Imaginez un monde où les actifs financiers, autrefois liés comme des partenaires de danse, commencent à suivre des rythmes différents. C’est exactement ce qui se passe entre Bitcoin et le Nasdaq 100, un duo qui semblait inséparable il y a encore peu. Mercredi dernier, alors que le Nasdaq chutait de plus de 3 %, Bitcoin, lui, affichait une résilience surprenante, grimpant légèrement au-dessus des 84 000 $. Cette divergence, subtile mais significative, soulève une question : assiste-t-on à la fin d’une corrélation historique ?
Depuis des années, Bitcoin a été perçu comme une version amplifiée des actions technologiques, suivant les hauts et les bas du Nasdaq avec une volatilité accrue. Mais les récents mouvements du marché suggèrent un changement de paradigme. Dans cet article, nous explorons les raisons de cette dissociation, les implications pour les investisseurs, et ce que cela révèle sur l’évolution des dynamiques économiques mondiales.
Une relation autrefois indéfectible
Pour comprendre l’importance de cette divergence, il faut d’abord remonter à la genèse de la relation entre Bitcoin et le Nasdaq. Depuis son essor, Bitcoin a souvent été considéré comme un proxy des actifs risqués, en particulier des actions technologiques. Lorsque le Nasdaq 100, riche en entreprises comme Apple, Microsoft ou Tesla, grimpait, Bitcoin suivait souvent, amplifiant les gains. À l’inverse, les corrections du marché technologique entraînaient des chutes spectaculaires du roi des cryptomonnaies.
Cette corrélation s’expliquait par plusieurs facteurs. D’abord, les investisseurs institutionnels, qui dominent désormais le marché crypto, traitaient Bitcoin comme un actif spéculatif, similaire aux actions technologiques. Ensuite, les conditions macroéconomiques, comme les
Bitcoin a longtemps été vu comme une version amplifiée du Nasdaq, un actif à haut risque avec des rendements élevés.
Analyste financier anonyme
Pourtant, cette dynamique semble s’essouffler. Les données récentes montrent que la corrélation entre Bitcoin et le Nasdaq, qui atteignait des sommets de 0,8 sur une échelle de -1 à 1 en 2021, a chuté à environ 0,4 en 2025. Ce décrochage suggère que Bitcoin commence à tracer sa propre voie.
Mercredi : le jour où tout a changé
Le 16 avril 2025, les marchés ont offert un cas d’école de cette nouvelle dynamique. Alors que le Nasdaq 100 plongeait, perdant jusqu’à 4,5 % à son plus bas intraday, Bitcoin affichait une performance étonnamment stable. Le fonds iShares Bitcoin Trust (IBIT), qui suit le prix du Bitcoin, a clôturé en hausse de 0,46 %. De même, MicroStrategy, une entreprise fortement exposée à Bitcoin, a terminé la journée dans le vert, malgré une chute généralisée des géants technologiques.
Ce n’était pas un simple coup de chance. Pendant que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s’exprimait, les deux actifs ont brièvement chuté ensemble. Mais Bitcoin s’est rapidement repris, dépassant les 84 000 $, tandis que le Nasdaq continuait de dégringoler. Ce comportement contraste avec les années précédentes, où une telle déclaration aurait entraîné une vente massive des deux côtés.
Chiffres clés du 16 avril 2025 :
- Nasdaq 100 : -3,2 %
- Bitcoin : +0,46 % (IBIT)
- MicroStrategy : +0,30 %
- Or : +1,2 % (nouveau record)
L’or, le nouvel allié de Bitcoin ?
Si Bitcoin se détache du Nasdaq, il semble trouver un nouvel écho auprès d’un actif bien plus ancien : l’or. En 2025, le métal précieux a enregistré 12 records historiques consécutifs, défiant la faiblesse des actions américaines. Cette performance reflète un regain d’intérêt pour les actifs dits refuges, ceux qui protègent contre l’incertitude économique.
Bitcoin, souvent qualifié d’or numérique, partage certaines caractéristiques avec le métal jaune. Les deux sont décentralisés, insensibles aux manipulations monétaires directes, et perçus comme des réserves de valeur. Alors que les actions technologiques souffrent des craintes d’inflation et de resserrement monétaire, Bitcoin et l’or semblent attirer les investisseurs en quête de stabilité.
