C’est avec une immense tristesse que le monde du cinéma a appris la disparition de Bertrand Tavernier en mars 2021. Figure incontournable du septième art, ce réalisateur passionné laisse derrière lui une œuvre riche et éclectique, mais aussi des mémoires inachevés, témoignage précieux d’une vie entièrement dédiée à sa passion. À travers ces fragments d’existence, c’est toute la personnalité de ce cinéaste humaniste et engagé qui se dévoile, offrant un regard unique sur les coulisses du cinéma français.
Une cinéphilie précoce, terreau d’une vocation
Dès son plus jeune âge, Bertrand Tavernier est habité par une passion dévorante pour le cinéma. Ses mémoires révèlent une cinéphilie précoce, nourrie par d’innombrables séances dans les salles obscures et des discussions enflammées avec ses camarades. C’est dans cette effervescence culturelle que naît sa vocation de cinéaste, comme une évidence qui ne le quittera plus.
Le cinéma était pour moi un refuge, un monde à part où je pouvais m’évader et rêver. C’est devenu très vite une passion obsessionnelle, presque vitale.
Bertrand Tavernier
Des débuts marqués par des rencontres décisives
Le parcours de Bertrand Tavernier est jalonné de rencontres qui marqueront profondément sa carrière. Ses mémoires sont l’occasion de revenir sur ces figures tutélaires, à l’image de Jean-Pierre Melville dont il fut l’assistant. Le jeune cinéaste se forge au contact de ces maîtres, apprenant les ficelles du métier et affirmant progressivement son style si singulier.
Une filmographie éclectique et engagée
Au fil des pages, Bertrand Tavernier revient sur les films qui ont forgé sa réputation. De Que la fête commence à La vie et rien d’autre en passant par Coup de torchon, il explore les coulisses de ces œuvres marquantes, livrant de savoureuses anecdotes de tournage. On découvre un cinéaste engagé, profondément attaché à des valeurs humanistes qu’il n’aura de cesse de défendre à travers sa caméra.
Je n’ai jamais dissocié mon métier de cinéaste de mon engagement de citoyen. Pour moi, faire des films, c’était aussi une façon de m’interroger sur le monde et d’y apporter mon regard.
Bertrand Tavernier
La transmission, un héritage précieux
Au-delà de son œuvre, Bertrand Tavernier laisse un héritage inestimable fait de transmission et de partage. Ses mémoires témoignent de cet engagement constant envers les jeunes générations, à qui il n’a cessé de transmettre sa passion du cinéma. À travers l’Institut Lumière qu’il a cofondé, mais aussi par son travail de pédagogue, il aura œuvré sans relâche pour défendre un certain idéal du septième art.
Un au revoir en forme d’hommage
S’ils restent inachevés, les mémoires de Bertrand Tavernier n’en constituent pas moins un témoignage bouleversant sur une vie placée sous le signe du cinéma. À travers ces pages vibrantes d’émotion et d’authenticité, c’est un peu de l’âme de ce grand monsieur qui continue de vivre, comme une ultime confession livrée à son public. Un au revoir en forme d’hommage, pour celui qui restera à jamais une figure tutélaire du septième art.
Le cinéma m’a tout donné. Des joies immenses, des rencontres inoubliables, des émotions d’une incroyable intensité. Je lui serai éternellement reconnaissant.
Bertrand Tavernier
En refermant ces Mémoires interrompus, c’est un peu de la magie du cinéma qui s’éteint avec Bertrand Tavernier. Mais son œuvre, elle, est éternelle, à l’image de la passion qui l’aura animé tout au long de sa vie. Un héritage précieux qu’il nous appartient désormais de faire vivre, pour que jamais ne s’éteigne la flamme d’un cinéma exigeant et humaniste.
