C’est un fait divers d’une violence inouïe qui secoue actuellement les Hauts-de-Seine. Un médecin exerçant en Seine-Saint-Denis a été victime d’une agression extrêmement brutale à son domicile de Boulogne-Billancourt, dans la nuit du 13 octobre 2020. Trois individus l’ont suivi jusqu’à chez lui pour le ligoter, le séquestrer et le dépouiller. Le procès de Sankouda D., 26 ans, Moussa C., 27 ans, et Ahmed B., 39 ans, s’est ouvert ce lundi devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine.
Un guet-apens ultra-violent
D’après les éléments de l’enquête, le médecin, qui travaille dans un hôpital de Seine-Saint-Denis, a été pris en filature par ses agresseurs alors qu’il rentrait chez lui après sa garde. Une fois arrivé à son domicile boulonnais, il a été assailli, frappé puis ligoté. Ses bourreaux l’ont ensuite maintenu en respect pendant de longues heures, le temps de fouiller son appartement pour y dérober tous les objets de valeur. Le calvaire de la victime aura duré une bonne partie de la nuit avant que ses geôliers ne prennent la fuite.
Très choquée, la victime a rapidement donné l’alerte, permettant aux forces de l’ordre d’identifier et d’interpeller les trois malfaiteurs présumés. L’enquête a montré qu’ils avaient méticuleusement préparé leur coup, épiant les faits et gestes de leur cible avant de passer à l’acte. Des images de vidéosurveillance et la téléphonie ont permis de confondre le trio.
Déjà 29 mentions au casier pour le principal accusé
La personnalité des mis en cause donne froid dans le dos, en particulier celle d’Ahmed B., dépeint comme le leader de l’équipée violente. À 39 ans, il totalise déjà 29 mentions à son casier judiciaire. Ses deux comparses, Sankouda D. et Moussa C., âgés de 26 et 27 ans, sont eux aussi des habitués des prétoires. Selon une source proche de l’affaire, ce lourd passif a évidemment pesé dans la qualification criminelle des faits qui leur sont reprochés.
Jusqu’à 12 ans de réclusion requis
Jugés pour vol avec violence, séquestration, extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs, Sankouda D., Moussa C. et Ahmed B. encourent de très lourdes peines. L’avocat général a requis 12 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Ahmed B., et 8 ans de prison pour ses deux acolytes, en tenant compte de l’état de récidive de deux d’entre eux. Tout au long du procès, qui a duré une semaine, les accusés ont en vain tenté de nier leur implication ou de minimiser leur rôle, sans convaincre la cour et les jurés.
Cette agression sauvage illustre tragiquement la vulnérabilité des professions médicales, de plus en plus ciblées par des braquages et des vols. Généralistes, spécialistes ou dentistes font régulièrement l’objet de cambriolages, subissent des violences, notamment en Île-de-France. En Seine-Saint-Denis, où exerçait la victime, la situation est particulièrement inquiétante.
Il faut renforcer urgemment la sécurité des soignants, en cabinet libéral comme à l’hôpital. On ne peut plus accepter que des personnes dévouées au service des autres risquent quotidiennement leur intégrité, voire leur vie.
Un représentant syndical du corps médical
Des peines exemplaires attendues
Au terme de quatre journées de débats intenses, le verdict est attendu ce vendredi en fin de journée. La victime, qui peine encore à se remettre de ce déchaînement de violences, espère des sanctions à la hauteur du préjudice subi. Son avocat a demandé à la cour d’assises “une peine exemplaire”, soulignant le traumatisme encore vif de son client deux ans et demi après les faits.
Cette affaire devrait en tout cas raviver le débat sur la protection des professions particulièrement exposées, au premier rang desquelles les soignants et les professions médicales. L’ordre des médecins, comme les syndicats de praticiens, réclament la mise en place urgente d’un plan de sécurisation des cabinets et des mesures concrètes pour endiguer le fléau des agressions. Plusieurs pistes sont évoquées : renforcement de la vidéosurveillance, présence d’agents de sécurité, meilleure prise en charge psychologique et indemnisation des victimes. Reste à savoir si les pouvoirs publics sauront prendre la mesure de cette menace grandissante.