Dans un monde où la liberté d’expression est souvent menacée, des voix courageuses s’élèvent pour défendre ce droit fondamental. Parmi elles, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, dont le combat inlassable contre l’intégrisme et la censure force le respect. Mais aujourd’hui, c’est l’inquiétude qui domine : depuis son arrivée à Alger le samedi 18 novembre, l’auteur de 75 ans semble avoir disparu des radars.
Un écrivain engagé, une voix pour la liberté
Boualem Sansal n’est pas du genre à mâcher ses mots. Romancier prolifique, il n’a eu de cesse de dénoncer dans ses œuvres les dérives de l’intégrisme religieux et les atteintes aux libertés individuelles. Son verbe acéré et son regard lucide en ont fait une figure emblématique de la scène littéraire algérienne, mais aussi une cible privilégiée du pouvoir en place.
Car en Algérie, pays meurtri par une décennie noire qui a vu s’affronter le gouvernement et les groupes islamistes dans les années 90, la liberté d’expression reste un combat de tous les instants. Et Boualem Sansal n’est pas le seul écrivain à en faire les frais : son compatriote Kamel Daoud, récent lauréat du prestigieux prix Goncourt, subit lui aussi les intimidations des autorités.
Le prix de l’engagement
Pour Boualem Sansal, l’écriture est une arme au service de ses convictions. Ses livres, traduits dans de nombreuses langues, dépeignent sans concession la réalité algérienne et ses zones d’ombre. Un franc-parler qui lui a valu les foudres du régime, mais aussi la reconnaissance de ses pairs et du public international.
Je me suis mis à écrire comme on enfile une tenue de combat.
Boualem Sansal
Mais cet engagement a un prix. En 2006 déjà, son roman “Le Serment des barbares” avait provoqué un tollé en Algérie, conduisant à son licenciement de son poste de haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie. Depuis, Boualem Sansal vit sous la menace constante de représailles, lui qui a choisi de rester vivre dans son pays malgré les pressions.
Une disparition inquiétante
C’est dans ce contexte que la récente disparition de l’écrivain suscite une vive inquiétude. Selon des sources proches du dossier, Boualem Sansal aurait été interpellé dès son arrivée à l’aéroport d’Alger par les services de sécurité algériens. Depuis, il serait détenu dans un lieu tenu secret, sans possibilité de contact avec l’extérieur.
Une situation qui n’est pas sans rappeler le sort d’autres intellectuels algériens, victimes de la répression du régime. Beaucoup y voient un nouveau coup de force des autorités, ulcérées par la récente consécration de Kamel Daoud et la décision de la France d’accorder la nationalité française aux deux écrivains.
Un combat qui dépasse les frontières
Face à cette situation, les réactions ne se sont pas fait attendre. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer la libération immédiate de Boualem Sansal et la fin du harcèlement dont il est victime. Écrivains, journalistes, défenseurs des droits humains… Tous s’accordent à voir en lui un symbole de la résistance à l’obscurantisme et un parangon de courage.
Car le combat de Boualem Sansal est universel. En s’attaquant à l’intégrisme religieux et en dénonçant la mainmise du pouvoir sur les esprits, il porte un message qui résonne bien au-delà des frontières algériennes. Sa disparition est un nouveau coup porté à la liberté d’expression, mais aussi un appel à la mobilisation de tous ceux qui croient en la force des mots face à l’oppression.
J’espère vivement que mon ami Boualem Sansal reviendra parmi nous très bientôt.
Kamel Daoud, prix Goncourt 2024
Aujourd’hui, alors que le silence entoure toujours le sort de Boualem Sansal, il est plus que jamais nécessaire de faire entendre sa voix. Car à travers lui, c’est la liberté de tous les écrivains, de tous les artistes, de tous les penseurs qui est en jeu. Son combat est le nôtre, et nous ne pouvons rester sans réagir face à cette énième atteinte aux droits fondamentaux.
Espérons que la pression internationale saura faire plier le régime algérien et que Boualem Sansal pourra bientôt reprendre la plume. Car dans un monde menacé par l’obscurantisme et le repli identitaire, nous avons plus que jamais besoin de voix comme la sienne pour nous éclairer et nous guider. La liberté est un combat de chaque instant, et Boualem Sansal en est l’un des plus valeureux paladins.
