Les espoirs d’un traité mondial ambitieux contre la pollution plastique s’amenuisent à mesure que les négociations à Busan, en Corée du Sud, s’enlisent. Selon des diplomates et observateurs sur place, l’obstruction de plusieurs pays menace sérieusement les chances de parvenir à un accord d’ici la date butoir du 1er décembre.
Des discussions qui tournent en rond
Depuis le début des pourparlers lundi, réunissant les délégués de plus de 170 pays, les travaux des quatre « groupes de contact » chargés de rédiger les termes du futur traité avancent au ralenti. Eirik Lindebjerg, de l’organisation WWF, déplore des discussions « qui tournent en rond » et progressent « trop lentement ».
Un constat corroboré par plusieurs diplomates sous couvert d’anonymat. « C’est très, très lent, avec les pays habituels qui font tout pour ralentir le processus », se désole un délégué latino-américain. Les documents des groupes de travail révèlent notamment que l’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie réclament des changements substantiels, en particulier la suppression des clauses visant à restreindre la production de nouveaux plastiques.
L’Arabie saoudite s’oppose aux restrictions de production
Dans une proposition, les Saoudiens estiment que limiter la production irait « au-delà » des objectifs du traité axés sur la pollution, et pourrait créer des « perturbations économiques ». Une position qui exaspère nombre de participants :
Il y a une différence entre protéger ses intérêts et entraver délibérément les progrès des négociations.
Un délégué d’un petit État insulaire
Le spectre d’une fin de pourparlers compliquée
Face à ces blocages, la teneur des discussions laisse présager une conclusion des pourparlers pour le moins difficile. Un diplomate européen prédit « une situation très compliquée d’ici deux jours au plus tard ». Malgré tout, Eirik Lindebjerg relève quelques points positifs, notamment sur les propositions visant les produits chimiques problématiques :
Cela peut nous permettre d’aller loin dans l’éradication des objets en plastique nocifs et inutiles qui empoisonnent l’humanité et la nature. Maintenant, la majorité progressiste des pays représentés ici doit agir à l’unisson et ne pas faire de compromis.
Eirik Lindebjerg, WWF
Forger un accord soutenu par une large majorité
Pour un diplomate européen, « la clé du succès est de formuler un accord soutenu par une grande majorité ». Une telle dynamique « forcera le petit groupe de pays qui bloquent à tenter de torpiller le traité ou à devenir la minorité bruyante et insatisfaite d’un traité qu’ils finiront par signer ».
À ce stade, le chemin vers un traité ambitieux et consensuel contre la pollution plastique s’annonce encore long et semé d’embûches. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer si la communauté internationale parviendra à s’unir face à ce défi planétaire, ou si les intérêts divergents de quelques-uns l’emporteront. Un test crucial de la capacité du multilatéralisme à répondre aux grandes crises environnementales.