Un nouveau coup de semonce vient d’être tiré dans la lutte mondiale contre le blanchiment d’argent. Le Groupe d’action financière (Gafi), l’organisme intergouvernemental de référence en la matière, a annoncé l’ajout de quatre pays à sa fameuse “liste grise” : l’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire et le Liban. Une décision lourde de conséquences qui appelle à une vigilance renforcée sur les transactions financières liées à ces États.
La liste grise du Gafi, un dispositif de surveillance renforcée
Mais qu’est-ce que cette liste grise exactement ? Il s’agit d’un inventaire des pays présentant des défaillances stratégiques dans leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Sans aller jusqu’à la mise au ban de la liste noire, réservée aux cas les plus critiques comme l’Iran ou la Corée du Nord, la liste grise soumet les pays concernés à une surveillance accrue et les enjoint à combler rapidement leurs lacunes.
L’inscription sur cette liste n’est pas anodine. Elle peut compliquer l’accès de ces pays aux financements internationaux et ternir leur réputation sur la scène mondiale. C’est un signal fort envoyé à la communauté internationale pour appeler à une vigilance accrue sur les flux financiers en provenance ou à destination de ces États.
Des plans d’actions pour sortir de la liste
Mais tout n’est pas perdu pour autant. Comme l’a souligné la présidente du Gafi, l’inscription sur la liste grise n’est pas une « mesure punitive » mais plutôt un moyen « d’orienter les pays sur la voie de l’amélioration ». Chaque pays concerné a d’ailleurs collaboré activement avec le Gafi pour élaborer un plan d’action visant à combler ses lacunes.
C’est le chemin qu’a suivi avec succès le Sénégal, retiré de la liste grise à l’issue de cette session du Gafi. Le pays a été salué pour les « mesures substantielles » prises, notamment le renforcement de sa capacité à enquêter et poursuivre les cas de blanchiment liés à la corruption.
Le cas spécifique du Liban
Parmi les nouveaux entrants, le cas du Liban a fait l’objet d’une attention particulière. Le pays traverse actuellement une crise profonde et le Gafi a tenu à préciser que son statut sur la liste grise ne devait pas entraver les efforts d’aide internationale. Une “certaine flexibilité” a été accordée au pays sur les délais de son plan d’action.
Le Gafi “travaille pour garantir que les canaux d’aide humanitaire restent ouverts” pour le Liban.
– Elisa de Anda Madrazo, Présidente du Gafi
Une coopération internationale renforcée
Au-delà des cas individuels, cette session du Gafi a aussi été marquée par une volonté d’élargir la coopération internationale. Pour la première fois, les Îles Caïmans et le Sénégal ont été invités à participer aux travaux en tant qu’observateurs. Une ouverture saluée comme “une avancée significative” dans la stratégie du Gafi visant à accroître son inclusivité et la diversité des points de vue en son sein.
Cette session du Gafi envoie un message clair : la lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière reste une priorité absolue sur l’échiquier mondial. Si l’inscription sur la liste grise est un signal fort, elle s’accompagne aussi d’une main tendue pour aider les pays concernés à renforcer leurs dispositifs. Car face à des flux financiers qui ignorent les frontières, c’est bien une réponse globale et coordonnée qui s’impose.