Imaginez la scène : vous vous couchez dimanche soir avec un Bitcoin coincé depuis sept jours entre 90 000 $ et 92 500 $. Vous vous réveillez lundi matin et le roi des cryptos flirte déjà avec les 94 500 $. En quelques heures seulement, 150 milliards de dollars de capitalisation sont réapparus comme par magie. Ce n’est pas un rêve. C’est exactement ce qui s’est passé dans la nuit du 8 au 9 décembre 2025.
Le déclencheur parfait : la Fed prête à couper
Tout a commencé avec un changement brutal dans les probabilités implicites du marché monétaire. Les traders ont soudainement intégré plus de 85 % de chances d’une baisse de 25 points de base des taux directeurs américains lors de la réunion FOMC de la mi-décembre. Pourquoi maintenant ?
Les derniers chiffres de l’emploi américain (Non-Farm Payrolls) ont été solides, mais le taux de chômage a très légèrement remonté, et surtout, l’inflation PCE (l’indicateur préféré de la Fed) continue de décélérer. Jerome Powell avait lui-même ouvert la porte à une pause en novembre… mais les marchés ont interprètent désormais chaque donnée comme un feu vert pour reprendre l’assouplissement monétaire.
Quand les taux baissent, le coût d’opportunité de détenir des actifs sans rendement (or, Bitcoin, cryptos) diminue mécaniquement. L’argent quitte les obligations courtes et les comptes rémunérés pour aller chercher du risque. Et en 2025, le risque numéro un s’appelle toujours Bitcoin.
Une range devenue piège à ours
Pendant toute la semaine précédente, Bitcoin avait évolué dans une zone extrêmement étroite : à peine 3 % d’amplitude entre le support à 90 000 $ et la résistance à 92 500 $. Sur les graphiques dérivés, l’open interest était à des niveaux records et la majorité des positions étaient… short.
Les traders particuliers comme institutionnels s’étaient massivement positionnés à la baisse, convaincus que le marché allait corriger après la folie post-élection américaine. Erreur fatale.
Chiffres CoinGlass au moment du breakout :
• 412 millions $ de positions short liquidées en 4 heures
• 68 % des liquidations totales concernaient des shorts
• Pic de liquidations horaires le plus élevé depuis mars 2025
Le mécanisme implacable du short squeeze
Quand Bitcoin a franchi les 92 800 $ vers 3h du matin (heure française), les stop-loss se sont déclenchés en cascade. Chaque liquidation forcée achetait automatiquement du BTC pour couvrir, ce qui poussait le prix encore plus haut, déclenchant de nouvelles liquidations. Un cercle vicieux pour les baissiers, un cercle vertueux pour les haussiers.
En moins de six heures, le prix a gagné près de 5 %. Sur des leviers moyens de 20x à 50x, c’est une hécatombe. Les plateformes d’échange ont enregistré leur plus gros volume de liquidations depuis le crash LUNA/UST de 2022.
« On a vu exactement le même schéma qu’en janvier 2021 ou novembre 2024 : une compression longue, un open interest énorme côté short, et un catalyseur macro. Le résultat est toujours explosif. »
Un trader vétéran sur CT
Les altcoins prennent le relais
Ce qui rend ce mouvement encore plus intéressant, c’est que les altcoins ont surperformé Bitcoin de façon spectaculaire. Ethereum a gagné plus de 6 %, Solana près de 8 %, et certains tokens de couche 1 ont même fait +15 % dans la journée.
C’est le signe classique d’une rotation de capital : une fois que Bitcoin a montré la voie et que la peur passe en cupidité, l’argent frais va chercher plus de beta, c’est-à-dire plus de risque pour plus de rendement. Les meme coins et les petites caps ont littéralement explosé.
| Actif | Performance 24h | vs Bitcoin |
|---|---|---|
| Ethereum | +6,37 % | +4,4 % |
| Solana | +7,92 % | +6 % |
| BNB | +4,85 % | +2,9 % |
L’adoption institutionnelle continue d’alimenter le feu
Pendant que le marché retail paniquait ou jubilait, les institutions, elles, continuent leur marche en avant. La nouvelle du jour ? PNC Financial Services, 8e plus grande banque commerciale américaine, vient d’annoncer le lancement du trading spot Bitcoin directement sur sa plateforme pour ses clients éligibles.
Le plus fou ? Le service est intégré dans l’interface habituelle de gestion de portefeuille, aux côtés des actions et obligations. Plus besoin de compte séparé sur Coinbase ou Kraken. C’est la définition même de l’adoption mainstream.
Et PNC n’est pas seul. BlackRock, Fidelity, Goldman Sachs, JPMorgan… la liste des acteurs traditionnels qui offrent désormais une exposition directe au Bitcoin s’allonge chaque mois. On est très loin du narratif « Bitcoin réservé aux geeks et aux criminels » d’il y a cinq ans.
Et maintenant ? Les niveaux à surveiller
Techniquement, le prochain obstacle majeur se situe autour des 96 000-98 000 $, zone des précédents sommets historiques de novembre 2025. Si cette résistance cède, plus rien n’empêche un retour rapide vers les 100 000 $ psychologiques.
À court terme, une consolidation autour des 92-94 000 $ semble probable après un tel mouvement. Mais le biais reste clairement haussier tant que la Fed maintient son discours accommodant et que les flux institutionnels continuent.
Le vrai risque ? Que la Fed surprenne le marché mercredi avec un ton plus hawkish que prévu. Mais même dans ce cas, le mur d’achat institutionnel et la dynamique de liquidations rendent une correction profonde peu probable avant la fin d’année.
En résumé, ce qui vient de se passer n’est pas un simple rebond technique. C’est la rencontre explosive entre :
- Une politique monétaire qui redevient favorable
- Un positionnement extrêmement déséquilibré côté short
- Une adoption institutionnelle qui s’accélère
- Une liquidité globale abondante
Tous les ingrédients d’un marché haussier de fin d’année sont réunis. Et si l’histoire nous a montré que quand Bitcoin commence un vrai mouvement, il a tendance à aller beaucoup plus loin que ce que la majorité imagine.
Restez prudents, mais surtout… restez exposés.
