Imaginez un monde où l’investissement le plus sûr ne serait plus un titre d’État, mais une cryptomonnaie décentralisée, née il y a à peine 16 ans. Cette idée, autrefois inconcevable, gagne du terrain dans les cercles financiers et parmi les passionnés de cryptomonnaies. La phrase Bitcoin is the hurdle rate, ou « Bitcoin est le taux de référence », résonne comme un mantra dans les communautés crypto. Mais que signifie-t-elle vraiment ? Est-ce une simple provocation des bitcoiners ou une remise en question fondamentale des paradigmes économiques traditionnels ? Cet article explore ce concept audacieux, ses implications et les débats qu’il suscite, tout en offrant une plongée dans l’univers fascinant de Bitcoin et de son rôle dans la finance moderne.
Bitcoin : Une Nouvelle Référence Financière ?
Le terme hurdle rate, ou taux de référence, désigne le rendement minimum qu’un investissement doit atteindre pour être considéré comme viable. Traditionnellement, les obligations d’État, comme les bons du Trésor américain à 10 ans, servent de benchmark en raison de leur statut d’actif dit « sans risque ». Mais les défenseurs de Bitcoin remettent en question cette idée, affirmant que la cryptomonnaie offre un meilleur étalon pour évaluer les opportunités d’investissement. Pourquoi ? Parce que Bitcoin, avec son offre limitée à 21 millions d’unités et sa prévisibilité algorithmique, affiche des performances impressionnantes sur le long terme, surpassant souvent les actifs traditionnels.
Alors que les bons du Trésor subissent les aléas des politiques monétaires et des fluctuations économiques, Bitcoin, lui, repose sur des règles immuables. Cette stabilité structurelle, combinée à une forte appréciation de sa valeur, pousse certains à le considérer comme une alternative crédible aux actifs traditionnels. Mais cette idée est-elle aussi solide qu’elle en a l’air ?
Qu’est-ce que le Hurdle Rate ?
Pour comprendre l’expression Bitcoin is the hurdle rate, il faut d’abord clarifier ce qu’est le hurdle rate. En finance, ce terme désigne le seuil de rentabilité minimum qu’un projet ou un investissement doit dépasser pour être jugé pertinent. Ce seuil prend en compte plusieurs facteurs :
- Les coûts du projet ou de l’investissement.
- Le taux d’inflation, qui érode la valeur future des rendements.
- Les taux d’intérêt, qui influencent le coût du capital.
- Les risques associés, souvent intégrés sous forme de prime de risque.
Les entreprises utilisent souvent leur coût moyen pondéré du capital (WACC) comme base pour établir ce taux, parfois ajusté d’une prime de risque pour refléter l’incertitude. Les bons du Trésor, considérés comme des actifs à faible risque, servent généralement de référence. Mais avec un rendement souvent inférieur à l’inflation et sujet à des variations imprévisibles, leur statut de « sans risque » est aujourd’hui contesté.
Pourquoi Bitcoin comme Référence ?
Les défenseurs de Bitcoin avancent plusieurs arguments pour justifier son statut de nouvel étalon. Tout d’abord, Bitcoin affiche une performance historique remarquable. Sur n’importe quelle période de cinq ans, Bitcoin n’a jamais affiché de rendement négatif, contrairement aux bons du Trésor, dont les rendements ont parfois plongé en territoire négatif après ajustement pour l’inflation. Par exemple, en 2008 et en 2020, les rendements des bons du Trésor à 10 ans sont tombés sous la barre des 1 %, tandis que Bitcoin a connu des hausses spectaculaires après les crises.
« Bitcoin est le taux de référence. Si vous ne pouvez pas le surpasser, achetez-le. »
Global HODL, 25 juin 2025
Cette performance s’explique par plusieurs facteurs uniques à Bitcoin :
- Offre limitée : Avec un maximum de 21 millions de bitcoins, la rareté est programmée.
- Transparence : Les halvings, qui réduisent l’émission de nouveaux bitcoins tous les quatre ans, sont prévisibles et inscrits dans le code.
- Décentralisation : Contrairement aux obligations d’État, Bitcoin n’est pas soumis aux décisions d’une banque centrale.
Ces caractéristiques font de Bitcoin un actif prévisible et résilient, même face à des crises économiques. En 2020, après la chute des marchés liée à la pandémie, Bitcoin a rebondi de manière spectaculaire, renforçant son image d’actif refuge. À l’inverse, les rendements des bons du Trésor ont chuté, illustrant leur vulnérabilité aux politiques monétaires.
Bitcoin vs Bons du Trésor : Une Comparaison
Pour mieux comprendre pourquoi Bitcoin est proposé comme alternative aux bons du Trésor, comparons leurs caractéristiques :
| Critère | Bitcoin | Bons du Trésor |
|---|---|---|
| Rendement historique | Fortes hausses sur le long terme | Rendements faibles, souvent sous l’inflation |
| Risque | Volatilité élevée à court terme | Considéré comme « sans risque », mais sensible aux taux d’intérêt |
| Prévisibilité | Offre et émissions fixes | Sujet aux politiques monétaires |
| Accessibilité | Ouvert à tous, sans intermédiaire | Nécessite un accès au marché financier |
Cette comparaison met en lumière pourquoi les bitcoiners remettent en question la suprématie des bons du Trésor. Alors que ces derniers dépendent des décisions de la Réserve fédérale, Bitcoin offre une alternative décentralisée, moins sensible aux interventions centralisées. Cependant, sa volatilité à court terme reste un frein pour certains investisseurs.
