Bordeaux est sous le choc. Ce samedi 9 novembre 2024, une jeune joggeuse de 18 ans a été poignardée dans le dos et agressée sexuellement quai Deschamps, dans un quartier où la cohabitation entre sans-abris et riverains était déjà explosive. L’agresseur présumé, un sans domicile fixe de 23 ans, faisait partie des occupants expulsés un mois plus tôt d’un camp voisin sur décision de justice, malgré les mises en garde des associations. Retour sur un drame qui interroge sur la gestion de la précarité dans la capitale girondine.
Un mois avant le drame, l’expulsion des sans-abris ordonnée
Le 3 octobre 2024, le tribunal administratif de Bordeaux avait ordonné « aux occupants sans droit ni titre installés quai Deschamps de quitter les lieux sous 15 jours », donnant raison à la mairie qui demandait l’évacuation. Une décision contestée par les occupants et les associations d’aide comme La Maraude du cœur, qui dénonçaient « un coup de couteau dans le dos ». Malgré leurs arguments, la juge des référés a rejeté leur recours.
Les associations tirent la sonnette d’alarme
Pour les militantes associatives, cette décision d’expulsion était une catastrophe annoncée. Lors d’un rassemblement, elles accusent la mairie de précipitation et d’inhumanité, alertant sur les risques encourus par les sans-abris privés de l’« aire d’accueil solidaire » où ils avaient trouvé refuge. Une intervenante confie sous couvert d’anonymat :
On avait prévenu que les expulser comme ça, brutalement, sans solution de relogement pérenne, c’était mettre une bombe à retardement dans la ville. Ces personnes sont fragiles psychologiquement, en rupture de soins pour certaines. Les livrer à la rue, c’est risquer le pire, pour eux comme pour les autres.
L’expulsion exécutée, les sans-abri livrés à eux-mêmes
Passé le délai des 15 jours, l’expulsion est exécutée sans ménagement. Les tentes sont démantelées, les affaires personnelles saisies, et les occupants priés de quitter les lieux sans délai. Certains errent désormais dans les rues de Bordeaux, d’autres ont trouvé des squats précaires, loin de l’accompagnement minimal dont ils bénéficiaient sur le camp. Les riverains, eux, oscillent entre soulagement et inquiétude, redoutant une hausse de l’insécurité dans le quartier.
Un mois après, l’impensable se produit
Puis survient ce samedi noir, où une jeune joggeuse est agressée au couteau quai Deschamps par un ancien occupant du camp, un homme de 23 ans en grande précarité. Blessée dans le dos, elle est aussi victime d’une agression sexuelle. L’homme, interpellé par la police, aurait aussi agressé une autre jeune femme juste avant. Son profil inquiète : jeune, instable, sans suivi depuis l’expulsion du camp selon des sources associatives.
La mairie et la préfecture pointées du doigt
Pour les associations, ce drame était évitable et les autorités sont responsables. Une porte-parole accuse : « On avait dit que les expulser comme ça, c’était mettre des bombes humaines dans la nature. Voilà le résultat. La mairie et la préfecture doivent rendre des comptes ! ». Beaucoup demandent des solutions pérennes de mise à l’abri et d’accompagnement des plus fragiles pour éviter que ce scénario ne se reproduise.
La ville sous le choc, la polémique enfle
Bordeaux est sous le choc de cette agression qui ravive le débat sur la grande précarité. Dans ce quartier en pleine mutation entre nouveaux logements de standing et poches de pauvreté, le drame cristallise les tensions. Certains riverains expriment colère et exaspération, d’autres appellent à plus d’humanité et de solutions. La polémique enfle sur fond de campagne municipale qui s’annonce, chaque camp prenant position.
Une chose est sûre : après ce drame, la question des sans-abris ne peut plus être évacuée d’un simple coup de tampon judiciaire. Bordeaux, comme tant d’autres villes, va devoir trouver des réponses durables alliant humanité et sécurité. Un défi immense révélé au grand jour par le drame du quai Deschamps et le parcours chaotique de son auteur présumé, ballotté d’expulsions en expulsions jusqu’au pire. Les prochains mois s’annoncent brûlants dans la capitale girondine, entre émotion, polémiques et espoir de solutions enfin à la hauteur.