Dans une ambiance électrique, marquée par des sons de trompettes et de vuvuzelas, le Bénin a assisté à un moment charnière de son histoire politique. Samedi dernier, dans le stade de Parakou, une foule immense s’est réunie pour célébrer l’investiture d’un homme qui incarne à la fois l’espoir de la jeunesse et la continuité d’une gouvernance prospère. Romuald Wadagni, ministre des Finances depuis près d’une décennie, a été officiellement désigné comme le candidat de la majorité pour l’élection présidentielle d’avril 2026. À 49 ans, il se présente comme le successeur naturel du président Patrice Talon, qui achèvera son second mandat. Mais qui est cet homme, et pourquoi son investiture suscite-t-elle autant d’enthousiasme ?
Un Candidat au Cœur de la Transformation du Bénin
Depuis son entrée au gouvernement en 2016, Romuald Wadagni s’est imposé comme une figure incontournable de la politique béninoise. En tant que ministre des Finances, il a orchestré une série de réformes économiques qui ont propulsé le Bénin parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique. Avec une croissance économique dépassant régulièrement les 6 % par an, le pays a su attirer l’attention des agences de notation internationales, qui saluent sa gestion rigoureuse et ses finances publiques assainies. Ce n’est donc pas un hasard si Wadagni est perçu comme l’architecte de cette réussite.
Son discours lors de l’investiture a résonné comme un appel à l’avenir. Devant des milliers de partisans, il a souligné les progrès réalisés sous la présidence de Patrice Talon : une démocratie renforcée, des institutions solides et une économie en plein essor. Pourtant, il a aussi reconnu que des défis subsistent. « Le chemin vers notre idéal reste long », a-t-il déclaré, marquant ainsi sa volonté de poursuivre les efforts tout en insufflant une nouvelle dynamique.
La Jeunesse, au Cœur de son Projet
L’un des messages les plus marquants de Wadagni concerne la jeunesse. Dans un pays où la population est majoritairement jeune, il a su capter l’attention en plaçant les nouvelles générations au centre de son projet. « Jeunes du Bénin, ayez confiance. L’avenir vous appartient », a-t-il proclamé, suscitant une vague d’enthousiasme parmi les militants. Cette déclaration n’est pas anodine : elle reflète une volonté de mobiliser une génération souvent en quête de perspectives.
Jeunes du Bénin, ayez confiance. La jeunesse est notre richesse, elle est notre force, elle est notre avenir.
Romuald Wadagni, discours d’investiture, Parakou
Pour de nombreux partisans, cette focalisation sur la jeunesse est une bouffée d’air frais. Louis Koukpémèdji, pharmacien et fervent supporter, résume l’état d’esprit : « Romuald Wadagni incarne l’unité et l’espoir pour la jeunesse. Il nous montre que c’est ensemble que nous réussirons. » Ce sentiment est partagé par Christelle Sègbèya Houdonougbo, une militante dans la quarantaine, qui voit en Wadagni une figure capable de porter les aspirations d’une nouvelle génération.
Une Coalition Solide pour 2026
Romuald Wadagni ne part pas seul dans cette aventure. Il sera soutenu par une coalition de quatre partis politiques, dont l’Union progressiste – le renouveau (UP-R), qui forme le socle de la majorité sortante. À ses côtés, la vice-présidente sortante, Mariam Chabi Talata, jouera un rôle clé en tant que co-listière. Cette alliance stratégique vise à consolider les forces de la majorité face à une opposition qui commence à s’organiser.
Le choix de Wadagni comme tête d’affiche n’est pas seulement une question de bilan économique. Il s’agit aussi d’une réponse à une demande croissante pour un leadership jeune et dynamique. À Parakou, les militants arboraient des pancartes proclamant « Je m’engage pour Row », le surnom affectueux du candidat. Certains portaient même des masques à son effigie, signe d’une popularité qui dépasse le cadre politique traditionnel.
