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Boléro de Ravel : La bataille pour les droits d’auteur

La paternité du Boléro de Ravel est au cœur d'un bras de fer judiciaire entre les héritiers du compositeur et ceux du décorateur Benois. Qui empochera les précieux droits d'auteur de l'œuvre ?

Qui est le véritable auteur du célébrissime Boléro de Ravel ? C’est la question brûlante qui oppose actuellement les ayants droit du compositeur français Maurice Ravel et ceux du décorateur russe Alexandre Benois devant la justice. Un enjeu de taille, car depuis que l’œuvre est tombée dans le domaine public en 2016, c’est le destinataire des précieux droits d’auteur qui est en jeu.

Un chef-d’œuvre né d’une commande

Flashback en 1928. Maurice Ravel, alors au sommet de son art, reçoit une commande particulière de la part de la danseuse russe Ida Rubinstein : composer une musique de ballet. Le Boléro voit le jour, fruit de la collaboration entre Ravel et le décorateur Alexandre Benois, ami de la danseuse. Créée en novembre de la même année à l’Opéra Garnier de Paris, l’œuvre rencontre un triomphe immédiat, saluée tant par le public que par la critique.

Mais voilà qu’aujourd’hui, près d’un siècle plus tard, la question de la paternité de ce joyau musical refait surface. Les héritiers de Benois affirment que le décorateur russe serait en réalité le co-auteur du Boléro aux côtés de Ravel. Une hypothèse lourde de conséquences, car Benois étant décédé en 1960, cela étendrait les droits d’auteur sur l’œuvre jusqu’en… 2039 !

L’enjeu financier

Car derrière cette bataille juridique se cache un enjeu de taille : l’argent. Si le Boléro ne génère plus les millions d’euros annuels d’antan, les montants en jeu restent conséquents. D’après des estimations, les droits s’élevaient encore en moyenne à plus de 135 000 euros par an sur la période 2011-2016. Des sommes qui continueraient donc de tomber dans l’escarcelle des ayants droit si la thèse de la « double paternité » venait à l’emporter.

Au tribunal, les pièces fournies n’ont pas suffi à démontrer la qualité d’auteur d’Alexandre Benois sur le Boléro.

Première manche pour Ravel

Mais pour l’instant, c’est plutôt Ravel qui mène aux points. Le 28 juin dernier, le tribunal de Nanterre a en effet débouté les ayants droit de Benois, estimant que les preuves apportées ne permettaient pas d’établir le statut de co-auteur du décorateur russe. Les magistrats ont également rejeté la thèse d’une autre co-autrice lésée avancée par certains : la chorégraphe Bronislava Nijinska.

Pour la Sacem, qui gère les droits d’auteur en France et s’est fermement opposée aux revendications des pro-Benois, cette décision est une victoire. Les héritiers de Ravel ont même obtenu un euro symbolique de dommages et intérêts pour « abus de droit moral d’auteur ».

Mais la partie n’est pas finie

Seulement voilà : loin de s’avouer vaincus, les ayants droit de Benois et de Ravel ont tous deux fait appel de ce jugement fin novembre. Contacté, l’avocat de la succession Benois a indiqué « réserver ses critiques » pour l’audience à venir. La bataille juridique autour de l’héritage du Boléro semble donc partie pour durer, près de 100 ans après la création de ce tube classique qui n’en finit pas de faire danser les prétoires. Affaire à suivre…

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