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Birmanie : Les Mines Antipersonnel, Un Fléau Qui Détruit Des Vies

En Birmanie, les mines antipersonnel font des ravages parmi les civils. Découvrez les histoires déchirantes de ceux qui ont tout perdu dans ce conflit sans fin. Un témoignage bouleversant sur une tragédie invisible.

Au cœur des collines verdoyantes de l’État Shan, dans le nord de la Birmanie, se cache une menace invisible qui bouleverse des vies à jamais. Les mines antipersonnel, vestiges d’un conflit qui perdure depuis des décennies, fauchent sans distinction civils et combattants. Yar Swe Kyin en sait quelque chose. Par un jour de juillet, son mari agriculteur a perdu la vie en marchant sur l’un de ces engins meurtriers dissimulés dans les champs.

« J’ai entendu une explosion. Je savais qu’il était allé dans cette zone et j’étais inquiète », confie-t-elle, la voix brisée par le chagrin. Malgré ses mises en garde, son époux n’a pas écouté. Aujourd’hui, il ne lui reste plus qu’un fils et un petit-fils pour affronter l’avenir.

Un pays miné par les conflits

La Birmanie est devenue le théâtre d’un drame silencieux. Selon le dernier rapport de l’Observatoire des mines, le pays compte désormais le plus grand nombre de victimes de mines antipersonnel et de restes explosifs de guerre au monde, devant des zones de conflit majeures comme la Syrie, l’Afghanistan et l’Ukraine. En 2023, au moins 228 personnes ont perdu la vie et 770 autres ont été blessées par ces armes sournoises.

Le coup d’État militaire de février 2021 n’a fait qu’aggraver une situation déjà catastrophique. De nouveaux groupes rebelles ont vu le jour, intensifiant les affrontements avec l’armée. Et les mines continuent de se répandre, telles des graines mortelles semées au hasard.

Hla Han, amputé et désemparé

Dans l’État de Kayah, à l’est du pays, Hla Han a payé un lourd tribut à cette guerre invisible. En décembre dernier, alors qu’il était sorti chercher du riz pour nourrir sa famille, il a marché sur une mine près d’une église criblée de balles. « Quand je me suis réveillé, je ne savais pas comment j’étais tombé. J’ai retrouvé mes esprits une minute plus tard », raconte cet agriculteur de 52 ans, désormais amputé d’une jambe.

Son handicap l’empêche de travailler et il s’inquiète pour l’avenir de ses six proches, déjà fragilisés par une économie en lambeaux. « Je ne peux plus que manger, dormir et parfois voir des amis. C’est tout ce que je peux faire », déplore-t-il, amer. Sa fille Aye Mar avait tenté de le dissuader de retourner au village, en vain. « Quand mon père a perdu sa jambe, tous les espoirs de notre famille se sont envolés », lâche-t-elle, impuissante.

Une menace invisible omniprésente

L’armée birmane est pointée du doigt pour son utilisation croissante des mines antipersonnel ces dernières années, notamment à proximité d’infrastructures stratégiques comme les tours de téléphonie mobile et les pipelines. Dans l’État de Kayah, un simple cordon le long d’une route de campagne avertit les passants du danger potentiel tapi dans la forêt avoisinante.

Malgré le déplacement des violences vers d’autres régions, Aye Mar n’ose pas retourner chez elle. Comme plus de trois millions d’autres civils birmans recensés par l’ONU, elle a dû fuir son foyer. « Parfois, je pense que ça aurait été mieux si l’un des deux camps avait abandonné au début de la guerre », soupire-t-elle, résignée.

Un avenir incertain pour les victimes

Face à un conflit qui semble parti pour durer, Hla Han tente tant bien que mal d’accepter son nouveau quotidien d’amputé. « À partir du moment où vous devenez handicapé, plus rien n’est comme avant », souffle-t-il, le regard perdu dans le vide. Sa vie, comme celle de tant d’autres victimes innocentes, a basculé à jamais sur ces terres minées par la guerre et l’intolérance.

La Birmanie, pays qui refuse de signer la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel, continue de semer ces engins de mort sur son territoire. Et chaque jour, des civils comme Yar Swe Kyin et Hla Han paient le prix fort de ce conflit interminable. Des vies brisées, des familles déchirées, des avenirs volés. Un drame humain qui se joue loin des projecteurs, mais qui n’en est pas moins bouleversant.

La guerre a planté une graine d’amertume dans le cœur de notre pays. Et cette graine a germé en un champ de mines qui détruit nos vies, nos espoirs et notre humanité.

– Témoignage anonyme d’une victime birmane

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