale déterminée à juguler l’inflation, quitte à ralentir l’économie. De l’autre, un président qui mise sur la croissance et refuse de voir le crédit se tarir. Entre les deux, des millions de citoyens pris en étau, oscillant entre espoir et désillusion.
Indicateur | Valeur | Commentaire |
Taux Directeur | 14,25 % | Plus haut depuis 9 ans |
Inflation | 5,06 % | Prévision à 5,66 % |
Chômage | 6,5 % | Un point positif |
Ce tableau illustre un paradoxe : des signaux encourageants cohabitent avec des défis majeurs. Mais pour combien de temps cet équilibre tiendra-t-il ?
Et Après ? Les Scénarios Possibles
À court terme, la banque centrale semble prête à maintenir sa ligne dure, au risque d’accentuer les tensions avec le pouvoir exécutif. Si l’inflation persiste, une sixième hausse du Selic pourrait être au programme, avec des conséquences imprévisibles sur la croissance. À l’inverse, un assouplissement trop rapide pourrait laisser les prix s’envoler davantage, sapant la crédibilité des institutions.
Pour les Brésiliens, l’enjeu est clair : retrouver une stabilité économique sans sacrifier les progrès réalisés. Mais entre les ambitions politiques et les réalités monétaires, le chemin s’annonce semé d’embûches. Une chose est sûre : les mois à venir seront décisifs.