Alors que le conflit russo-ukrainien perdure, l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson est monté au créneau pour exhorter Paris et Londres à franchir un cap dans leur soutien militaire à Kiev. Lors d’une intervention sur France Inter ce lundi, il a appelé les gouvernements français et britannique à autoriser dès aujourd’hui l’Ukraine à utiliser les missiles à longue portée qu’ils lui ont fournis pour frapper le territoire russe.
Johnson dénonce un retard dans l’aide militaire occidentale
Sans détour, Boris Johnson a estimé qu’il “fallait le faire il y a 18 mois”, commentant ainsi le revirement très tardif de Washington qui vient tout juste de donner son feu vert à l’utilisation par l’Ukraine des missiles américains à longue portée contre la Russie. Kiev réclamait en effet depuis de longs mois la possibilité d’employer ces armements d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres pour viser la logistique et les bases aériennes russes.
Selon des responsables américains cités par le New York Times, la décision de la Maison Blanche serait finalement intervenue en réaction au déploiement de milliers de soldats nord-coréens aux côtés des forces russes. Elle survient également à deux mois seulement du retour au pouvoir de Donald Trump, connu pour ses positions critiques sur l’aide américaine à l’Ukraine.
Paris et Londres appelés à emboîter le pas
Dans ce contexte, Boris Johnson presse maintenant la France et le Royaume-Uni de suivre l’exemple américain :
Nos gouvernements français, britannique doivent dire aujourd’hui qu’on donne la permission pour utiliser les (missiles à longue portée français) Scalp (…) et les (missiles britanniques équivalents) Storm Shadow (…) contre les bases russes en territoire russe.
Boris Johnson sur France Inter
Une “humiliation” en perspective avec le retour de Trump ?
Mais au-delà de cet appel à intensifier l’aide militaire à l’Ukraine, l’ancien dirigeant conservateur s’est également projeté sur le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche, prévu pour le 20 janvier prochain. Le milliardaire républicain entend en effet mettre rapidement fin au conflit, ce qui constituerait selon Boris Johnson “une humiliation pour l’Occident” si cela devait se faire aux conditions du président russe Vladimir Poutine :
Je me demande comment un type comme Donald J. Trump peut inaugurer son mandat par une capitulation, par une humiliation pour l’Ouest, pour l’Otan, et pour lui-même, s’il donnait la possibilité à Poutine de vaincre l’Ukraine.
Boris Johnson sur France Inter
Pour lui, un tel scénario “serait un désastre pour le monde, pour l’Europe et bien sûr pour l’Amérique”. Il maintiendrait en effet Vladimir Poutine “dans une position de menacer le reste de l’Ukraine à perpétuité”.
Des garanties de sécurité nécessaires pour Kiev
Boris Johnson a insisté sur la nécessité d’offrir des garanties de sécurité solides à l’Ukraine dans le cadre de tout accord de paix futur. À ses yeux, il faut en effet “donner de la clarté aux Ukrainiens”, en raison de l’ambiguïté qui entoure le statut de leur pays :
Le problème avec l’Ukraine, c’est qu’on ne sait pas ce que c’est: est-ce un pays tampon ou est-ce que c’est une partie de l’Occident ?
Boris Johnson sur France Inter
Alors que la guerre entre dans son 18ème mois, les propos de l’ex-chef du gouvernement britannique témoignent des divergences qui persistent au sein du camp occidental sur la conduite à tenir face à la Russie. Si les États-Unis semblent désormais prêts à franchir certaines lignes rouges dans leur assistance militaire à Kiev, l’heure des missiles longue portée n’a pas encore sonné à Paris et Londres. Reste à savoir si les capitales européennes suivront la voie tracée par Washington, sous la pression de figures comme Boris Johnson mais aussi face à la perspective d’un nouveau mandat de Donald Trump.