C’est un rendez-vous crucial qui attend Dave Calhoun, le PDG de Boeing, le 18 juin prochain. Le patron du géant aéronautique américain va en effet devoir témoigner devant une commission d’enquête du Sénat des États-Unis au sujet des problèmes de production rencontrés par son entreprise. Une audition à haut risque, alors que Boeing traverse une zone de fortes turbulences depuis plusieurs mois.
Boeing dans la tourmente
L’avionneur fait face à une accumulation de difficultés qui ont entaché sa réputation et inquiété les autorités. Tout a commencé le 5 janvier dernier, lorsqu’un incident en vol sur un 737 MAX de la compagnie Alaska Airlines a mis en lumière de graves défaillances. Plusieurs audits et enquêtes, dont une menée par le régulateur américain de l’aviation civile (FAA), ont depuis identifié de nombreux problèmes de “non-conformité” et défauts de fabrication, en particulier dans le contrôle qualité.
Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour Boeing. Outre le 737 MAX, c’est aussi la production des long-courriers 787 Dreamliner et 777 qui est pointée du doigt. Conséquence directe : la FAA a gelé les cadences de production du 737 MAX, l’avion vedette de Boeing. Un coup dur pour l’entreprise, déjà fragilisée par les deux tragiques crashs de cet appareil en 2018 et 2019, qui avaient fait 346 morts.
Un plan d’action sous haute surveillance
Pour tenter de redresser la barre, Boeing a présenté fin mai un “plan d’action complet” exigé par le régulateur. Mais cela suffira-t-il à convaincre et rassurer ? C’est tout l’enjeu de l’audition de Dave Calhoun devant le Sénat. Le dirigeant va devoir démontrer la détermination et la capacité de son groupe à résoudre ces problèmes systémiques.
J’ai hâte d’entendre le témoignage de M. Calhoun, qui est une étape nécessaire pour aborder correctement les défaillances de Boeing, pour retrouver la confiance du public et pour rétablir la position centrale du groupe dans l’économie américaine et la défense nationale.
Richard Blumenthal, sénateur et président de la commission d’enquête
Pour l’heure, Boeing assure être pleinement mobilisé pour renforcer la sécurité et la qualité de ses appareils. Mais il faudra sans doute plus que des paroles pour convaincre les sénateurs. Ces derniers attendent des engagements fermes et des preuves tangibles des actions correctives menées.
L’avenir de Boeing en jeu
Au-delà de sa crédibilité, c’est la survie même de Boeing qui pourrait se jouer dans les prochains mois. Le géant de Seattle reste un acteur majeur de l’industrie aéronautique mondiale, mais sa domination est clairement ébranlée par cette succession de crises. D’autant que son grand rival européen Airbus continue lui de gagner des parts de marché.
Pour ne rien arranger, Boeing est aussi dans le collimateur du ministère américain de la Justice. Mi-mai, ce dernier a estimé que le groupe n’avait “pas respecté ses obligations” dans le cadre d’un accord passé en 2021 après les accidents du 737 MAX. Boeing risque donc des poursuites pénales, en plus de devoir régler ses problèmes industriels.
Dans ce contexte plus que délicat, l’audition de Dave Calhoun devant la commission sénatoriale s’annonce comme un tournant. Le dirigeant, en poste depuis janvier 2020 et qui doit quitter son fauteuil d’ici fin 2024, joue là une partie décisive. Sa capacité à reconquérir la confiance, aussi bien des parlementaires que des autorités de régulation et du grand public, sera essentielle pour l’avenir de Boeing. Un défi immense.
