Une vive polémique secoue la campagne présidentielle américaine à moins d’une semaine du scrutin. En cause : les propos controversés de Joe Biden semblant qualifier les partisans de Donald Trump d'”ordures”. Des déclarations qui ont provoqué un tollé, poussant sa vice-présidente Kamala Harris à prendre ses distances.
Biden dérape, Harris temporise
Tout est parti d’un meeting de Donald Trump où un humoriste aurait assimilé Porto Rico, territoire américain, à une “île flottante d’ordures”. Joe Biden, appelé à réagir lors d’une intervention vidéo, a déclaré de manière confuse : “Les seules ordures que je vois flotter par ici, ce sont ses partisans”. Des propos qui ont immédiatement enflammé la campagne.
Face au scandale naissant, Kamala Harris, candidate à la vice-présidence, a pris ses distances. “Je suis en désaccord profond avec toute critique contre des gens fondée sur la personne pour laquelle ils votent”, a-t-elle déclaré fermement aux journalistes. Tout en défendant son mentor, assurant qu’il avait “clarifié ses propos” et réaffirmant son intention d’être “la présidente de tous les Américains”.
Biden s’explique, Trump attaque
Devant la polémique, Joe Biden a tenté de clarifier ses déclarations sur les réseaux sociaux. Selon lui, le mot “ordure” visait la “rhétorique haineuse” des partisans de Trump envers Porto Rico, et non les électeurs eux-mêmes. “C’est tout ce que j’ai voulu dire”, a-t-il insisté, espérant calmer le jeu.
Mais c’était sans compter sur Donald Trump. Informé des propos en meeting, l’ex-président a sauté sur l’occasion pour attaquer son rival. Rappelant ceux d’Hillary Clinton en 2016, qui avait qualifié la moitié de ses électeurs de “pitoyables”, il a interrogé la foule : “Ordures, c’est pire, non ?”. Avant de railler, faussement magnanime : “S’il vous plaît, pardonnez-le, il ne sait pas ce qu’il dit”.
Une campagne électrique
Cet épisode illustre la tension extrême régnant dans cette fin de campagne. À quelques jours d’une élection serrée, chaque camp scrute la moindre faille chez l’adversaire. Et n’hésite pas à instrumentaliser la moindre petite phrase pour marquer des points.
Dans ce contexte, la maladresse de Joe Biden offre un boulevard à Donald Trump. Lui permettant de se poser en défenseur du peuple face aux “élites”, un de ses thèmes de campagne favoris. De quoi inquiéter les démocrates, qui craignent que ces propos ne démobilisent une partie de leur électorat.
Kamala Harris aura fort à faire pour réparer les dégâts et remotiver ses troupes. Elle qui incarne l’aile modérée du parti démocrate, en contrepoint d’un Joe Biden perçu comme trop à gauche par certains. Un délicat numéro d’équilibriste entre fermeté et rassemblement, sur lequel repose peut-être l’issue du scrutin.
Les leçons d’une polémique
Au-delà de son impact électoral immédiat, cette affaire en dit long sur l’état de la politique américaine. Un climat délétère où la polarisation et l’invective ont remplacé le débat et le dialogue. Où les camps se figent dans une posture agressive, au risque de bloquer toute discussion.
D’aucuns redoutent que cette culture de l’affrontement ne survive à l’élection. Et n’abîme durablement la démocratie outre-Atlantique. Face à ces inquiétudes, l’appel au rassemblement de Kamala Harris, malgré ses limites, a le mérite d’esquisser une alternative. Une tentative de renouer le lien avec l’ensemble des électeurs au-delà des clivages partisans.
C’est peut-être là l’enseignement à tirer de cet épisode tumultueux. Savoir entendre et représenter tous les Américains, au-delà des étiquettes, apparaît comme l’immense défi du prochain locataire de la Maison Blanche. Espérons que cette polémique, à défaut d’élever le débat, aura au moins permis de le rappeler. Les États-Unis en ont cruellement besoin.