Un Actif Institutionnel en Devenir
L’idée que Bitcoin puisse servir de taux de référence gagne du terrain, notamment grâce à son adoption croissante par des institutions. Des entreprises comme MicroStrategy, Metaplanet ou Nakamoto accumulent des réserves de Bitcoin, convaincues que cet actif surpasse les rendements traditionnels. Par exemple, les actions de MicroStrategy (MSTR) ont parfois affiché des performances supérieures à celles de Bitcoin lui-même, en raison de leur stratégie d’accumulation massive de BTC.
« Bitcoin est le taux de référence. Si vous ne pouvez pas le surpasser, vous devriez en détenir. »
Adam Back, 16 juin 2025
Cette adoption institutionnelle renforce la crédibilité de Bitcoin comme actif de référence. Même des sceptiques historiques, comme certains analystes financiers, reconnaissent aujourd’hui son potentiel. Cependant, cette montée en puissance ne fait pas l’unanimité, et des voix critiques s’élèvent, notamment parmi les puristes de Bitcoin.
Les Critiques : Un Slogan Controversé
Malgré son attrait, l’idée que Bitcoin is the hurdle rate ne convainc pas tout le monde. Certains puristes de Bitcoin dénoncent ce concept, en particulier lorsqu’il est utilisé pour promouvoir des actions de sociétés détenant du Bitcoin, comme MicroStrategy. Ils y voient une tentative de détourner l’essence décentralisée de Bitcoin vers des produits financiers traditionnels.
« Si Bitcoin est le taux de référence, détenir des actions d’une entreprise qui possède du Bitcoin, c’est perdre. Vous devez surpasser Bitcoin, pas le diluer via des intermédiaires. »
Pledditor, 8 juin 2025
Ces critiques soulignent un point crucial : détenir des actions d’une entreprise qui accumule du Bitcoin expose les investisseurs à des risques supplémentaires, comme la gestion centralisée ou les fluctuations du marché boursier. Pour les puristes, la véritable valeur de Bitcoin réside dans la détention directe, via un portefeuille personnel, sans intermédiaires.
Bitcoin et l’Inflation : Un Duo Gagnant ?
Un autre argument en faveur de Bitcoin comme taux de référence est sa résilience face à l’inflation. Alors que les politiques monétaires, comme les baisses de taux d’intérêt envisagées par la Réserve fédérale, peuvent dévaluer les obligations d’État, Bitcoin est souvent perçu comme une protection contre l’inflation. En période de hausse des prix, les investisseurs se tournent vers des actifs rares, comme l’or ou Bitcoin, pour préserver leur pouvoir d’achat.
En 2024, par exemple, la baisse des rendements des bons du Trésor a coïncidé avec une montée en Ascendante du Bitcoin comme actif refuge, renforçant l’idée que sa valeur pourrait augmenter en période d’incertitude économique. Cependant, les critiques mettent en garde contre le fait que la volatilité de Bitcoin peut décourager les investisseurs traditionnels, qui préfèrent la stabilité relative des obligations d’État.
Bitcoin : Un Actif pour Tous ?
L’un des atouts majeurs de Bitcoin est son accessibilité. Contrairement aux marchés financiers traditionnels, qui nécessitent des intermédiaires comme des courtiers, Bitcoin peut être acheté et détenu directement par n’importe qui, à condition de disposer d’un portefeuille numérique. Cette démocratisation de l’investissement renforce son attrait, en particulier dans des contextes économiques instables, comme en Bolivie, où les petites entreprises adoptent les cryptomonnaies pour se protéger de l’inflation.
Cette accessibilité, combinée à sa performance historique, fait de Bitcoin un candidat sérieux pour redéfinir les normes de l’investissement. Cependant, sa volatilité à court terme et son adoption encore naissante par les banques centrales soulignent que son statut de taux de référence reste un sujet de débat.
Les Défis à Relever
Malgré ses atouts, Bitcoin fait face à plusieurs défis pour s’imposer comme un véritable taux de référence. Sa volatilité à court terme, bien que compensée par des gains à long terme, peut rebuter les investisseurs prudents. De plus, son adoption par les institutions financières reste limitée, bien que croissante. Enfin, les préoccupations environnementales liées à la consommation énergétique du minage de Bitcoin soulèvent des questions sur sa durabilité à long terme.
Ces défis n’empêchent pas Bitcoin de gagner en popularité. Avec une capitalisation boursière dépassant les 2 000 milliards de dollars en 2025, Bitcoin est plus qu’une simple tendance : c’est un acteur majeur de la finance moderne. Mais pour détrôner les bons du Trésor, il devra prouver sa stabilité sur des périodes encore plus longues.
Conclusion : Une Révolution en Marche ?
L’idée que Bitcoin is the hurdle rate incarne une vision audacieuse : celle d’un monde où une cryptomonnaie décentralisée pourrait supplanter les actifs traditionnels comme référence financière. Grâce à sa rareté, sa prévisibilité et ses performances impressionnantes, Bitcoin défie les conventions. Cependant, les critiques, notamment celles des puristes, rappellent que la détention directe de Bitcoin reste essentielle pour préserver son esprit décentralisé.
Alors, Bitcoin est-il vraiment le nouvel étalon des investissements ? Si son adoption continue de croître, il pourrait redéfinir les règles du jeu financier. Mais pour l’instant, le débat reste ouvert, et l’avenir nous dira si Bitcoin s’imposera comme le véritable hurdle rate de l’ère crypto.
