2024 touche à sa fin et l’heure est au bilan. Après une année marquée par une inflation galopante, une croissance en berne et un déficit abyssal, qui sont les grands gagnants et les grands perdants de ce cru si particulier ? Coup de projecteur sur ceux qui ont tiré leur épingle du jeu… ou mordu la poussière dans ce contexte économique tendu.
Inflation en recul mais pouvoir d’achat toujours sous pression
Premier point positif : l’inflation, après avoir atteint des sommets en 2022 et 2023, est enfin retombée sous la barre des 2% en août. Ouf de soulagement pour le porte-monnaie des Français, mis à rude épreuve ces dernières années. Cette accalmie s’explique notamment par la stabilisation des prix de l’énergie, après les soubresauts liés à la guerre en Ukraine, et la normalisation post-Covid.
Pour autant, pas de quoi sabrer le champagne. L’érosion du pouvoir d’achat reste une réalité pour de nombreux ménages, avec des salaires qui peinent à suivre l’inflation résiduelle. Le retour à meilleure fortune risque de prendre du temps.
Retraités : Les grands gagnants ?
Contre toute attente, ce sont les retraités qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Grâce à la revalorisation des pensions de 4% en 2024, votée après d’âpres débats, leur pouvoir d’achat a été préservé voire renforcé. Une bouffée d’oxygène pour nos aînés.
On ne peut que se féliciter de cette mesure de justice sociale envers une population souvent fragilisée par les crises
Une source proche du gouvernement
Reste que l’équation est complexe pour l’exécutif, qui doit financer ces retraites dans un contexte budgétaire plus que contraint. La réforme des retraites, repoussée sine die, reste un défi majeur des prochaines années.
Classes moyennes : Entre deux eaux
Comme souvent, ce sont les classes moyennes qui se retrouvent dans une position inconfortable. Pas assez aisés pour être insensibles aux prix qui grimpent, mais trop « riches » pour bénéficier d’aides significatives, les ménages médians vivent 2024 comme une année de stagnation, voire de léger recul. Un sentiment résumé par cette mère de famille :
On essaye de s’en sortir comme on peut, mais c’est de plus en plus dur. On a l’impression de travailler plus pour gagner moins.
Le gouvernement assure réfléchir à des mesures de soutien ciblées pour 2025, comme des allègements de cotisations, mais rien n’est arrêté à ce stade. Les classes moyennes retiennent leur souffle.
Entreprises au bord de la crise de nerfs
Mais les grands perdants sont sans conteste les entreprises, prises en étau entre la flambée des coûts, la chute de la demande et l’incertitude politique. Selon le dernier bilan de la Banque de France, les défaillances ont bondi de 18% sur un an, un record depuis la crise de 2008. Du jamais vu.
PME et TPE paient un lourd tribut, faute de trésorerie pour amortir les chocs. « On marche sur un fil », alerte un patron de PME industrielle. « Entre les coûts qui explosent, les carnets de commandes qui se vident et les banques frileuses, chaque mois est un défi. »
L’échec de la loi de finances 2024 sème le trouble, privant les sociétés d’un cap clair pour l’année.
C’est l’absence de visibilité qui est le plus difficile à gérer pour les entreprises. Sans budget, ni réformes structurelles, on navigue à vue.
Un représentant patronal
Seules les grandes entreprises, avec des reins plus solides, parviennent à tirer leur épingle du jeu. Mais la cote d’alerte est atteinte. Sans redressement rapide de l’économie, le tissu entrepreneurial français risque de se déliter durablement.
Quel avenir pour 2025 ?
Alors que 2024 s’achève, tous les regards sont déjà tournés vers 2025 et ses défis majeurs:
- Desserrer la contrainte budgétaire et retrouver des marges de manœuvre pour financer la transition écologique et les investissements d’avenir
- Relancer une croissance durable et inclusive pour redynamiser le pouvoir d’achat
- Clarifier l’avenir du système des retraites pour rassurer les actifs comme les retraités
- Restaurer la compétitivité des entreprises et muscler notre industrie face à la concurrence étrangère
Le gouvernement promet un big bang économique pour le premier trimestre, avec un collectif budgétaire ambitieux et des réformes de structure à la clé. Reste à convaincre une majorité à l’Assemblée et à fédérer les forces économiques du pays. Un pari loin d’être gagné dans un contexte social toujours inflammable. 2025 s’annonce déjà comme une année charnière. Les gagnants et perdants de demain s’y joueront autant que ceux d’hier.