L’or et Bitcoin commencent à se comporter comme des cousins éloignés, unis par leur rôle de protection contre l’incertitude.
Analyste des marchés
Cette convergence n’est pas totale. L’or reste un actif défensif classique, tandis que Bitcoin conserve une volatilité qui le rend risqué. Mais leur décorrélation croissante avec les actions suggère un changement dans la psychologie des investisseurs.
Jerome Powell et la fin de la « Fed Put »
Un autre facteur clé de cette divergence réside dans les récents commentaires de Jerome Powell. Lors de sa conférence, le président de la Fed a adopté un ton inhabituellement ferme, insistant sur les risques inflationnistes liés aux incertitudes économiques et aux hausses tarifaires. Mais c’est sa réponse à une question sur la Fed Put qui a véritablement secoué les marchés.
La Fed Put est une théorie selon laquelle la Réserve fédérale interviendrait pour soutenir les marchés actions en cas de chute importante. Depuis la crise de 2008, cette idée a façonné les attentes des investisseurs, qui comptaient sur une intervention rapide en cas de turbulences. Mais Powell a été catégorique :
Je vais dire non.
Jerome Powell, 16 avril 2025
Cette déclaration a amplifié la nervosité des marchés. Sans la garantie d’un soutien monétaire, les actions technologiques, qui dépendent fortement de conditions financières favorables, ont plongé. Bitcoin, en revanche, n’a pas besoin de cette sécurité. En tant qu’actif décentralisé, il échappe aux interventions des banques centrales, ce qui pourrait expliquer sa résilience face aux annonces de Powell.
Pourquoi cette divergence compte
La dissociation entre Bitcoin et le Nasdaq n’est pas qu’une curiosité statistique. Elle a des implications profondes pour les investisseurs, les gestionnaires de portefeuille, et même les décideurs politiques. Voici pourquoi :
- Diversification accrue : Une corrélation plus faible signifie que Bitcoin peut jouer un rôle plus marqué dans la diversification des portefeuilles.
- Nouvelle perception du risque : Si Bitcoin s’aligne davantage avec l’or, il pourrait être vu comme un actif refuge, et non plus comme une pure spéculation.
- Impact macroéconomique : Cette divergence reflète des changements dans les attentes d’inflation et de politique monétaire, qui pourraient remodeler les marchés.
Pour les investisseurs, cela signifie qu’il est temps de repenser les stratégies. Les portefeuilles qui pariaient sur une corrélation étroite entre Bitcoin et les actions technologiques pourraient devoir être rééquilibrés. De plus, la montée des actifs refuges comme l’or et potentiellement Bitcoin indique une méfiance croissante envers les actifs traditionnels.
Que réserve l’avenir ?
Prédire l’évolution des marchés est un exercice périlleux, mais plusieurs scénarios se dessinent. Si l’inflation continue de grimper et que la Fed maintient une position ferme, les actions technologiques pourraient rester sous pression. Dans ce contexte, Bitcoin pourrait continuer à se détacher, attirant des investisseurs à la recherche d’alternatives.
Cependant, Bitcoin reste un actif jeune et volatile. Une correction brutale des marchés cryptos n’est jamais à exclure, surtout si des chocs externes, comme des régulations strictes, viennent perturber l’écosystème. L’or, avec sa stabilité séculaire, pourrait alors reprendre l’avantage comme refuge ultime.
Actif | Corrélation avec Nasdaq (2025) | Performance YTD |
---|---|---|
Bitcoin | 0,4 | +25 % |
Or | -0,2 | +15 % |
Nasdaq 100 | 1,0 | +8 % |
En fin de compte, la divergence entre Bitcoin et le Nasdaq marque un tournant. Elle reflète non seulement un changement dans la perception des cryptomonnaies, mais aussi une reconfiguration des marchés face à des incertitudes économiques croissantes. Pour les investisseurs, c’est une opportunité de repenser leurs stratégies et de s’adapter à un monde où les anciennes corrélations ne tiennent plus.
Et vous, pensez-vous que Bitcoin deviendra le nouvel or numérique, ou restera-t-il un actif spéculatif ? La réponse pourrait redéfinir l’avenir des marchés.