Depuis vendredi dernier, le site de GE Vernova à Montoir-de-Bretagne vit au rythme d’un blocage tenace mené par des salariés en colère. Ces derniers protestent vigoureusement contre les suppressions de postes annoncées par la direction du groupe, spécialisé dans les énergies renouvelables. La tension est palpable sur le site industriel et les négociations semblent dans l’impasse.
Des Salariés Déterminés à se Faire Entendre
Dès vendredi matin, des blocs de béton ont été installés par les salariés aux entrées du site pour empêcher l’accès et bloquer certains « endroits stratégiques » selon la CGT. Cette action coup de poing vise à faire pression sur la direction pour qu’elle revienne sur sa décision de supprimer 140 postes sur le site de Montoir-de-Bretagne.
L’intersyndicale CGT-CFE-CGC, qui mène la fronde, affirme que 40 de ces suppressions d’emplois ne sont « pas justifiées » et menacent la viabilité du site. Les syndicats exigent de la direction qu’elle revoie sa copie et apporte des garanties sur les mesures sociales d’accompagnement.
Un Bras de Fer qui s’Enlise
Lundi matin, après 4 jours de blocage, la direction a convoqué les représentants syndicaux pour tenter de déminer la situation. Selon ces derniers, la direction aurait fait quelques concessions sur l’emploi et les mesures sociales. Mais elle pose comme condition préalable la levée du blocage, ce que refusent les grévistes.
La direction affirme refuser de négocier tant que le blocus n’est pas levé.
Les syndicats
De son côté, la direction assure « reconnaître pleinement le droit des salariés à manifester » et vouloir privilégier le dialogue. Elle invoque un contexte économique difficile lié à « l’inflation et aux retards de projets qui affectent le développement du marché de l’éolien offshore ».
Un Site Industriel Stratégique pour la Filière Éolienne
L’usine de Montoir-de-Bretagne est un maillon clé de la chaîne de valeur des éoliennes en mer. Elle a notamment fabriqué les nacelles du parc éolien de Saint-Nazaire et travaillé sur le méga-projet de Dogger Bank au Royaume-Uni.
Tout blocage prolongé pourrait donc avoir des répercussions sur des chantiers stratégiques et fragiliser un peu plus une filière déjà sous tension. GE Vernova, né en avril de la scission des activités énergétiques de General Electric, emploie au total 7500 personnes en France.
Les Deux Camps Campent sur leurs Positions
Mardi, aucune éclaircie ne semblait poindre dans ce conflit social. Les grévistes maintiennent la pression avec leur blocage tandis que la direction temporise, espérant un essoufflement du mouvement.
Cette situation illustre les profondes inquiétudes des salariés de l’industrie face aux restructurations en cours. Elle met aussi en lumière la fragilité d’une filière éolienne dont les ambitions sont contrariées par de multiples défis économiques et opérationnels.
Selon une source proche du dossier, le gouvernement suivrait avec attention ce bras de fer social chez un acteur majeur des énergies renouvelables. La transition énergétique, priorité affichée de l’exécutif, passe aussi par une industrie apaisée et des emplois pérennes.
Une Issue Incertaine
À ce stade, difficile de prédire l’issue de ce conflit. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si le dialogue social peut reprendre ses droits et déboucher sur un compromis acceptable. Faute d’accord, le spectre d’un enlisement et d’une escalade plane, avec des conséquences potentiellement lourdes pour le site et ses salariés.
Cette crise chez GE Vernova prend une dimension symbolique dans le contexte de tensions sociales qui agite le pays. Elle illustre la difficile équation entre transition écologique, compétitivité industrielle et protection de l’emploi. Un trilemme aux enjeux cruciaux sur lequel se cristallisent les inquiétudes des salariés à l’heure des mutations.