Un Bilan Économique comme Atout Majeur
Le Bénin d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a dix ans. Sous la houlette de Wadagni, le pays a su se hisser parmi les économies les plus performantes du continent. Les finances publiques ont été redressées, les infrastructures modernisées, et les investisseurs internationaux regardent désormais le Bénin avec intérêt. Ces résultats concrets sont un argument de poids dans la campagne qui s’annonce.
| Indicateur | Avant 2016 | Depuis 2016 |
|---|---|---|
| Croissance économique | ~4 % | >6 % |
| Notations internationales | Limitée | Favorables |
| Finances publiques | Instables | Assainies |
Ce tableau illustre l’ampleur des transformations économiques. Pourtant, Wadagni insiste sur la nécessité de ne pas s’arrêter là. Il promet de nouvelles réformes pour soutenir l’entrepreneuriat, l’éducation et l’emploi, avec un accent particulier sur les opportunités pour les jeunes.
Face à l’Opposition : Un Duel Annoncé
Si la majorité mise sur Wadagni, l’opposition n’est pas en reste. Les Démocrates, principal parti d’opposition emmené par l’ancien président Yayi Boni, devraient bientôt dévoiler leur candidat pour l’élection du 12 avril 2026. De son côté, le parti des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) a déjà choisi Paul Hounkpè, un ancien ministre et universitaire respecté, pour porter ses couleurs.
Ce duel s’annonce comme un choc des visions. D’un côté, Wadagni représente la continuité d’une politique économique couronnée de succès, tout en promettant un renouveau porté par la jeunesse. De l’autre, l’opposition cherche à capitaliser sur le désir de changement d’une partie de la population, notamment ceux qui estiment que les bénéfices de la croissance ne sont pas assez partagés.
Pourquoi Wadagni Séduit-il ?
Le charisme de Wadagni, combiné à son bilan, fait de lui un candidat redoutable. Mais au-delà des chiffres, c’est sa capacité à parler à la jeunesse qui marque les esprits. Dans un continent où la moyenne d’âge est parmi les plus basses au monde, son discours résonne comme une promesse d’avenir. « C’est une question de génération », explique Christelle Sègbèya Houdonougbo, qui rêve d’un leader capable de traduire les aspirations des jeunes en actions concrètes.
À Parakou, l’ambiance festive du meeting traduit cet engouement. Les militants, vêtus de tee-shirts aux couleurs de la coalition, ont scandé des slogans en faveur de leur champion. Cette ferveur montre que Wadagni a réussi à créer un véritable mouvement, loin de l’image parfois austère des technocrates.
Les Défis à Venir
Malgré son bilan, Romuald Wadagni devra relever plusieurs défis. Le premier concerne l’inclusion : comment s’assurer que la croissance profite à tous, y compris aux populations rurales et aux plus démunis ? Le second touche à l’unité nationale, dans un contexte où l’opposition pourrait chercher à polariser le débat. Enfin, il devra convaincre les électeurs que son projet, bien que dans la continuité, apportera un vent de renouveau.
Pour y parvenir, Wadagni mise sur une campagne de proximité, avec des initiatives ciblées pour les jeunes, comme des programmes de formation et de soutien à l’entrepreneuriat. Sa co-listière, Mariam Chabi Talata, devrait également jouer un rôle clé pour rallier les électeurs, notamment dans les régions du nord.
Un Symbole pour l’Afrique
L’investiture de Wadagni dépasse les frontières du Bénin. Elle envoie un message fort à l’échelle du continent : celui d’une Afrique jeune, dynamique et ambitieuse. En plaçant la jeunesse au cœur de son projet, Wadagni incarne une nouvelle génération de leaders africains, capables de conjuguer rigueur économique et vision humaniste.
Alors que la campagne pour 2026 s’intensifie, une question demeure : Romuald Wadagni parviendra-t-il à transformer l’enthousiasme de Parakou en une victoire électorale ? Une chose est sûre : avec son charisme, son bilan et son message d’espoir, il a déjà marqué les esprits.
- Point fort : Un bilan économique solide, avec une croissance soutenue.
- Atout : Un discours centré sur la jeunesse, qui séduit une population majoritairement jeune.
- Défi : Convaincre que la croissance profite à tous les Béninois.
Le rendez-vous est pris pour avril 2026. D’ici là, le Bénin vibrera au rythme des débats, des promesses et des espoirs portés par un homme qui, à 49 ans, semble prêt à écrire une nouvelle page de l’histoire de son pays.
