Au cœur du Pays Basque, la charmante ville de Biarritz se retrouve au centre d’une polémique inattendue. Son quartier historique nommé « La Négresse » fait l’objet d’un vif débat quant à la connotation jugée raciste et sexiste de son appellation. Une association a saisi la justice pour contraindre la municipalité à renommer ce lieu emblématique, suscitant des réactions passionnées des habitants et ravivant des questionnements sociétaux profonds.
Un nom qui divise
Depuis des décennies, le quartier de « La Négresse » fait partie intégrante du paysage biarrot. Selon la légende locale, ce nom rendrait hommage à une femme noire qui aurait tenu une auberge dans le secteur au début du 19ème siècle. Mais pour l’association Mémoires et Partages, cette dénomination porte atteinte à la dignité humaine.
Le mot « négresse » a une connotation insultante qui peut porter atteinte à la dignité humaine compte tenu de l’évolution sémantique.
La rapporteur public devant la cour administrative d’appel de Bordeaux
En décembre 2023, le tribunal administratif de Pau avait pourtant rejeté la requête de l’association, estimant que le nom rendait hommage à cette figure locale dans une « perspective mémorielle ». Mais en appel, la rapporteur public a préconisé l’annulation de cette décision, jugeant que la ville avait « commis une erreur ».
Un débat qui dépasse Biarritz
Au-delà du cas de « La Négresse », cette polémique ravive le débat sur les noms de lieux portant la marque d’une époque révolue. Partout en France, des rues, des quartiers ou des établissements sont régulièrement pointés du doigt pour leur connotation problématique.
Face à ces controverses, deux visions s’affrontent. D’un côté, les partisans d’un devoir de mémoire, soucieux de ne pas effacer les traces du passé, même les plus sombres. De l’autre, les défenseurs d’une nécessaire évolution, estimant que certains noms n’ont plus leur place dans notre société.
Biarritz en quête d’apaisement
Pour l’heure, la municipalité de Biarritz se retrouve dans une position délicate. Si la cour administrative d’appel de Bordeaux confirme l’annulation de la décision initiale, la ville sera contrainte de débaptiser « La Négresse ». Un scénario qui divise les Biarrots, entre ceux qui y sont farouchement opposés et ceux qui y voient une nécessité.
Une décision favorable à l’abrogation permettrait de sortir par le haut et de montrer que dans notre pays il y a une vigilance sur toute appellation ou représentation caricaturale d’un être humain.
Karfa Diallo, directeur de l’association Mémoires et Partages
Dans ce contexte tendu, la municipalité joue la carte de l’apaisement. Elle assure vouloir « travailler en partenariat » avec l’association pour trouver une issue consensuelle. L’idée d’un nouveau nom rendant hommage à cette figure féminine locale, sans la réduire à sa couleur de peau, semble faire son chemin.
La décision finale sera rendue par la cour d’appel le 6 février. D’ici là, Biarritz retient son souffle, consciente que l’issue de cette polémique en dit long sur les défis qui attendent notre société dans sa quête d’égalité et de respect.
