Dans un contexte de lutte contre la pollution et de transition écologique, les grandes villes françaises multiplient les initiatives pour décourager l’usage des véhicules les plus polluants. Après Paris en octobre dernier, c’est au tour de Bordeaux de s’attaquer aux fameux SUV et autres gros véhicules en introduisant une tarification différenciée pour le stationnement. Une mesure coup de poing qui fait déjà couler beaucoup d’encre.
30% plus cher pour les véhicules lourds non professionnels
À partir du 2 mai prochain, les automobilistes bordelais devront regarder de près le poids de leur véhicule avant de se garer. En effet, la mairie écologiste a décidé d’appliquer une majoration de 30% sur les tarifs de stationnement pour les voitures considérées comme lourdes. Sont concernés les modèles thermiques dépassant 1600 kg et les hybrides et électriques au-delà de 1900 kg. Un sacré surcoût qui vise clairement les SUV, crossovers et grands monospaces familiaux.
La mesure ne s’appliquera toutefois pas aux véhicules professionnels bénéficiant d’un abonnement. Selon la municipalité, environ 10% des abonnés et 14% des visiteurs seraient impactés par cette hausse tarifaire. L’objectif affiché est bien sûr de lutter contre la pollution, les émissions de CO2 et la dégradation des voiries, mais aussi d’inciter les Bordelais à opter pour des véhicules plus compacts et moins encombrants.
Paris, précurseur de la chasse aux SUV
La capitale avait ouvert la voie dès le 1er octobre 2024, en triplant les tarifs de stationnement pour les visiteurs roulant en SUV. Une décision qui n’avait pas manqué de faire réagir, soulevant un débat passionné sur le bien-fondé et les modalités de ce type de mesures. Les résidents parisiens étaient toutefois épargnés par la hausse, contrairement au dispositif bordelais qui ne fait pas de distinction.
Un impact réel sur le choix des véhicules ?
Si l’effet dissuasif est indéniable pour les visiteurs occasionnels, reste à savoir si cette tarification différenciée suffira à convaincre les Bordelais d’abandonner leur gros véhicule au profit de modèles plus écologiques. D’autant que la définition des voitures concernées, basée uniquement sur le poids, est assez floue et contestée. Certains dénoncent une mesure punitive et discriminatoire, pénalisant les familles nombreuses et les professionnels qui ont besoin d’un grand véhicule.
On a l’impression d’être pris pour cible dès qu’on a besoin d’une voiture un peu grande, sans forcément rouler beaucoup. Les tarifs de stationnement étaient déjà élevés, là ça devient vraiment prohibitif !
Témoignage d’un habitant du centre-ville de Bordeaux
D’autres saluent au contraire le volontarisme de la mairie écologiste et estiment que tous les leviers doivent être actionnés pour accélérer la transition vers une mobilité plus douce et durable dans les métropoles.
Vers une généralisation dans les grandes villes ?
Une chose est sûre, le débat est loin d’être clos et on peut s’attendre à ce que d’autres villes emboîtent le pas à Paris et Bordeaux dans les mois qui viennent. Lyon, Grenoble, Strasbourg ou encore Montpellier, connues pour mener des politiques volontaristes en matière d’écologie, pourraient être les prochaines à dégainer une tarification du stationnement selon le gabarit ou les émissions polluantes.
Face au défi climatique et à la nécessité de repenser la place de la voiture individuelle dans les centres urbains, les initiatives se multiplient, non sans susciter de vifs débats. Péages urbains, zones à faibles émissions, piétonnisation… Les municipalités rivalisent de créativité pour tenter de réduire la pollution et la congestion automobile. Avec à la clé, des mesures parfois radicales qui bousculent les habitudes et ne font pas l’unanimité.
Une mutation profonde des mobilités est en marche dans nos villes. Mais pour qu’elle soit acceptée et efficace, encore faut-il qu’elle embarque le plus grand nombre, sans laisser sur le bord de la route les ménages modestes et les professionnels dépendants de leur véhicule. L’enjeu des prochaines années sera de trouver le bon équilibre entre incitation et coercition, en développant parallèlement des alternatives crédibles et accessibles à la voiture individuelle. Un sacré défi qui nous concerne tous !