C’est un discours très attendu et potentiellement décisif que s’apprête à prononcer le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant le Congrès américain ce mercredi. Un exercice délicat, alors que la politique de l’Etat hébreu, et notamment son offensive militaire à Gaza, suscite de profondes divisions au sein de la classe politique américaine.
Convaincre malgré les divergences
L’enjeu est de taille pour Benyamin Netanyahou. Il s’agit de tenter de rassembler autour de la position israélienne, au-delà des clivages partisans, afin de s’assurer du maintien du précieux soutien américain. Une tâche ardue tant les Démocrates apparaissent divisés sur la question.
Récemment, certains élus démocrates de premier plan, à l’image de Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez, n’ont pas hésité à critiquer ouvertement la politique israélienne, remettant en cause le traditionnel alignement pro-israélien. Une prise de position inédite, reflet d’une évolution au sein d’une frange de la gauche américaine.
Il est temps de repenser fondamentalement la relation américano-israélienne.
– Bernie Sanders, sénateur démocrate
Le soutien républicain, carte maîtresse de Netanyahou
Face à ces dissensions démocrates, le Premier ministre israélien peut compter sur le soutien sans faille des Républicains. Ces derniers ont d’ailleurs été à l’initiative de cette invitation au Congrès, court-circuitant ainsi l’Administration Biden. Un geste fort, visant à réaffirmer l’alliance entre le parti conservateur américain et le gouvernement israélien.
Au-delà des enjeux de politique intérieure américaine, ce sont bien les orientations diplomatiques au Moyen-Orient qui se jouent. En plaidant pour une ligne dure face au Hamas et pour la poursuite de la colonisation, Benyamin Netanyahou espère obtenir un soutien clair du Congrès, et ainsi peser sur la position de la Maison Blanche.
Un test pour la relation spéciale américano-israélienne
Plus qu’un simple discours, l’intervention de Benyamin Netanyahou constitue un véritable test pour l’avenir des liens entre Washington et Tel-Aviv. Si l’alliance stratégique entre les deux pays n’est pas remise en question, l’émergence d’une opposition démocrate de plus en plus vocale pourrait conduire à infléchir certaines positions américaines.
La réaction des élus, et notamment de la vice-présidente Kamala Harris, pressentie pour représenter les Démocrates à la prochaine présidentielle, sera ainsi scrutée avec attention. Un accueil tiède, voire critique, constituerait un signal fort, annonciateur de possibles frictions à venir.
Les États-Unis restent déterminés à aider Israéliens et Palestiniens à parvenir à une paix durable.
– Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis
Au final, si le soutien américain à Israël n’est pas près de disparaître, les débats qui agitent le Congrès illustrent une prise de conscience croissante quant à la nécessité d’un rééquilibrage de la relation bilatérale. Un constat qui pourrait, à terme, ouvrir la voie à une diplomatie américaine plus nuancée au Moyen-Orient. Réponse dans les prochains mois, à l’aune des décisions de la nouvelle Administration démocrate.
