C’est une déclaration qui ne manquera pas de faire réagir. Invité hier soir sur TF1 et LCI dans le contexte de la guerre à Gaza, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est fendu d’une petite phrase lourde de sens. S’exprimant en français, il a ainsi affirmé : “Notre victoire – c’est votre victoire. Notre victoire c’est la victoire d’Israël contre l’antisémitisme, c’est la victoire de la civilisation judéo-chrétienne contre la barbarie. C’est la victoire de la France.”
Des propos très polémiques
De quoi choquer plus d’un téléspectateur, tant ces propos semblent faire fi du contexte explosif actuel. En pleine guerre à Gaza, où les frappes israéliennes ont fait de nombreuses victimes civiles palestiniennes, une telle déclaration apparaît en effet pour le moins déplacée et provocatrice.
D’autant que Benyamin Netanyahou est allé plus loin dans la polémique, en comparant l’opération militaire israélienne à Rafah au débarquement des Alliés en Normandie en 1944. Une analogie douteuse, qui risque de choquer tant en France qu’à l’international.
Manifestation pro-Palestine près des locaux de TF1
Ces propos n’ont d’ailleurs pas manqué de faire réagir immédiatement. En parallèle de la diffusion de l’interview, une manifestation pro-Palestine s’est tenue devant les locaux de TF1 pour protester contre la tribune offerte au dirigeant israélien.
Parmi les manifestants, on a notamment pu apercevoir plusieurs figures de la France Insoumise comme Rima Hassan. Face à des contestataires remontés, les forces de l’ordre ont dû déployer la BRAV-M pour contenir les tensions.
Il est choquant de voir TF1 tendre ainsi son micro à un dirigeant qui cautionne les bombardements de civils à Gaza. C’est une provocation inacceptable !
Un manifestant pro-palestinien
Une polémique qui ravive les tensions
Au-delà de l’indignation suscitée, cette déclaration de Benyamin Netanyahou risque surtout de jeter de l’huile sur le feu dans un contexte déjà explosif. Depuis le début de la guerre à Gaza, les tensions sont vives dans certains quartiers, où la cause palestinienne est très soutenue.
En affirmant de façon aussi provocatrice que la “victoire d’Israël est celle de la France”, le Premier ministre israélien attise la colère et les rancœurs. Ses propos clivants donnent également des arguments aux plus radicaux, prompt à dénoncer un “deux poids deux mesures” dans le traitement du conflit israélo-palestinien.
Le gouvernement embarrassé
Du côté du gouvernement français, c’est un certain embarras qui domine. Si le Quai d’Orsay a appelé “toutes les parties à la retenue”, difficile pour l’exécutif de condamner trop fermement les propos de Benyamin Netanyahou, sous peine d’être accusé de complaisance envers les pro-palestiniens.
Mais en laissant passer sans réagir une telle déclaration, le pouvoir macroniste s’expose aussi à la critique inverse, celle d’une connivence avec la politique israélienne. Un numéro d’équilibriste périlleux, qui montre toute la difficulté à se positionner sur ce dossier ultra-sensible.
Une interview qui pose question
Au final, c’est le choix même d’inviter Benyamin Netanyahou qui interroge. En pleine guerre à Gaza, était-il bien raisonnable d’offrir une telle tribune au dirigeant israélien, au risque de jeter de l’huile sur le feu ? TF1 se défend en invoquant son devoir d’information, mais la chaîne savait pertinemment que l’interview déclencherait la polémique.
Cet épisode pose plus largement la question du traitement médiatique du conflit israélo-palestinien. Entre la tentation du spectaculaire et le risque d’attiser les tensions, l’exercice est périlleux. Et cette interview choc de Benyamin Netanyahou illustre parfaitement le dilemme auquel sont confrontés les médias sur ce sujet inflammable.