ActualitésInternational

Bolivie : 200 militaires retenus par des partisans de l’ex-président Morales

Vives tensions en Bolivie : le gouvernement accuse les partisans de l'ex-président Morales de retenir 200 militaires en "otage". Une situation explosive qui divise le pays...

La Bolivie traverse une nouvelle période de turbulences politiques. Selon le gouvernement, environ 200 militaires seraient actuellement retenus en “otage” par des partisans de l’ancien président Evo Morales, dans le cadre de barrages routiers initiés le 14 octobre dernier. Ces militants protestent contre la “persécution judiciaire” de leur leader et exigent la démission du président actuel Luis Arce. Retour sur cette crise qui divise le pays.

Une prise de contrôle de casernes qui inquiète

D’après les autorités boliviennes, des “groupes armés irréguliers” auraient pris le contrôle vendredi dernier d’une unité militaire dans le département de Cochabamba, au centre du pays. Ils auraient “pris en otage des militaires” et saisi “des armes et des munitions”. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre notamment 16 soldats encerclés par des paysans armés de bâtons pointus.

Le lendemain, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que “plus de deux cents militaires” étaient désormais retenus “dans trois unités militaires” par les manifestants. Une situation explosive qui préoccupe au plus haut point le gouvernement bolivien.

Des casernes toujours occupées

Selon le vice-ministre de la coordination avec les mouvements sociaux, Juan Villca, les trois casernes concernées étaient toujours occupées lundi, sans donner plus de détails sur le sort des militaires. Vicente Choque, l’un des leaders des fédérations indigènes du Chapare à l’origine du mouvement, conteste lui le terme “d’otages”. Il parle simplement de “vigies” postées devant les régiments pour surveiller les entrées et sorties.

Il n’y a pas un seul otage, je pense que le gouvernement exagère et ment.

Vicente Choque, leader indigène

Mais pour Omar Duran, un officier à la retraite, les faits sont clairs : “Les militaires sont bel et bien retenus, ils ne sont pas autorisés à partir”. Des images de l’AFP montrent de nombreux civils, dont des enfants, massés devant les casernes. À l’intérieur, des soldats semblent monter la garde mais aucun ne paraît armé.

Un manque de moyens des forces armées pointé du doigt

Comment une telle situation a-t-elle pu se produire ? Pour Omar Duran, les forces armées boliviennes manquent cruellement de moyens :

Les forces armées sont abandonnées, elles ne disposent pas d’équipement anti-émeute et les rares armes qu’elles ont sont des armes de guerre.

Omar Duran, officier à la retraite

Il pointe aussi du doigt un possible manque de soutien du gouvernement qui aurait pu pousser les militaires à ne pas intervenir, de peur d’être lâchés en cas de dérapage. Une enquête approfondie devrait être menée pour déterminer les éventuelles responsabilités dans ce blocage sans précédent des casernes.

Evo Morales, au cœur des tensions

Cette crise s’inscrit dans un contexte de fortes tensions entre l’actuel président Luis Arce et son prédécesseur Evo Morales. Les deux hommes, issus du même parti de gauche, le Mouvement vers le socialisme (MAS), s’affrontent pour obtenir l’investiture du MAS pour la présidentielle de 2025.

Evo Morales, qui a dirigé la Bolivie de 2006 à 2019, conserve une forte influence dans son bastion du Chapare, une région agricole où se trouvent justement les trois casernes occupées. Ses partisans dénoncent la “persécution politique et judiciaire” dont il ferait l’objet et réclament la libération des dirigeants sociaux “injustement détenus”.

De son côté, le gouvernement de Luis Arce condamne fermement ces actions qu’il qualifie de “prises d’otages” et de “sédition”. Il a appelé au dialogue mais prévient aussi qu’il ne tolérera pas ce genre de débordements mettant en péril l’ordre public et la sécurité du pays.

Cette nouvelle épreuve de force entre les deux figures de la gauche bolivienne fait craindre une escalade des tensions dans les prochaines semaines. La Bolivie retient son souffle, espérant une issue pacifique et rapide à cette crise sans précédent.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.