Lors d’un sommet international crucial à Lima, le président américain Joe Biden a laissé transparaître sa vulnérabilité face au retour imminent sur le devant de la scène de son prédécesseur et rival, Donald Trump. À 81 ans, et après un mandat marqué par des efforts pour redorer le blason des États-Unis sur la scène internationale, Biden semble conscient que son héritage est menacé par la perspective d’un second mandat trumpiste.
Un aveu de faiblesse lors d’une rencontre au sommet
C’est lors d’une réunion trilatérale avec les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud que Joe Biden a laissé échapper ce qui ressemble fort à un aveu de faiblesse. Avec une pointe de nostalgie, il a déclaré : “Il s’agit probablement de ma dernière réunion trilatérale avec ce groupe important, mais je suis fier d’avoir contribué à la mise en place de ce partenariat”. Une déclaration qui en dit long sur le sentiment d’un président en fin de mandat, conscient que les cartes pourraient bientôt être rebattues.
Malgré son insistance sur la pérennité de l’approche multilatérale qu’il a instaurée, Biden n’a pu s’empêcher de lancer une pique à l’encontre de Trump, dont le retour semble de plus en plus inéluctable. Cette rencontre au sommet a ainsi permis de mesurer l’ampleur des enjeux géopolitiques qui se jouent en coulisses, à l’aube d’une potentielle passation de pouvoir explosive.
L’ombre de Trump plane sur le sommet
Si le nom de Donald Trump n’a officiellement pas été évoqué lors des entretiens de Joe Biden avec ses homologues japonais et sud-coréen, il était sans nul doute dans tous les esprits. Le spectre d’un retour au pouvoir de celui qui avait bousculé les alliances traditionnelles et flirté avec des autocrates comme Vladimir Poutine ou Kim Jong-un hante les couloirs du sommet de Lima.
Pour Biden, ce déplacement au Pérou est probablement l’un des derniers en tant que président. Un contexte particulier qui donne à ses rencontres bilatérales et multilatérales une tonalité presque testamentaire. Le président américain s’efforce de rassurer ses alliés sur la solidité des liens tissés, tout en sachant que l’élection de 2024 pourrait venir balayer ses efforts.
Biden éclipsé par Xi Jinping
Pour ne rien arranger, Joe Biden s’est vu voler la vedette par son grand rival géopolitique, le président chinois Xi Jinping. Alors que le leader américain devait se contenter d’un accueil discret à son arrivée à Lima, Xi Jinping a eu droit à toutes les attentions, avec une visite d’État en grande pompe et l’inauguration en fanfare du premier mégaport d’Amérique du Sud financé par la Chine.
Un contretemps protocolaire lourd de sens, qui illustre le rapport de force en train de s’installer entre les deux superpuissances. Alors que Biden peine à imposer son leadership, la Chine de Xi Jinping avance ses pions avec une assurance décomplexée. Un constat amer pour un président qui a fait du “retour de l’Amérique” sur la scène internationale son cheval de bataille.
Une dernière confrontation avant la passation de pouvoir ?
Malgré ce contexte défavorable, Joe Biden compte bien profiter de ce sommet pour avoir un dernier tête-à-tête avec Xi Jinping avant une potentielle passation de pouvoir à Donald Trump. Selon des responsables américains, l’objectif est de capitaliser sur la rencontre historique de l’année dernière, qui avait permis d’apaiser les tensions entre les deux pays.
Mais là encore, l’ombre de Trump pourrait venir perturber les plans de Biden. Si le républicain venait à retrouver le chemin de la Maison Blanche, il est à craindre que les relations sino-américaines repartent dans un cycle de tensions et de guerre commerciale. De quoi relativiser la portée de cet ultime face-à-face entre les deux hommes forts de la planète.
Une fin de mandat en demi-teinte pour Biden
Au crépuscule de son mandat, Joe Biden semble résigné à passer le témoin dans un contexte international incertain. Malgré ses efforts pour redorer le blason de l’Amérique et tisser des alliances solides, le président démocrate semble conscient que son héritage est à la merci du prochain scrutin présidentiel.
Une fin de parcours en demi-teinte pour celui qui avait promis de restaurer le leadership américain après les années Trump. Si Biden peut se targuer d’avoir apaisé les relations avec les alliés traditionnels des États-Unis, sa politique étrangère reste fragilisée par les soubresauts de la vie politique intérieure et la montée en puissance inexorable de la Chine.
À l’heure où Donald Trump affûte ses armes pour reconquérir la Maison Blanche, Joe Biden semble condamné à jouer les pompiers de l’Amérique, s’efforçant d’éteindre les incendies allumés par son sulfureux prédécesseur. Un rôle ingrat pour un président qui rêvait de marquer l’histoire, mais qui risque finalement de rester dans l’ombre de son rival républicain.
