Le Bélarus a annoncé mercredi avoir fait extrader du Vietnam et incarcérer un de ses ressortissants, accusé d’avoir combattu dans les rangs ukrainiens contre l’invasion russe. Cette affaire, révélée par des médias d’opposition, met en lumière les tensions persistantes au Bélarus, deux ans après le grand mouvement de contestation contre la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko.
Un ancien militaire bélarusse ramené de force à Minsk
Selon la télévision d’État bélarusse ONT, Vassili Veremeïtchik, né en 1990, a été extradé du Vietnam et ramené à l’aéroport de Minsk. Sur des images non datées, on le voit descendre d’un avion, mains liées, escorté par deux hommes aux visages floutés.
D’après un responsable des services de sécurité bélarusses (KGB), cité par ONT, Veremeïtchik a été “ramené au Bélarus” dans le cadre d’une “coopération internationale” sur une enquête criminelle. Le Vietnam aurait procédé à son arrestation le 13 novembre avant de l’extrader dès le lendemain, selon le journal d’opposition Nacha Niva.
D’opposant à volontaire anti-Kremlin
Ancien membre de l’armée bélarusse, Vassili Veremeïtchik avait pris part en 2020 aux manifestations massives dénonçant la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, le président bélarusse allié de Moscou. Après 10 jours de détention, il aurait décidé de quitter le pays pour s’installer en Ukraine.
En février 2022, au début de l’invasion russe, il s’était engagé comme volontaire dans le “régiment Kalinouski”, formé de Bélarusses souhaitant défendre l’Ukraine. Un choix qui lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi par les autorités de son pays natal.
Imbroglio autour d’une demande d’asile
Vassili Veremeïtchik aurait tenté, en vain, d’obtenir des papiers pour s’installer en Lituanie. Mais Vilnius lui aurait refusé, le considérant comme une “menace à la sécurité nationale” en raison de son passé dans l’armée bélarusse, ont indiqué des proches au journal Nacha Niva.
Le statut de réfugié politique lui a été refusé en raison des suspicions des services de sécurité.
– Un proche de Vassili Veremeïtchik cité par Nacha Niva.
L’homme se serait alors résolu à s’installer au Vietnam, avant d’être arrêté sur demande du Bélarus. Minsk n’a pas précisé quelles charges pénales pèsent exactement contre son ressortissant. La qualification des faits et le sort judiciaire de M. Veremeïtchik restent flous à ce stade.
Une affaire symptomatique des fractures bélarusses
Cet imbroglio illustre les divisions profondes qui traversent la société bélarusse, entre un pouvoir aligné sur Moscou et une frange de la population acquise à la cause ukrainienne. Depuis 2020 et la répression du mouvement contestataire, de nombreux opposants ont fui à l’étranger, notamment en Ukraine, en Pologne et dans les pays baltes.
Avec l’entrée en guerre de la Russie chez son voisin, le régime de Loukachenko se retrouve pris en étau. S’il apporte un soutien logistique à l’armée russe, il cherche aussi à étouffer les voix dissidentes sur son propre sol et à intimider les exilés. L’extradition express de Vassili Veremeïtchik depuis le Vietnam en est une nouvelle illustration.
