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Blanchiment de Cryptomonnaies Lié au Narcotrafic : 4 Inculpés à Paris

Un réseau international de blanchiment de cryptomonnaies provenant du trafic de drogue démantelé. Des ramifications de Dubaï aux USA, en passant par la France. Quatre personnes inculpées à Paris. Les dessous d'une affaire aux enjeux colossaux qui ébranle le milieu criminel et questionne sur l'usage des cryptos. Une enquête aux multiples rebondissements...

Une affaire tentaculaire de blanchiment de cryptomonnaies liée au narcotrafic international vient d’être mise au jour, ébranlant les milieux criminels de Dubaï aux États-Unis, en passant par la France. Quatre personnes ont été inculpées à Paris dans ce vaste réseau, a-t-on appris ce mercredi de source proche du dossier et auprès du parquet de Paris.

Un réseau démantelé, des ramifications internationales

Cette enquête d’envergure, ouverte en 2021, illustre de manière saisissante la convergence d’écosystèmes criminels différents, à la croisée entre narcotrafic, blanchiment et cybercriminalité. Selon les informations communiquées par le parquet de Paris et la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), trois personnes ont été mises en examen le 29 juillet dernier, dont deux de nationalité française et une ukrainienne.

Une quatrième personne, une femme née en Russie en 1986, a été interpellée le 1er octobre 2023 à Nice, à la descente d’un vol en provenance de Dubaï. Elle a été placée en détention provisoire. Mais le coup de filet ne s’arrête pas là. Un cinquième suspect, présenté comme l' »objectif principal » de ce dossier, a été arrêté à Dallas aux États-Unis, sur mandat d’arrêt de la France.

L’application Sky ECC au cœur de l’enquête

Les faits, commis en France, à Dubaï et aux États-Unis, ont été révélés lors de l’enquête portant sur la messagerie cryptée Sky ECC, prisée des narcotrafiquants. Des messages faisant référence à Paris ont mis en lumière une intense activité de collecte d’argent liquide issu du trafic de stupéfiants, qui était ensuite blanchi par le réseau, pour plusieurs centaines de milliers d’euros.

D’après les éléments de l’enquête, ces liquidités ont également été recueillies dans d’autres pays européens comme l’Espagne, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Italie. Elles étaient ensuite converties en cryptomonnaies.

Des montants colossaux blanchis via les cryptomonnaies

Une fois transformées en monnaies virtuelles, ces sommes ont pu être échangées via des plateformes comme Binance, pour plus de 55 millions d’USDT (une cryptomonnaie adossée au dollar américain). Le but ? Les reverser sur des comptes bancaires classiques, effaçant ainsi leur origine illicite.

La femme née en Russie est soupçonnée d’avoir joué un rôle clé dans ce système. Elle aurait contribué à hauteur de dizaines de millions d’USDT et fait transiter aux États-Unis des butins issus de rançongiciels, causant un préjudice de plus d’un million de dollars.

Une enquête aux multiples chefs d’inculpation

L’enquête, menée par l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), a été ouverte pour de nombreux chefs : blanchiment d’importations de stupéfiants en bande organisée, atteintes à des systèmes de traitement automatisés de données et association de malfaiteurs.

Cette affaire met en lumière l’utilisation croissante des cryptomonnaies par les réseaux criminels pour blanchir l’argent du trafic de drogue à l’échelle internationale. Elle soulève également des questions sur la régulation de ces monnaies virtuelles et les défis auxquels sont confrontées les autorités pour traquer ces flux financiers illicites.

Le démantèlement de ce réseau constitue un coup porté à la criminalité organisée, mais il est fort probable que ce ne soit que la partie émergée de l’iceberg. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour remonter l’intégralité de cette chaîne du blanchiment et identifier tous les acteurs impliqués dans ce vaste système tentaculaire.

Un signal fort dans la lutte contre la cybercriminalité

Cette affaire envoie un signal fort : malgré leur nature décentralisée et pseudo-anonyme, les cryptomonnaies ne sont pas hors d’atteinte des forces de l’ordre. Les autorités françaises, en coordination avec leurs homologues internationaux, prouvent leur détermination et leur capacité à s’attaquer à ces nouveaux vecteurs de la criminalité financière.

Il est certain que cette enquête aura des répercussions et poussera les réseaux criminels à revoir leurs méthodes. Mais elle pose aussi la question de l’encadrement des cryptomonnaies et de la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour faire face à ces défis d’un genre nouveau.

Ce dossier hors norme n’a certainement pas fini de livrer tous ses secrets. Il marque une étape importante dans la lutte contre le blanchiment d’argent à l’ère numérique et ouvre la voie à de nouvelles réflexions sur les moyens de contrer ces pratiques illicites qui gangrènent l’économie mondiale.

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