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BlackRock Bitcoin ETF : 2,7 Milliards Partis en Fumée

2,7 milliards de dollars se sont envolés de l’ETF Bitcoin de BlackRock en seulement six semaines – la pire série de retraits de son histoire. Les institutions, censées sauver le marché, fuient-elles le navire ? Ce qui se passe vraiment derrière ces chiffres est plus inquiétant qu’on ne le croit…

Imaginez le géant incontesté de la finance traditionnelle, celui qui gère plus de 10 000 milliards de dollars d’actifs, en train de voir son produit phare en cryptomonnaie se vider à une vitesse jamais vue. C’est exactement ce qui arrive à BlackRock en cette fin d’année 2025.

Le plus grand ETF Bitcoin au monde saigne comme jamais

L’iShares Bitcoin Trust (IBIT), lancé en fanfare en janvier 2024, vient d’enregistrer sa sixième semaine consécutive de sorties nettes. Plus de 2,7 milliards de dollars ont quitté le fonds rien que sur les cinq dernières semaines complètes, auxquels s’ajoutent 113 millions supplémentaires rien que le 4 décembre. Un record absolu.

Pour mettre cela en perspective : novembre 2025 est officiellement le pire mois de l’histoire d’IBIT. Près de 2,2 milliards de retraits, soit huit fois plus qu’en octobre. Même janvier 2024, lors du lancement, n’avait pas connu une telle hémorragie.

Des chiffres qui font mal

Quand on regarde les actifs sous gestion, le choc est encore plus violent. IBIT reste colossal avec plus de 71 milliards de dollars, mais la dynamique est clairement cassée. Les investisseurs institutionnels, ceux-là mêmes qui avaient fait exploser les entrées au premier semestre 2025, semblent avoir changé d’avis radicalement.

En résumé chiffré :
• 6 semaines consécutives de sorties (record historique)
• 2,7 milliards de dollars retirés en 5 semaines
• 113 millions supplémentaires le 4 décembre seul
• Novembre 2025 = pire mois jamais enregistré pour IBIT

Le rêve du “pont institutionnel” se fissure

Lorsque les ETF Bitcoin spot ont été approuvés début 2024, l’industrie entière a crié victoire. Enfin, Wall Street allait ouvrir grand les vannes. BlackRock, Fidelity, Ark Invest… tous se sont précipités. Les prévisions les plus optimistes tablaient sur 100 milliards de dollars d’entrées la première année.

On en était à plus de 90 milliards au pic du marché. Et puis tout s’est effondré.

Le plus ironique ? Ces mêmes institutions qui devaient apporter la stabilité semblent être les premières à prendre la porte quand ça chauffe. Les données on-chain et les rapports de flux montrent clairement que les retraits proviennent majoritairement de gros porteurs – fonds de pension, family offices, hedge funds – et non du petit porteur retail.

Bitcoin perd son aura de “nouvel or numérique”

À l’heure où j’écris ces lignes, Bitcoin oscille autour des 89 000 dollars, en baisse de plus de 8,5 % depuis le 1er janvier 2025. Pendant ce temps, le S&P 500 gagne 16 %. C’est la première fois depuis 2014 que les actions américaines surperforment aussi nettement Bitcoin sur une année civile.

Le narrative du “digital gold” en prend un sérieux coup. Pire : la corrélation historique avec les actifs à risque s’est totalement décorrélée. Pendant que les valeurs technologiques IA explosent et que l’or physique flirte avec des records historiques, Bitcoin évolue en solo… mais dans le mauvais sens.

“On assiste à un retour brutal à la réalité. Les institutionnels achètent la hausse, pas la baisse. Quand le momentum se retourne, ils sortent en premier.”

Analyste senior chez Bitwise (anonyme)

L’effet “Trump boom” qui n’a jamais eu lieu

Beaucoup avaient misé sur une victoire républicaine pour déclencher une vague réglementaire favorable. On parlait de réserve stratégique Bitcoin, de suppression de la taxation sur les plus-values crypto, de feu vert aux banques pour la garde de BTC… Rien de tout cela n’est arrivé pour l’instant.

Au contraire, l’épisode des meme coins lancés par la famille Trump juste avant l’élection a profondément choqué une partie de la communauté et des investisseurs sérieux. Des centaines de millions pompés sur des tokens sans valeur, puis crash de 90 % en quelques mois. L’image du secteur en a pris un coup durable.

Anthony Scaramucci, pourtant pro-Trump historique, n’y est pas allé par quatre chemins dans son podcast : “Cela a eu l’effet exactement inverse. Cela a soulevé des questions de conflit d’intérêts et de crédibilité. Les régulateurs sont encore plus méfiants qu’avant.”

Les signaux techniques confirment le malaise

Sur les marchés dérivés, le funding rate reste négatif depuis plusieurs semaines – signe que les positions short dominent. La prime des ETF (différence entre prix de l’ETF et NAV) oscille autour de -0,8 %, un niveau rarement vu hors périodes de panique.

Même les mineurs capitulent : le hashrate a baissé de près de 12 % depuis le pic d’octobre, preuve que certains acteurs historiques débranchent leurs machines, incapables de couvrir leurs coûts électriques à ces niveaux de prix.

2026 sera-t-il l’année de la grande désillusion institutionnelle ?

Plusieurs scénarios se dessinent.

Le premier, pessimiste : si les sorties continuent au rythme actuel, IBIT pourrait perdre 15 à 20 milliards supplémentaires d’ici le printemps. Cela entraînerait une pression vendeuse mécanique énorme (les ETF doivent vendre du BTC pour honorer les rachats), pouvant pousser le prix sous les 70 000 dollars.

Le second, plus mesuré : une stabilisation autour des 80-90k avec un retour progressif des institutionnels dès qu’un nouveau catalyseur apparaît (baisse des taux de la Fed plus forte, assouplissement réglementaire concret, etc.).

Le troisième, optimiste mais minoritaire : un “short squeeze” monumental si jamais un événement géopolitique ou monétaire pousse les capitaux vers les actifs “durs”.

Ce que cela nous dit sur la maturité du marché crypto

Cette crise est en réalité un formidable test de maturité.

Nous découvrons que les institutionnels ne sont pas les “mains de diamant” qu’on imaginait. Ils restent des gestionnaires de risque avant tout. Quand leur mandat les oblige à réduire l’exposition aux actifs volatils, ils le bouton “sell” est actionné sans état d’âme.

Nous découvrons aussi que la corrélation avec les marchés traditionnels n’a pas disparu : elle s’est simplement inversée temporairement. Bitcoin reste un actif à beta élevé, point final.

Enfin, nous découvrons que la politique peut couper dans les deux sens. Un président pro-crypto qui lance ses propres shitcoins peut faire plus de mal que bien à l’image du secteur.

En résumé, 2025 pourrait bien être l’année où le marché crypto passe de l’adolescence euphorique à l’âge adulte… douloureux mais nécessaire.

La question n’est plus de savoir si Bitcoin survivra – il a déjà prouvé qu’il le pouvait – mais de savoir s’il peut devenir l’actif refuge et la réserve de valeur que beaucoup rêvent de voir. Pour l’instant, la réponse semble pencher vers le non.

Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs. Et BlackRock, malgré la tempête, reste le meilleur baromètre pour mesurer la température réelle de l’adoption institutionnelle.

À suivre, de très près.

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