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Brésil: 61 accusés d’émeutes à Brasilia sous mandat d’arrêt en Argentine

Rebondissement dans l'affaire des émeutes à Brasilia: la justice argentine lance des mandats d'arrêt contre 61 Brésiliens soupçonnés de participation. Deux ont déjà été arrêtés, 140 seraient en fuite. Mais le processus d'extradition s'annonce délicat...

L’affaire des violentes émeutes qui ont secoué Brasilia en janvier 2023 connaît un nouveau rebondissement. Selon des sources proches du dossier, la justice argentine vient d’ordonner la détention de 61 ressortissants brésiliens présents sur le territoire argentin, et faisant l’objet d’une demande d’extradition de la part des autorités brésiliennes. Ces individus sont soupçonnés d’avoir pris part à l’assaut sans précédent contre les sièges des trois pouvoirs à Brasilia, une semaine seulement après l’investiture du président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva.

Deux arrestations, 140 fugitifs recherchés

D’après nos informations, deux des 61 suspects visés par les mandats d’arrêt ont d’ores et déjà été interpellés en Argentine. Il s’agirait de Joelton Gusmao de Oliveira, 47 ans, et Rodrigo De Freitas Moro, 34 ans, tous deux appréhendés à La Plata, à une soixantaine de kilomètres au sud de Buenos Aires. Le premier, condamné par contumace à 17 ans de prison au Brésil, aurait été arrêté alors qu’il tentait de renouveler son statut de réfugié. Quant au second, il purgeait une peine de 14 ans et a été interpellé en pleine démarches administratives.

Mais la traque ne s’arrête pas là. Le Brésil a en effet réclamé l’assistance de l’Argentine pour localiser pas moins de 140 fugitifs suspectés d’avoir trempé dans les émeutes. Les autorités argentines sont donc sur le qui-vive.

La procédure d’extradition en question

Si les mandats d’arrêt ont bien été délivrés, le feuilleton judiciaire est loin d’être terminé. La décision d’extrader ou non ces ressortissants brésiliens pourrait en effet faire l’objet de recours devant la Cour suprême argentine. Et même une fois cette voie de contestation épuisée, le sort des fugitifs reposera entre les mains du pouvoir exécutif argentin, qui aura le dernier mot. Buenos Aires pourrait ainsi accorder le statut de réfugié aux personnes recherchées, court-circuitant de fait la procédure d’extradition.

Où qu’elles soient identifiées ou localisées en Argentine, elles seront arrêtées et mises à la disposition de la justice pour entamer le processus d’extradition.

Une source judiciaire argentine

Rappel des faits

Pour mémoire, le 8 janvier 2023, des milliers de partisans de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro avaient pris d’assaut le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême à Brasilia. Refusant la victoire de Lula à la présidentielle, ils exigeaient une intervention de l’armée pour empêcher l’investiture du leader de gauche, en brandissant des accusations infondées de fraude électorale. Des scènes de chaos et de vandalisme qui avaient choqué le Brésil et le monde entier.

Enquête et condamnations au Brésil

Depuis ces événements, la justice brésilienne a mené une vaste enquête pour identifier et punir les responsables. Des centaines de personnes ont été arrêtées et plusieurs condamnations ont été prononcées pour “tentative de coup d’État”, “association criminelle armée”, “dommages aggravés” ou encore “abolition violente de l’État de droit démocratique”. Des peines de 14 à 17 ans de réclusion ont été infligées aux meneurs présumés.

L’Argentine, terre d’asile des bolsonaristes ?

La traque des fugitifs en Argentine met aussi en lumière le fait que le pays est devenu une destination privilégiée pour certains soutiens de Jair Bolsonaro désireux d’échapper aux poursuites. Buenos Aires a d’ailleurs modifié en octobre sa loi sur le statut de réfugié, empêchant désormais les personnes accusées ou condamnées dans leur pays d’en bénéficier. Une manière de prévenir un éventuel afflux de bolsonaristes en quête d’immunité.

Cette affaire illustre en tout cas le bras de fer engagé par le pouvoir brésilien pour que les responsables des émeutes du 8 janvier répondent de leurs actes devant la justice, où qu’ils se trouvent. Un défi juridique et diplomatique de taille, qui témoigne de la volonté de tourner définitivement la page de cet épisode douloureux de l’histoire récente du Brésil. La bataille s’annonce longue, mais le gouvernement Lula semble déterminé à aller jusqu’au bout pour défendre la jeune démocratie brésilienne.

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