C’est un début d’Euro en demi-teinte qu’ont vécu les Bleus lundi soir au Gerhard-Hanappi-Stadion de Vienne. Malgré une courte victoire 1-0 face à l’Autriche, acquise sur un but contre son camp de Wöber, l’équipe de France ressort de ce premier match avec plus d’inquiétudes que de certitudes. Le jeu proposé fut laborieux et la sortie sur blessure du capitaine Kylian Mbappé en fin de match a jeté un froid sur l’ensemble de la sélection.
Une entrée en matière poussive
Certes, l’équipe de France repart de Vienne avec les 3 points de la victoire. Mais il est difficile de se satisfaire de la manière. Face à une équipe d’Autriche accrocheuse et bien en place défensivement, les Bleus ont eu toutes les peines du monde à développer leur jeu. Le seul but de la rencontre, inscrit contre son camp par Wöber sous la pression de Mbappé à la 65e minute, reflète bien les difficultés offensives tricolores.
Hormis quelques fulgurances de Mbappé et Dembélé, la créativité française s’est montrée bien stérile. Les rares situations chaudes sont venues de coups de pied arrêtés, à l’image d’une tête de Koundé repoussée par Pentz en première période. Un constat forcément préoccupant pour Didier Deschamps, qui avait pourtant reconduit son système en 4-3-3, avec le trio Griezmann-Mbappé-Dembélé devant.
Le duo Rabiot-Kanté, une satisfaction au milieu
Si la prestation d’ensemble des Bleus laisse à désirer, quelques satisfactions émergent tout de même, notamment au milieu de terrain. Le duo composé de N’Golo Kanté et Adrien Rabiot a été l’un des rares motifs d’espoir côté français. Les deux hommes ont abattu un travail immense à la récupération et ont su apporter de la sérénité à l’entrejeu.
L’activité incessante de Kanté, couplée à la qualité de passe et à la présence physique de Rabiot, a permis aux Bleus de garder le contrôle du ballon et de contenir les assauts autrichiens. Une complémentarité intéressante qui rappelle le mythique duo Pogba-Kanté des années précédentes. De bon augure pour la suite en l’absence de Pogba, blessé et non retenu pour cet Euro.
Une charnière centrale en rodage
En défense, la nouvelle charnière centrale composée de Koundé et Upamecano a globalement tenu son rang. Sollicitée par une équipe d’Autriche joueuse et portée vers l’avant, la jeune paire a su faire preuve de solidité et d’autorité dans les duels. Koundé s’est notamment illustré par plusieurs interventions décisives dans sa surface.
«Jules et Dayot montent en puissance. Ils apprennent à se connaître et ont réalisé de bonnes choses ce soir. Mais comme toute l’équipe, ils doivent encore progresser.»
Didier Deschamps en conférence de presse
Il faudra néanmoins attendre des oppositions plus relevées que l’Autriche pour juger pleinement de la solidité de ce nouveau binôme. Des progrès dans la relance et la construction du jeu sont aussi à espérer. Mais la prestation du soir est encourageante pour la suite.
Mbappé, l’énorme coup dur
La soirée avait déjà des airs de victoire à la Pyrrhus pour les Bleus. Elle a pris un tournant dramatique à la 88e minute avec la sortie sur blessure de Kylian Mbappé. Touché au nez après un choc avec Danso, le capitaine des Bleus a dû céder sa place en toute fin de match, le visage en sang.
Bilan des examens passés dans la nuit : une fracture du nez qui va tenir Mbappé éloigné des terrains plusieurs semaines. Un terrible coup dur pour les Bleus qui perdent leur meilleur joueur et leader d’attaque dès l’entame de la compétition. Son absence pour la suite du premier tour contre les Pays-Bas et la Pologne est d’ores et déjà actée.
«Perdre Kylian, c’est perdre notre atout offensif numéro un, notre facteur X. Il va falloir trouver d’autres solutions et j’ai confiance en ce groupe. Mais c’est un coup dur, il ne faut pas se le cacher.»
Didier Deschamps au micro de beIN Sports
Un véritable casse-tête pour Didier Deschamps qui va devoir revoir ses plans. Les solutions ne manquent pas au sein d’un groupe riche en attaquants (Coman, Nkunku, Kolo Muani…). Mais aucun ne possède l’influence et l’impact du crack de Bondy. Son absence risque de peser très lourd sur une équipe de France en manque de repères et en quête d’un nouveau souffle.
Un premier test instructif
Au final, cette première sortie contre l’Autriche aura permis à Didier Deschamps de tirer de précieux enseignements sur son groupe. Si la copie rendue est très perfectible, quelques motifs de satisfaction existent, comme la paire Rabiot-Kanté au milieu ou les promesses entrevues en défense. Mais de sérieux points d’interrogation demeurent, notamment offensivement et sur la capacité de cette équipe à élever son niveau de jeu.
La perte de Mbappé obscurcit encore un peu plus l’horizon. Mais ce premier test grandeur nature aura au moins eu le mérite de poser un diagnostic clair. Cette équipe de France version 2024 est encore un chantier, un groupe en construction qui doit trouver un nouvel équilibre et une nouvelle identité de jeu. Le travail ne fait que commencer pour Didier Deschamps. La route vers un possible troisième sacre d’affilée s’annonce très longue et semée d’embûches. Prochain rendez-vous vendredi face aux Pays-Bas pour un nouveau révélateur du potentiel réel de ces Bleus new-look.