C’est le dernier jour de la COP29 à Bakou et la tension est à son comble. Un intense bras de fer oppose pays riches et pays en développement sur la question cruciale du financement de la lutte contre le changement climatique. Après deux semaines de tractations stériles, les négociateurs de près de 200 pays attendent, frustrés, d’ultimes propositions de compromis.
« Nous percevons des lueurs d’espoir, résume la négociatrice allemande Jennifer Morgan. Mais des lueurs d’espoir ne suffisent pas, car il y a aussi des piliers empoisonnées ». En coulisses, des allées et venues frénétiques de ministres et diplomates entre les délégations brésilienne, européenne, américaine, chinoise, ont été observées. Tous se parlent encore, l’espoir d’un accord demeure.
Combien les pays riches sont-ils prêts à payer ?
Au cœur des ultimes tractations figure la question de combien les pays développés accepteront de transférer aux pays en développement, au nom de leur responsabilité historique dans le dérèglement climatique. De cet argent dépend la capacité des pays du Sud à affronter les impacts dévastateurs d’un climat déréglé et à investir dans une économie bas carbone.
Nous ne demandons qu’1% du PIB mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies ?
Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama
L’enjeu est d’autant plus crucial que 2024 sera vraisemblablement l’année la plus chaude jamais mesurée. Des tempêtes meurtrières, inondations dévastatrices, sécheresses et incendies n’ont cessé de frapper la planète pendant la COP29. Et malgré l’urgence, l’humanité va encore brûler plus de combustibles fossiles que l’an passé.
Au moins 500 milliards de dollars par an réclamés
Un projet d’accord présenté jeudi matin, truffé de “X” à la place des chiffres, a mécontenté tout le monde. Les pays en développement réclament “au moins” 500 milliards de dollars par an de la part des pays riches d’ici 2030, contre seulement 116 milliards fournis en 2022. La présidence azerbaïdjanaise promet un nouveau texte vendredi avec, cette fois, des chiffres.
Mais les pays développés sont contraints par un resserrement budgétaire qui limite leur marge de manœuvre, malgré leur volonté affichée de “montrer la voie”. Américains et Européens n’ont pas encore dévoilé le montant qu’ils sont disposés à mettre sur la table. “Ils tournent en rond dans leurs jeux géopolitiques”, déplore la ministre colombienne Susan Muhamad.
La Chine refuse toute obligation
Pour compliquer l’équation, la Chine refuse catégoriquement toute obligation financière. Pékin ne veut pas renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que seuls les pays développés ont la responsabilité de la finance climatique. Une ligne rouge pour le géant asiatique.
En parallèle, les pays riches négocient davantage d’efforts de réduction des gaz à effet de serre, au grand dam des pays producteurs de pétrole qui refuseront tout texte ciblant les énergies fossiles. La sortie des combustibles fossiles avait pourtant été évoquée l’an dernier à la COP28 de Dubaï.
Alors qu’un compromis secret a été rédigé par des ministres australien et égyptienne, la présidence garde cet atout dans sa manche. Les délégués, eux, se préparent déjà à une prolongation des discussions samedi, comme le veut la tradition des COP. L’avenir climatique de la planète est en jeu.