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Beyrouth Sous les Bombes : Un Cri de Désespoir Libanais

Les rues de Beyrouth sont méconnaissables après une nuit de bombardements israéliens d'une violence inouïe. Familles entières fuyant avec quelques affaires, se réfugiant dans le centre-ville. « Qu'avons-nous fait pour mériter ça ? » s'interrogent les Libanais sous le choc. Le chef du Hezbollah aurait été éliminé, mais la situation...

Un silence de mort plane sur Beyrouth ce samedi matin, au lendemain d’une nuit de bombardements d’une rare intensité menés par Israël contre la banlieue sud de la capitale libanaise, fief du Hezbollah. Selon l’armée israélienne, le chef du mouvement chiite Hassan Nasrallah aurait été éliminé dans ces frappes.

Dans la nuit, alors que nous arrivions à l’aéroport de Beyrouth peu avant minuit, un spectacle de désolation s’offrait à nous. Des familles entières fuyaient leurs immeubles, marchant vers le centre-ville, chargées de maigres baluchons. Elles se sont installées à la hâte sur la Corniche, dans les parcs, au hasard des rues, cherchant refuge où elles pouvaient.

Sous les décombres, l’angoisse

Quelques heures plus tôt, les autorités israéliennes avaient intimé aux habitants des quartiers visés de s’éloigner d’au moins 500 mètres de chez eux. « On a entendu les bombardements cette nuit, c’était terrifiant », nous confie une vieille dame venue se réfugier dans le centre avec sa fille. « On ne sait pas si notre immeuble est toujours debout », se lamente-t-elle, le regard perdu.

Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ce châtiment ?

Une Libanaise déplacée

Comme des dizaines de milliers d’autres Libanais, cette famille a tout abandonné pour fuir l’enfer. Certains sont partis avec quelques affaires jetées en vrac dans des valises, d’autres n’ont rien pu emporter. Tous ont le regard hagard de ceux qui ont vu la mort de près.

Le spectre d’une guerre ouverte

Si les bombardements nocturnes ont surpris par leur violence, ils font suite à des semaines de tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah. L’élimination présumée de Nasrallah risque d’embraser la région et de précipiter le Liban et Israël dans une confrontation ouverte.

Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est félicité d’une opération « réussie », affirmant que le Hezbollah et l’Iran avaient reçu « un message clair ». Mais il sait que la riposte du mouvement chiite pourrait être dévastatrice. Selon les experts, malgré l’affaiblissement dû aux frappes, le Hezbollah dispose encore de redoutables capacités militaires.

Beyrouth retient son souffle

Alors que Beyrouth panse ses plaies, c’est une ville traumatisée qui tente de reprendre vie. Rues jonchées de débris, façades éventrées, magasins fermés : la « Paris du Moyen-Orient » n’est plus que l’ombre d’elle-même. Partout, on croise ces familles hagards, ces enfants en pleurs, ces vieillards épuisés par l’exode nocturne.

L’hôpital Rafic Hariri croule sous l’afflux de blessés tandis que les secours fouillent encore les décombres des immeubles ravagés. L’odeur de la mort flotte dans l’air. Chacun ici a un proche, un voisin, un ami qui manque à l’appel. Et tous craignent que le pire soit à venir.

On a déjà vécu ça en 2006, mais là, c’est pire que tout. On a l’impression que la ville a été rayée de la carte.

Hassan, habitant de Dahieh

Les responsables libanais, atterrés, peinent à réagir. Le président Michel Aoun a condamné « l’agression israélienne », appelant la communauté internationale à « faire pression » sur Israël. Mais il sait que son pays, en plein marasme économique, n’a pas les moyens de s’engager dans un nouveau conflit.

Alors que la tension est à son comble, le Liban retient son souffle. Chaque habitant de Beyrouth se demande si les bombes vont à nouveau pleuvoir, si la guerre va emporter ses proches. Dans les rues en ruine, un seul mot sur toutes les lèvres : « pourquoi ? ». Pourquoi ce petit pays doit-il encore payer le prix fort de conflits qui le dépassent ?

Une nation meurtrie, un peuple sacrifié sur l’autel des rivalités régionales : tel est le triste sort du Liban. Mais dans les yeux des enfants réfugiés, une lueur d’espoir demeure. Celle qu’un jour, enfin, le soleil se lève sur un Pays des Cèdres en paix. Un espoir bien fragile, à l’heure où le Moyen-Orient s’embrase à nouveau.

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