La vie politique française n’a jamais été aussi mouvementée. Depuis l’annonce choc de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron le mois dernier, le pays traverse une crise institutionnelle sans précédent. Entre l’effondrement des partis traditionnels, la montée des extrêmes et la panique sur les marchés financiers, l’avenir semble plus incertain que jamais. Retour sur les derniers événements qui secouent l’Hexagone.
La macronie au bord du gouffre
Face à l’impossibilité de bâtir une majorité stable à l’Assemblée, le parti présidentiel Renaissance et ses alliés sont au bord de l’implosion. Signe de cette débâcle annoncée, la macronie a renoncé à présenter des candidats dans une centaine de circonscriptions pour les élections législatives anticipées de juillet prochain. Une décision motivée par la volonté de faire barrage à l’extrême droite et l’extrême gauche en formant un “front républicain”, mais qui risque de se retourner contre elle.
Le calcul qui a été fait, c’est de constater notre extrême faiblesse et d’essayer d’endiguer la progression du RN et de LFI en nous effaçant dans une partie des circonscriptions.
– Un député Renaissance
Les Républicains en lambeaux
Les difficultés des macronistes font écho à celles de la droite traditionnelle. Minés par leurs divisions et l’hémorragie de leurs électeurs, Les Républicains n’ont pas survécu à la débâcle des dernières présidentielles. Le parti fondé par Jacques Chirac en 2002 a officiellement déposé le bilan, laissant un grand vide au centre-droit de l’échiquier politique.
Le PS en voie de disparition
À gauche, le Parti socialiste n’est pas en reste. Laminé en 2017 et marginalisé en 2022, le PS est au bord de l’extinction. Faute de figure tutélaire et de ligne politique claire, les socialistes peinent à exister entre les écologistes et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Un déclin probablement irréversible.
Les extrêmes aux portes du pouvoir
Grands gagnants de la séquence, le Rassemblement national et La France insoumise abordent les législatives en position de force. Portés par la colère et le rejet des élites, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon surfent sur un électorat de plus en plus volatil et en quête de changement radical. Tous deux rêvent d’accéder à Matignon et de mettre en œuvre leur programme aux antipodes de la politique menée ces cinq dernières années.
L’hypothèse d’un Premier ministre RN
L’arrivée potentielle de Jordan Bardella à Matignon fait l’effet d’une bombe dans les chancelleries européennes. En Allemagne, les diplomates ne cachent pas leur inquiétude face à la perspective d’un gouvernement français d’extrême droite. Lors d’une réunion de crise à Berlin, le “pire scénario” a même été évoqué, avec de lourdes conséquences sur la coopération entre les deux pays.
L’inconnue Mélenchon
Du côté de LFI, Jean-Luc Mélenchon entretient le mystère sur ses intentions. S’il venait à être nommé à Matignon, le leader de gauche devrait mettre en sourdine ses positions radicales sur l’Europe ou l’OTAN. Un virage qui ne sera pas sans conséquence sur la cohésion de son mouvement. D’autant que son autoritarisme et son imprévisibilité inquiètent jusque dans son propre camp.
Une économie déstabilisée
Au-delà de la sphère politique, la crise actuelle fait tanguer l’économie française. Depuis l’annonce de la dissolution, la Bourse de Paris dévisse et les taux d’emprunt de l’État s’envolent. En cause : les craintes des investisseurs face aux promesses de dépenses faramineuses des extrêmes et à la possible sortie de la France de l’Union européenne.
Les banques dans la tourmente
Première victime de ce vent de panique : le secteur bancaire. Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole… Les grands établissements français ont tous vu leur action dégringoler ces derniers jours. Au point que les autorités financières s’inquiètent d’un possible effet domino en cas de victoire des populistes aux législatives.
Et pendant ce temps…
Occultés par l’actualité nationale, de nombreux sujets peinent à émerger dans le débat public :
- En Nouvelle-Calédonie, la crise politique et institutionnelle suite au dernier référendum menace le fragile équilibre de l’archipel.
- À l’école, les questions d’autorité et de respect des professeurs continuent de faire polémique, sans qu’aucune solution ne soit apportée.
- En Ukraine, la guerre s’éternise. Parmi les témoignages glaçants, celui de deux soldats ayant tenu seuls leur position sous les bombes et les assauts russes.
Dans ce contexte de crise majeure, une chose est sûre : les prochaines semaines s’annoncent décisives. Elles détermineront si la France reste un pilier de l’Europe et un modèle de démocratie, ou si elle bascule dans le chaos politique et économique. Réponse dans les urnes.
