Le monde de la cryptomonnaie vient de vivre un véritable séisme. L’annonce de la démission anticipée de Gary Gensler, président de l’autorité américaine de régulation des marchés financiers (SEC), a eu un effet immédiat sur le cours du bitcoin. La devise numérique reine a ainsi établi un nouveau record absolu à 99 022,69 dollars, s’approchant dangereusement du seuil symbolique des 100 000 dollars.
Un départ qui rebat les cartes
Depuis sa nomination par le président Joe Biden, Gary Gensler s’était imposé comme l’ennemi juré des cryptomonnaies. Ancien banquier, il souhaitait réglementer les devises numériques comme des titres financiers classiques. Une approche répressive qui s’est traduite par de nombreux procès intentés par la SEC contre les plus grosses plateformes d’échanges comme Binance, Coinbase ou encore Kraken.
D’après une source proche, sa démission anticipée, effective dès le 20 janvier prochain, jour de l’investiture de Donald Trump, serait donc une véritable bouffée d’oxygène pour l’industrie. Le nouveau président américain avait en effet annoncé vouloir remplacer Gensler dès son arrivée au pouvoir, le jugeant trop sévère envers les cryptos.
La SEC essuie des revers
Malgré son acharnement, la SEC a essuyé plusieurs revers judiciaires ces derniers mois. Elle a notamment été contrainte d’autoriser la mise sur le marché de nouveaux produits de placement appelés ETF (exchange traded fund). Ceux-ci permettent aux investisseurs de profiter des fluctuations du bitcoin sans en acheter directement.
Plus récemment encore, un tribunal fédéral du Texas a retoqué un nouveau point de règlement introduit par le gendarme boursier qui élargissait la définition de courtier aux plateformes de cryptomonnaies. Une décision saluée par les professionnels du secteur.
La SEC s’est posée en gardienne et a freiné l’innovation.
Hailey Lennon, ancienne juriste de Coinbase
Vers un assouplissement de la réglementation ?
L’arrivée d’une nouvelle équipe à la tête de la SEC et les récents échecs juridiques de l’institution laissent donc présager un allègement de la pression réglementaire sur l’industrie de la cryptomonnaie. Un soulagement pour de nombreux acteurs qui dénoncent un frein à l’innovation.
Toutefois, la cryptosphère reste un terrain propice aux arnaques et escroqueries en raison de son manque de régulation et de l’anonymat qu’elle garantit. Le scandale de la plateforme FTX fin 2022 et les déboires judiciaires des patrons de Binance et FTX en sont la preuve.
Vers une loi encadrant le secteur
Un nouvel équilibre entre innovation et protection des investisseurs semble donc nécessaire. C’est tout l’enjeu de la proposition de loi FIT21, adoptée en mai dernier à la Chambre des représentants. Actuellement à l’étude au Sénat, elle prévoit notamment de redonner la main à un autre régulateur, la CFTC, jugée plus pragmatique que la SEC.
L’avenir nous dira si ce changement de paradigme réglementaire profitera à l’essor des cryptomonnaies ou ouvrira la voie à de nouveaux abus. Une chose est sûre, le départ de Gary Gensler marque un tournant décisif dans l’histoire encore courte de la finance décentralisée.
