C’est une véritable tempête qui s’abat sur la scène culturelle berlinoise. Jeudi dernier, le maire conservateur Kai Wegner a fait adopter un plan d’économies budgétaires drastique de trois milliards d’euros pour l’année à venir. Et c’est la culture qui trinque en premier, suscitant l’indignation des plus grandes institutions de la ville.
D’après des sources proches du dossier, des hauts lieux comme la Philharmonie et le théâtre Schaubühne voient leur avenir menacé par ces coupes sombres. Thomas Ostermeier, figure de proue de la Schaubühne, et Andrea Zietzschmann, de la Philharmonie, tirent la sonnette d’alarme dans un communiqué commun :
Berlin vit grâce à sa culture. Les coupes budgétaires décidées aujourd’hui menacent les emplois, la diversité culturelle et l’essence même de cette ville.
Le spectre de la faillite
Malgré un léger assouplissement obtenu après des semaines de mobilisation, certaines scènes emblématiques comme la Schaubühne restent en danger. Son directeur avait évoqué un risque de faillite pure et simple suite aux premières annonces.
Pour justifier ce plan d’austérité, Kai Wegner invoque un contexte économique difficile et des dépenses jugées excessives de la part de la précédente majorité de gauche. Il plaide pour « plus de raison et de pragmatisme » plutôt que « d’idéologie et de rêves verts« .
La rue gronde
Mais dans la rue, la pilule ne passe pas. Près de 2000 manifestants se sont rassemblés pour dénoncer ces mesures d’économies qui touchent aussi les universités et les sciences.
Sur les pancartes, on pouvait lire des slogans tels que « la démocratie a besoin de la science » ou « étudier à Berlin ne va plus du tout être sexy ». La colère est palpable, d’autant que Berlin jouit d’une scène culturelle particulièrement riche et dense depuis la réunification.
L’Allemagne divisée
Au niveau national, les avis divergent. Claudia Roth, secrétaire d’Etat écologiste à la Culture, a vivement critiqué dans la presse « la brutalité » de la politique culturelle municipale.
Mais pour le maire Kai Wegner, il en va de « l’avenir de Berlin » dans une période économique tendue. L’équation est complexe pour une ville qui a longtemps vécu coupée en deux et qui peine aujourd’hui à financer son foisonnement artistique.
Quel avenir pour la culture berlinoise ?
Une chose est sûre, la bataille ne fait que commencer. Artistes, directeurs d’établissements et citoyens semblent déterminés à défendre ce qui fait l’âme de Berlin : sa bouillonnante vie culturelle.
Face à eux, une nouvelle majorité qui entend redresser les comptes et rationaliser les dépenses. Reste à savoir si un compromis est possible pour préserver l’essentiel sans asphyxier les finances de la ville.
L’avenir culturel de la capitale allemande est en jeu. Et avec lui, c’est toute une partie de son identité et de son rayonnement international qui vacille sous les coups de butoir de l’austérité. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour Berlin et sa légendaire effervescence artistique. Affaire à suivre.