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Bolsonaro, leadership contesté au sein de l’extrême droite brésilienne

L'autorité de Bolsonaro remise en question au sein de la droite brésilienne après les municipales. De nouveaux visages émergent pour 2026, tandis que l'ancien président, inéligible, crie à la persécution politique. Le paysage politique se redessine au Brésil...

La récente vague des élections municipales au Brésil a redistribué les cartes au sein du camp conservateur. Si ce dernier sort globalement vainqueur des urnes, le leadership de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro est ouvertement contesté. Inéligible jusqu’en 2030 suite à ses attaques sans preuve contre le système de vote électronique, celui qui fut aux commandes du pays de 2019 à 2022 voit son autorité sur la droite durement ébranlée.

Un scrutin en demi-teinte pour les bolsonaristes

Certes, le Parti Libéral (PL), formation politique de Bolsonaro depuis fin 2021, a nettement accru son nombre total de voix par rapport au précédent scrutin municipal de 2020. Mais il n’a réussi à s’emparer que de 4 capitales régionales sur 26. Plus révélateur encore, seuls 10 des 27 poulains personnellement adoubés par l’ancien chef de l’État au second tour ont été élus, la plupart des profils radicaux ayant mordu la poussière.

Cette désillusion contraste avec l’optimisme affiché par le camp Bolsonaro à l’aube du scrutin. “Ces élections seront seulement un embryon du retour de Bolsonaro en 2026”, prédisait avec assurance Fabio Wajngarten, un proche de l’ex-président, quelques jours avant le second tour. Une projection quelque peu présomptueuse au vu des résultats.

De nouveaux visages émergent

Dans ce contexte d’incertitude autour de l’avenir politique de Bolsonaro, qui crie à la “persécution politique” face à la justice, de nouvelles figures s’imposent au sein du mouvement conservateur. À commencer par Tarcísio de Freitas, ancien ministre sous Bolsonaro et actuel gouverneur de São Paulo. Âgé de 49 ans, au profil plus modéré que son mentor, il apparaît comme l’un des principaux prétendants pour porter les couleurs de la droite en 2026.

Autre révélation de ce scrutin municipal : Pablo Marçal, influenceur auto-proclamé “antisystème” de 37 ans. Bien que non qualifié pour le second tour à São Paulo, il a créé la surprise en séduisant un nombre important d’électeurs bolsonaristes. Ne cachant pas ses ambitions présidentielles, il incarne cette nouvelle génération de leaders qui bouscule les lignes au sein de la galaxie conservatrice.

L’ombre de Trump

Si la domination de la droite à l’échelle nationale est confortée par ces municipales, le magistère de Bolsonaro semble lui s’effriter. Selon Geraldo Monteiro, politologue, environ 40% des élus au Parlement appartiennent désormais à “des partis de centre-droit pragmatiques qui ne sont pas en phase avec l’agenda bolsonariste” et ses valeurs ultra-conservatrices.

Mais un facteur externe pourrait rebattre les cartes : l’issue de la présidentielle américaine de 2024. En cas de victoire de son idole Donald Trump, nul doute que Bolsonaro y verrait un signe des cieux pour son propre destin politique. A contrario, une défaite de l’ancien locataire de la Maison Blanche serait un bien mauvais présage supplémentaire pour le tribun brésilien affaibli.

La recomposition en cours au sein de la droite brésilienne s’annonce donc aussi passionnante qu’imprévisible. Seule certitude : malgré ses déboires, Bolsonaro n’a pas dit son dernier mot et compte bien peser de tout son poids politique d’ici 2026. Rendez-vous est pris.

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